Défi logistique “immense” et grande attente au pays dont la gastronomie figure au patrimoine culturel de l’Unesco : le groupe Sodexo, chargé de restaurer les 15 000 athlètes au village olympique pendant les JO 2024 à Paris, affûte ses couteaux et peaufine quelque 500 recettes. Le groupe, via sa filiale Sodexo Live! déjà rodée à la restauration de grands évènements sportifs (Super Bowl, Roland-Garros, Tour de France), va en effet fournir 40 000 prestations par jour au village des athlètes situé à Saint-Denis, durant deux mois à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques.
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Au total, 6 000 collaborateurs — dont 15 % éloignés de l’emploi ou issus des zones prioritaires — seront mobilisés pour nourrir aussi les spectateurs, les volontaires, les sponsors et les médias, a expliqué Nathalie Bellon-Szabo, directrice générale de Sodexo Live!, mardi lors d’une conférence de presse. En plus de l’emblématique village olympique, 14 sites olympiques en France (Versailles, Marseille, Lyon, Arena Champs de Mars, Invalides, etc.) sur 41 et 8 sites paralympiques sur 20 sont également approvisionnés par Sodexo.
“500 recettes”
Les organisateurs des JO avaient déjà annoncé la couleur il y a un an : il y aura deux fois plus de végétal qu’habituellement et plus de local dans les assiettes. Sur les 13 millions de repas consommés au total lors des événements, allant de l’en-cas au plat signé d’un grand chef, l’objectif est d’avoir 80 % de produits français. Il s’agit d’un “défi logistique immense”, a souligné Philipp Würz, responsable restauration au comité d’organisation des JO. Éviter les files d’attente, fournir une alimentation riche et variée, de qualité, dont un quart viendra de “moins de 250 km” de chaque site, représente un défi.
“On est habitués à gérer ce type d’événements mais pas sur une telle durée”, a expliqué Stéphane Chicheri, chef exécutif de Sodexo Live!, ce qui demande “une grosse mobilisation”. Il faudra toutefois rester souple et “adapter” l’offre aux éventuels aléas de production et flambées de prix de certaines denrées, glisse à l’AFP Maxime Jacob, chef de projet alimentation au comité d’organisation.
“3 millions de bananes”
Les athlètes auront le choix entre “500 recettes” en cours d’élaboration pour la fin 2023. Il sera difficile de faire du 100 % local : “Les athlètes vont consommer environ 3 millions de bananes, cela ne pousse pas en Île-de-France !”, pas plus que les fruits exotiques et le riz, qui seront en revanche “certifiés bio ou équitable”, a précisé M. Würz. La viande et les produits laitiers seront 100 % français, et les poissons issus de la pêche durable.
Les recettes ont été élaborées en consultant des athlètes et des nutritionnistes, dont la médaillée olympique et nutritionniste Hélène Defrance. “Il n’y a pas de menu précis” car il faut s’adapter aux habitudes de chacun : certains ont une alimentation “très fine”, d’autres mangent “moins équilibré et ont besoin de pizzas et de pâtes”, a-t-elle dit.
Pendant leur séjour au village, les athlètes pourront aussi goûter au meilleur de la gastronomie française avec des créations de trois chefs français, dans un espace dédié, annexe au restaurant olympique principal. Parmi elles, la pintade aux langoustines, sauce poulette avec gnocchis signée par la cheffe Amandine Chaignot, un “mueslinoa” — muesli de quinoa croustillant — du chef Akrame Benallal, ou encore une “pommade de pois chiche herbacés” signé d’Alexandre Mazzia.
Le restaurant principal du village olympique, installé dans la nef de la Cité du cinéma, comprendra 3 600 places assises, et offrira des plats asiatiques, français, halal, et de la cuisine du monde, a précisé Maxime Jacob. Afin de répondre à l’objectif de Jeux durables voulus par les organisateurs, des fontaines à eau seront installées pour réduire l’utilisation du plastique et les équipements (fours, planchas, etc.) ainsi qu’assiettes et couverts, seront réutilisés après les JO. L’objectif est de diviser par deux l’empreinte carbone des repas.