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“C’est une vache très docile qui se prête bien au jeu des photos et des caméras” : Michel Van Simmertier, jeune éleveur d’Ovalie, une Salers née dans le Puy-de-Dôme, en terre de rugby, ne tarit pas d’éloges sur l’égérie du Salon de l’agriculture où elle arrive vendredi.
Ovalie doit son prénom à la passion de ses éleveurs, pour le ballon ovale : “Avec l’ASM, le rugby, c’était une évidence”, souligne Marine, 34 ans, l’épouse de Michel, en référence au club de Clermont-Ferrand. Âgée de cinq ans, la vache a été sélectionnée car elle possède toutes les qualités propres à la race Salers, dont le berceau est situé dans le Cantal, autour du petit village du même nom perché à 1 000 mètres d’altitude.
La France compte près de 220 000 vaches de cette race rustique, d’abord animal de traction et de production fromagère, capable de produire lait et viande. Ovalie a “de belles cornes en forme de lyre, le front large, le mufle gros, un bon dessus bien tendu avec un bon bassin et une belle mamelle car c’est une vache allaitante”, détaille Michel, 32 ans. Sans oublier une robe acajou impeccable, aux poils frisés.
Cerise sur le gâteau, la vache égérie du salon voyagera à Paris avec ses jumelles, Utopie et Utopia, nées en janvier. Très calme malgré les nombreuses sollicitations, la belle de 800 kg ne bronche pas lors des séances photo, et prend volontiers la pose, rompue à l’exercice. Brossée deux fois par jour, shampouinée chaque semaine, la génisse est bichonnée par ses éleveurs : “Nous lui mettons des protections sur les cornes pour qu’elle évite de se gratter et de s’arracher le poil avec ses cornes”, explique Marine.
Un choix de vie
Le couple a repris une ferme en 2018 à Saint-Alyre-ès-Montagne (Puy-de-Dôme), sur le plateau du Cézallier, à 1 100 mètres d’altitude. Ovalie est née la même année que leur installation : elle a déjà participé à des concours avec sa mère, Jonquille, et “on a très vite compris qu’on allait la garder. On a un peu nos favorites”, dit en souriant Michel, à la tête d’un troupeau de 150 bêtes, dont 80 mères allaitantes.
“On a mis un peu de temps à réaliser… Ovalie, c’est la star du Salon de l’agriculture 2023 et l’ambassadrice de la diversité de l’agriculture française, c’est une chance”, affirme son épouse. Les deux agriculteurs, tous deux passés par un lycée agricole, se sont installés hors cadre familial, c’est-à-dire sans aucun lien avec le milieu agricole, ce que ne manquent pas de mettre en avant les organisateurs du Salon.
“J’étais une fille de la nature, mais avant d’arriver au lycée, je n’avais jamais approché de vache ni de tracteur. Mes profs me demandaient si je ne m’étais pas trompée d’orientation !”, s’amuse Marine. Elle est née en Alsace, lui en Seine-et-Marne, avec toutefois des attaches dans le Cantal.
“C’est vraiment un choix de vie. Agriculteur, c’est un métier mais c’est aussi un mode de vie. Donc c’est gratifiant, mais c’est difficile, ce sont des sacrifices au quotidien, il faut être prêt à le faire par passion”, souligne la trentenaire. Au début, “il y a un investissement financier et un endettement très important et puis, on n’a pas de famille à côté donc on se retrouve seuls pour gérer la ferme et les enfants en bas âge, c’est toute une organisation !”, dit cette mère de deux enfants, Gabriel, trois ans et Léa, six ans.
L’avenir ? Alors que le nombre de vaches élevées en France est en baisse, “la conjoncture n’est pas très bonne, les prix ne sont pas très élevés, on a des charges qui explosent. Mais on espère continuer à sortir un revenu et vivre de notre métier et de notre production”, dit la jeune éleveuse. Leur but : “Pérenniser (leur) structure et transmettre quelque chose de viable à (leurs) enfants”.