L’écosystème YouTube est un environnement complexe dans lequel les ayants droit s’assurent que leurs contenus ne sont pas utilisés sans qu’ils aient leur mot à dire. Le Digital Millennium Copyright Act (DMCA) est la législation américaine de référence sur cette question du droit d’auteur et cette loi est aussi utilisée chez nous, sur le YouTube français.
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C’est surtout avec les musiques que les créateurs de contenu enfreignent le plus souvent le droit d’auteur ; ils reçoivent alors divers avertissements et se font souvent démonétiser leurs vidéos. Dans le jargon YouTube, on parle de “strike”, voire de s’être “fait DMCA”, et en cas de récidives (souvent trois), cela peut aller jusqu’à la fermeture de la chaîne YouTube. Ce qui explique l’usage exacerbé des (mêmes) musiques libres de droits sur vos vidéos YouTube préférées.
De très étranges “strikes” sur YouTube
Mais l’histoire de Dominik Neumayer, créateur de contenu allemand sur sa chaîne YouTube Domtendo (1,6 million d’abonnés), est pour le moins singulière. Le youtubeur gaming allemand explique ainsi à The Verge que tout a commencé lorsque plusieurs vidéos, liées au jeu The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom, ont été supprimées de sa chaîne.
Domtendo avait en effet reçu deux “strikes”, deux avertissements en vertu du DMCA. Or le troisième aurait valu la suppression de sa chaîne YouTube vieille de 15 ans. Le youtubeur est d’autant plus surpris que les “strikes” de copyright sur YouTube n’ont quasiment jamais concerné les contenus vidéoludiques mais principalement les musiques. Notamment parce que voir un extrait de jeu vidéo n’équivaut en rien au fait d’y jouer et constitue même une forme de publicité gratuite pour les éditeurs de jeux vidéo, qui n’y voient pas d’inconvénient.
Même chez Nintendo, pourtant connue pour farouchement protéger ses propriétés intellectuelles, le DMCA sur YouTube n’est pas tellement d’usage. On en veut pour preuve les milliers de youtubeurs qui utilisent, sans inquiétude, des musiques des OST de The Legend of Zelda pour accompagner leurs vidéos.
Un faux avocat bien renseigné
Craignant la fermeture de sa chaîne et ne sachant plus trop quoi faire, Neumayer a examiné attentivement les demandes de retrait DMCA qu’il avait reçues. Il explique à The Verge que les demandes étaient signées “Tatsumi Masaaki, département juridique de Nintendo, Nintendo of America”, mais qu’elles provenaient étrangement d’une adresse personnelle : “tatsumi-masaaki@protonmail.com”.
Neumayer a donc commencé à interroger ledit Masaaki, ce qui lui a même valu une brève réintégration de ses vidéos supprimées. Sauf que le prétendu service juridique de Nintendo a commencé à intensifier ses exigences pour intimider le créateur de contenu. D’autant que dans ses recherches, Neumayer avait trouvé qu’un avocat spécialiste en copyright travaillant pour Nintendo portait effectivement le nom de Tatsumi Masaaki.
Au final, Neumayer a contacté directement Nintendo, qui lui a affirmé que l’adresse mail utilisée n’appartenait pas à l’entreprise et que les demandes invoquées par ce faussaire “ne correspondaient pas aux pratiques d’application de la loi par Nintendo of America Inc.”. L’entreprise a promis de mener l’enquête alors que Neumayer continuait de recevoir des demandes de la part de ce faux avocat. Finalement, l’arnaqueur a fini par arrêter ses demandes et par “retirer ses revendications précédentes”.
Néanmoins, il aurait continué d’envoyer des mails de revendications en utilisant un système permettant d’usurper son adresse mail pour faire croire qu’il travaillait chez Nintendo.
Neumayer ne serait pas le seul à s’être fait “troller” par ce faux Tatsumi. Le youtubeur allemand et d’autres de ses confrères demandent ainsi à YouTube de mettre à jour sa politique de contrôle du droit d’auteur et de soutenir les créateurs qui subiraient des abus similaires.