Photos, vidéos, montages, graphisme : Jérôme sait tout faire. Très proche de Karim Benzema, ce travailleur acharné et passionné fait partie du cercle fermé des photographes personnels de joueurs de foot. Associé chez Glabs Sport, une agence de communication 360° pour footballeurs, il a fait de sa discrétion et de sa polyvalence une force pour se faire un important réseau de joueurs de foot Entretien avec Meroje, cet individu qui a fait de son nom une structure de production photos et vidéos.
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Football Stories | Qui est le premier footballeur que tu as filmé ?
Merowe | C’est Karim Benzema. Je suis allé le voir pendant une préparation physique à Lyon juste après sa signature au Real Madrid.
Comment votre rencontre s’est-elle faite ?
C’est Yassine Hannachi qui nous a présentés. Aujourd’hui, c’est mon associé. C’est lui qui m’a repéré à l’époque où je tournais des clips de rap sur Lyon.
Tu connais Karim Benzema depuis 10 ans maintenant. Comment est-il dans la vie de tous les jours ?
Karim c’est le plus humble de tous, le plus sérieux et le plus travailleur. C’est quelqu’un de simple. Il ne refuse jamais une photo avec les supporters, et il fait le tour de la voiture pour saluer le voiturier. C’est ça Karim.
À ton avis, pourquoi Karim Benzema et les autres footballeurs avec qui tu collabores apprécient ton travail ?
Je pense qu’ils aiment le fait que je sois super discret. Je ne vais par leur donner d’instructions, je fais comme si je n’étais pas là. Karim va rentrer quelque part, j’essaye de le filmer sans le déranger, sans prendre de place. Et puis je suis polyvalent. À moi seul, je peux leur faire des photos, des vidéos avec montage et des retouches. Les joueurs aiment aussi l’aspect confidentiel. Généralement je dors chez eux, je les accompagne partout. Ils me disent quand ils ne veulent pas être filmés, et je pose l’appareil pour passer du temps avec eux. Je fais beaucoup de vidéos privées aussi : des repas de famille, l’anniversaire de leurs enfants, autant de contenus qui restent dans le cercle privé.
Comment as-tu réussi à te faire un réseau de footballeurs aussi important ?
C’est grâce à Karim. Il y a le bouche-à-oreille, mais surtout Instagram. Karim c’est une star, c’est 28 millions d’abonnés. Alors quand il m’identifie sur les photos, d’autres joueurs me contactent ensuite directement pour une collaboration. C’est grâce aussi aux conseils de mon ami Yassine et au soutien de ma famille.
“Pour une vidéo d’une minute, j’ai 1 h 30 de rushs.”
Raconte-nous le déroulement d’un tournage ?
La plupart du temps, je suis en déplacement et tout est pris en charge par le joueur. Je prends toujours le strict minimum, le juste milieu entre qualité et praticité : mon appareil photo, mon drone, un stabilisateur et mon ordinateur. Avec ça, je les accompagne partout. À l’exception de certaines vidéos, tout est fait sur le tas, rien n’est décidé en amont. Les joueurs savent ce que je fais et sont déjà séduits. Ils me font confiance. Après, c’est au cas par cas, mais en général je suis les joueurs partout : à la maison, à la salle de sport, dans la voiture, à l’entraînement. Je n’arrête pas de filmer, pour pouvoir ensuite sélectionner les meilleurs passages. En général, pour une vidéo d’une minute, j’ai 1 h 30 de rush. Ensuite, je mets entre 10 et 12 heures pour faire le montage.
Comment as-tu commencé la photo et la vidéo ?
J’ai fait une école de journalisme à Lyon. Je me suis acheté une caméra en prêt étudiant et en travaillant à côté des cours. Je passais mon temps libre à filmer. J’allais prendre des images pendant un concert, je tournais quelques clips. Je voulais toujours faire plus que ce qu’il fallait, pendant que les autres étudiants sortaient. On me dit que j’ai du talent, mais le plus gros leitmotiv, c’est le travail. Depuis 10 ans, je bosse sept jours sur sept.
“Une fois j’étais à Madrid avec Karim, je me suis retrouvé à la table de Sergio Ramos et de Marcelo”
Qu’est ce qui te plaît dans ton métier aujourd’hui ?
Les footballeurs me permettent de découvrir un autre monde. Une fois j’étais à Madrid avec Karim, et je me suis retrouvé à la table de Sergio Ramos et de Marcelo, qui connaissaient mon travail. Quand on va chez Nusr-Et, c’est directement Salt Bae qui vient à notre table. Le contact est facile, l’inaccessible est accessible. Je peux filmer Booba pendant son concert sans avoir besoin d’autorisations, on ne me demande rien. C’est une vie hors du commun. Après, je garde les pieds sur terre. Je suis cameraman, j’ai fait trois matches en DH, et je ne gagne pas 250 000 € par semaine. J’aime le contraste ! Dubaï, Los Angeles c’est sympa, mais le pays que j’ai le plus aimé c’est le Burkina Faso, ou j’avais tourné un court-métrage pour une association.
Tu as déjà fait beaucoup de déplacements pour filmer des joueurs ?
Oui. Je vais souvent à Madrid, et j’accompagne aussi certains footballeurs en vacances à Cannes ou à Los Angeles. J’ai filmé un boxeur au Japon, je suis parti en Roumanie pour photographier un ancien gardien du Real Madrid… C’est ce que j’aime dans ce que je fais : on peut m’appeler pour aller à Dubaï la veille pour le lendemain. Ça change tout le temps, il y a toujours du nouveau.
Penses-tu que la communication sur les réseaux sociaux a de l’importance chez un footballeur ?
Oui, on est dans l’ère des réseaux sociaux. Tout est instantané. Leur image publique dépend aussi de ça. Ce qui est aussi un inconvénient : il faut parfois que je réponde à une demande à 23 heures un dimanche pour modifier une photo.
Quel est le footballeur que tu aimerais avoir devant ton objectif ?
Il n’y a pas de footballeurs en particulier avec qui j’aimerais travailler. Mais à terme, faire un long-métrage tout en off et montrer les coulisses de leur vie, c’est un vrai projet. J’ai toujours été fasciné par les documentaires en immersion, sans préparation, pris sur le vif. Un peu comme Strip-Tease sur France 3 à l’époque. Une grande inspiration pour moi. J’aime observer : je pourrais me poser dans un bar et regarder les gens passer toute la journée.
Interview réalisée par Baptiste Durieux.