Alors qu’une pétition lancée au Japon réunissant près de 100 000 signatures dénonce la présentation d’un personnage noir comme samouraï dans le prochain jeu Assassin’s Creed d’Ubisoft se déroulant dans le Japon féodal, les développeurs ont défendu mardi leur “liberté créative”, dans un message sur X/Twitter.
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“Depuis ses débuts, la série a pris des licences créatives et incorporé des éléments fantastiques pour créer des expériences attrayantes et immersives. La représentation de Yasuke dans notre jeu en est une illustration”, a indiqué l’équipe du jeu dans un message publié en anglais et en japonais sur son compte officiel.
Attendu le 15 novembre sur PC et consoles, Assassin’s Creed Shadows permet au joueur d’incarner deux héros : Naoe, une assassin, et Yasuke, un samouraï noir présenté comme une figure historique du XVIe siècle, arrivé au Japon après avoir été enlevé par des trafiquants d’esclaves portugais sur la côte est de l’Afrique.
Lancée au Japon le 19 juin, soit près d’un mois après la première bande-annonce révélant la présence de ce personnage, une pétition dénonçant “un grave problème d’exactitude historique et de manque de respect culturel” affichait mardi à la mi-journée environ 95 000 signataires.
S’il ne semble pas remettre en cause l’existence de cette figure historique ni sa couleur de peau, l’auteur accuse Ubisoft d’erreurs factuelles et de “grave insulte à la culture et à l’histoire japonaise, qui peut être assimilée à du racisme” envers les Asiatiques, dénonçant le fait que selon lui, Yasuke n’aurait jamais eu le titre de samouraï. Il appelle l’éditeur français à arrêter le lancement du jeu et à “faire preuve de sérieux et de respect” pour l’histoire japonaise.
“Bien que Yasuke soit représenté comme un samouraï dans Shadows, nous avons conscience qu’il s’agit d’un sujet de débat et de discussion”, ont répondu les développeurs du jeu.
Interrogé en mars par l’AFP, alors que des fausses photos de ce personnage circulaient déjà, Julien Peltier, auteur spécialiste de la figure du samouraï, rappelait que “bien qu’il soit fascinant et qu’on aimerait en savoir beaucoup plus sur lui, on n’en sait pas grand-chose et c’est prétexte à tous les fantasmes”. “Notre intention n’a jamais été de présenter nos jeux […] comme des représentations factuelles de l’Histoire ou de personnages historiques,” s’est défendu l’équipe du jeu, soulignant qu’ils souhaitaient avant tout “susciter la curiosité” des joueurs et les encourager “à en apprendre davantage sur les contextes historiques”.
Ils appellent en outre les fans “à ne pas diriger leurs critiques vers [leurs] collaborateurs, internes comme externes”, la série ayant pour habitude de travailler avec des historiens pour recréer virtuellement les différentes périodes historiques présentées dans les jeux, qui vont de l’Égypte ancienne à la Renaissance.