Visiter les plus beaux temples. Goûter un gyukatsu qui fond en bouche. Rugir avec le Godzilla de Shinjuku. Faire ses plus beaux TikTok au Shibuya Crossing. Ou chiner des figurines à des prix imbattables à Akihabara (ou passer une tête dans un maid cafe, au choix). Disons-le, les activités à Tokyo ne manquent pas, si bien que je n’en dormais pas de la nuit, de peur de louper quelque chose au cours de mon trop bref séjour. Mais au-delà du planning classique du touriste de base, j’ai voulu ajouter un peu de “spicy” en… visitant le musée du caca. Ouaip’, vous avez bien lu.
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Pour m’y rendre, direction Odaibai, une île artificielle assez excentrée connue pour sa plage, sa statue de la liberté, ses centres de loisirs et game centers… et son musée consacré aux selles, donc. En toute transparence, cette sortie en solitaire n’était pas forcément prévue, mais j’avais quelques heures à tuer avant un rendez-vous, et j’ai vu l’endroit passer sur mon feed Instagram. J’ai tout fait pour ne pas me spoiler. Je ne regrette pas. Le musée se trouve dans un centre commercial et avant toute chose, j’enfile un masque FFP2. Pour des raisons sanitaires, officiellement. Officieusement, je n’assume franchement pas d’être là, et préfère me sentir “cachée”. Après dix jours sur place, je commence à connaître les interactions forcées dans les musées japonais. Je suis sûre à 90% qu’on va me demander de dire ou faire quelque chose d’à la fois kawai et gênant. Je ne me trompais pas, mais j’y reviendrai. Je chope un billet, quasiment 17 euros tout de même, et j’attends dans une pièce avec deux adultes et des enfants. On nous précise plusieurs fois qu’il n’y a pas de vraies toilettes utilisables au sein du musée. Cette précision absurde (cela signifie-t-il qu’un visiteur a déjà déféqué à l’intérieur ?) donne le ton.
Une guide débarque et nous donne alors quelques précieuses consignes. Notamment de crier, le poing levé à la manière d’un superhéros ou d’Amel Bent, “unkoooooo“. Ce qui veut dire caca, tout simplement. Marrant : les enfants étaient surexcités au moment de la vidéo de présentation, chantant et dansant en rythme. Mais quand il faut hurler caca à plein poumon, il n’y a plus personnes. Une mère s’excuse pour eux. “Ils sont timides“. Moi aussi, je rougis sous mon masque, et ce n’est que le début. La deuxième pièce est une rangée de toilettes colorées. La guide nous demande de nous asseoir, et si on souhaite être pris en photo. Quoique, pour être très honnête, c’est faux. L’intéressée a pris mon téléphone avant même que je lui demande quoi que ce soit. Étrangement docile, je joue le jeu, et fais semblant d’être à l’aise avec cette situation totalement lunaire.
Le passage au trône obligatoire (Crédit Konbini)
Pire encore. On doit désormais faire semblant de pousser sur le trône pour obtenir une petite crotte en plastique, qui sert de sésame pour accéder à tout le reste du musée. C’est, facilement, dans le top 3 des moments les plus gênants de ma vie. Et je n’avais même pas compris qu’il s’agissait d’un souvenir avec lequel on pouvait repartir, mais ce n’est peut-être pas plus mal.
Le musée, lui, est bien plus classique. On retrouve tous les codes de l’expo instagrammable avec des pièces colorées faites pour prendre ses meilleurs clichés. Et c’est là où je vois que les Japonais sont très forts, à rendre quelque chose de certes naturel mais jugé tabou et immonde en un accessoire mignon et esthétique. Les crottes et toilettes sont partout, et décorées avec, j’ose le dire, du goût ! Au-delà de l’aspect contemplatif (ahem), c’est aussi assez interactif avec des bornes d’arcade, une piscine à boules (mais plutôt réservée aux gosses) et quelques salles immersives. Mention spéciale pour la sortie, sous forme de WC, où l’on doit carrément rentrer dans la lunette.
La sortie très élégante des toi… du musée du caca (Crédit Konbini)
Bon, est-ce que ça valait son prix ? Clairement pas, les salles se font très très rapidement (moins d’une demi-heure), on y apprend peu de choses mais si on est, sans mauvais jeu de mots, très pipi/caca, on se marre bien. Autrement, et malgré le côté “hors du commun” de l’expérience, je vous invite tout de même à passer votre chemin. Ou, comme le diraient probablement les gens du musée, de tirer la chasse d’eau.