Au pays des vignobles, le vin sans alcool aura-t-il droit à son heure de gloire ?

Au pays des vignobles, le vin sans alcool aura-t-il droit à son heure de gloire ?

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© Kelsey Knight / Unsplash

"Ça a le goût du vin, l’odeur du vin… vous trinquez avec un bon verre de vin, vous faites quand même la fête, et ça accompagne un bon plat."

“Ce mouvement est là pour durer” : sans ou avec très peu d’alcool (moins de 0,5 %), les vins baptisés “no-low” commencent à trouver leur place dans les allées du salon professionnel Wine Paris & Vinexpo à Paris. Merlot, pinot noir, sauvignon ou encore chenin blanc… de nombreux visiteurs se pressent aux stands pour déguster ces célèbres cépages dans leur version no-low. Face à la tendance d’une consommation d’alcool plus modérée, le marché des boissons alcoolisées est aujourd’hui à la recherche de nouveaux débouchés commerciaux pour répondre aux attentes de certains consommateurs… et la filière viticole n’est pas épargnée.

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En 2022, les consommateurs réguliers de vin, c’est-à-dire ceux qui en boivent “tous les jours ou presque”, représentaient 11 % de la population, une part en baisse de cinq points par rapport à la précédente étude de 2015, d’après une enquête réalisée par Ipsos Observer pour FranceAgriMer et le Comité national des interprofessions des vins à appellation d’origine et à indication géographique (CNIV). Parallèlement, en 2023, 30 % des Français déclaraient consommer des boissons no-low, 45 % dans la tranche des 18-25 ans, selon un baromètre réalisé pour l’agence Sowine.

“Aujourd’hui, la consommation d’alcool baisse, et cette opportunité d’avoir des alternatives gustatives aux sodas devient nécessaire dans les établissements”, estime Dominique Laporte, meilleur sommelier de France 2004 et cofondateur de la société Le Petit Béret, qui propose notamment une gamme de vins non alcoolisés et faibles en calories. Pour attirer les consommateurs, différentes entreprises proposent ainsi de plus en plus d’options de qualité, aux cépages “soigneusement sélectionnés” et aux arômes subtils, loin du simple “jus de raisin”, dit Dorothée Barth, directrice de marque pour la start-up Moderato, spécialisée dans les vins sans ou avec peu d’alcool.

“Bond dans la qualité”

Selon elle, “le boom” des vins no-low est “vraiment arrivé ces six derniers mois”, en raison notamment d’“un bond dans la qualité”. “Ça a le goût du vin, l’odeur du vin… vous trinquez avec un bon verre de vin, vous faites quand même la fête, et ça accompagne un bon plat”, affirme Dorothée Barth. Même constat du côté de Dominique Laporte pour qui les vins sans alcool permettent de “garder la même expérience et d’amener les gens dans cet univers” du no-low.

Chez Moderato, pour la gamme peu alcoolisée (avec un pourcentage d’alcool inférieur à 0,5 %), “que ce soit sur notre site en ligne ou dans les cafés-hôtels-restaurants, la demande explose”, indique Dorothée Barth. Pour la cuvée sans alcool de la start-up, “on est passés de 183 magasins en GMS [grandes et moyennes surfaces, ndlr] l’année dernière à plus de 800 en six mois”, ajoute-t-elle.

Si certains puristes restent sceptiques face à ces nouveaux arrivants sur le marché, l’Allemand Marc Almert, élu meilleur sommelier du monde en 2019, estime que “ce mouvement est là pour durer”. “Nous ne sommes pas en concurrence avec les vins traditionnels mais avec les autres boissons, et nous sommes à la recherche de qualité et de produits authentiques”, a-t-il déclaré lors d’une master class sur les vins à faible teneur en alcool ou sans alcool, organisée dans le cadre du salon. La transformation de vin en bouteilles sans ou avec peu d’alcool pourrait par ailleurs se présenter comme une opportunité pour les viticulteurs dans les régions en surproduction, selon Dorothée Barth.