“J’avais même acheté un chapeau français”, renifle la touriste californienne dans sa vidéo publiée sur son compte TikTok dédié à ses voyages. Assise près des quais du Rhône, la jeune femme détaille en deux minutes ses déceptions françaises. Bien que soulignant la beauté de Lyon (“La ville est très belle, il y a beaucoup à voir et à faire et à découvrir”), elle avertit les internautes :
À voir aussi sur Konbini
“Je ne recommanderais pas [cette ville] pour les personnes qui voyagent en solo ou qui ne parlent pas français, on se sent vite isolés. Les gens sont assez indifférents ici. Je n’ai jamais eu de mal à sociabiliser en Italie ou même en Allemagne, où les gens sont plus froids, mais je n’ai jamais rencontré de problèmes parce que je suis très sociable. Mais c’est très différent en France. Je me sens très seule. Les gens nous font nous sentir mal parce qu’on ne connaît pas leur culture ou parce qu’on ne parle pas français. Je n’ai rencontré personne, je suis ici depuis cinq, six jours maintenant. Je me sens presque bête d’être venue ici dépenser mon argent, j’ai même acheté un chapeau français. Je suis là pour apprendre, pour explorer, mais l’expérience est… Je ne sais pas. Je n’aime pas vraiment ça.”
@realphdfoodie Solo traveling in France is such an isolating experience. Do not recommend for solo travelers and people who do not speak French. #france #lyon #lyonfrance🇫🇷 #lyonfrance #solotraveler #solofemaletraveler #solotravelwoman #frenchculture #frenchcultureshock #fyp #fypシ ♬ original sound - RealPhDFoodie
Comptabilisant, à date, 4,6 millions de vues, la vidéo a attiré de nombreuses discussions concernant l’image de la France, entre mauvaise foi et analyses des différences culturelles (sans compter les tacles pris par la ville de Lyon). Pour certain·e·s, il est tout bonnement impossible de rencontrer des gens en voyage solo, qu’importe le pays ; tandis que d’autres soulignent à quel point les Français·es sont bien plus difficiles d’accès que d’autres populations.
La section commentaires des dernières vidéos de la touriste, où on la voit en partance pour Zurich, est truffée de Français·es en quête de réhabilitation : “Lyon est la deuxième ville [de] France et j’espère que vous allez revenir, vous êtes la bienvenue” ; “Très bon choix, le pâté en croûte ! Au plaisir de vous voir un jour de nouveau à Lyon !” ; “J’espère que malgré tout, vous avez pu visiter la ville !! Si je peux vous donner un conseil : revenez en été il y a plus à faire et la ville rayonne”. Bel effort, quoique tardif : les Suisses ont déjà pris le relais pour accueillir la jeune femme à bras ouverts (“Bienvenue en Suisse le plus beau pays et le plus tolérant. Vous allez adorer la Suisse” ; “Dites-moi si vous venez à Genève, je peux vous apporter des spécialités locales !!!!”).
Syndrome de Paris
Plus qu’une anecdotique publication virale, la vidéo donne à voir un exemple du “syndrome de Paris”, un phénomène décrit par le psychiatre japonais Hiroaki Ōta dans les années 1980. Le médecin exerçait alors au centre hospitalier parisien de Sainte-Anne, où il recevait nombre de touristes troublé·e·s par leur voyage parisien. La plupart de ses patient·e·s étaient japonais·es, puisque le pays connaissait alors une “bulle financière” qui leur permettait de voyager en Europe, note Geo. Les écarts entre les attentes des voyageur·se·s et la réalité étaient tels qu’ils se répercutaient sur les plans physiques et psychiques des patient·e·s.
Hiroaki Ōta rapportait principalement des problèmes de “comportements antisociaux”, d’angoisse, d’hallucinations, voire de “désir de mort”, énumère l’association Françoise et Eugène Minkowski, spécialisée dans “la santé mentale des migrants”. On associe le syndrome de Paris à la désillusion vécue par les touristes qui ne retrouvent pas dans la capitale française leurs attentes, qu’il s’agisse des excentricités d’Amélie Poulain ou des joliesses d’Emily in Paris. À l’ère des réseaux sociaux, ces déceptions voyagent plus facilement qu’il y a 40 ans et, comme dirait X/Twitter, à quelques mois des Jeux olympiques, ça ne sent pas très bon.