Cet article a d’abord été publié dans notre newsletter Fast Forward le 13 avril 2023.
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“Capteur de soif ?”, “Mais nous, on parle plus d’avoir la dalle ! Piège à dalleux ?”, “Un amuse-bouche, finalement”. Difficile, vous nous l’accorderez, malgré l’expertise ès photos déclencheuses d’émoji flamme de ma collègue journaliste spécialisée dans l’art Lise Lanot, de trouver la parfaite traduction de “thirst trap”. Le “thirst trap”, ce “piège à soif”, c’est cette photo postée sur les réseaux sociaux pour attiser le désir et la validation, de son/ses crush(es). Mais cette photo, ce n’est plus le selfie miroir de salle de bains ultra-préparé, digne héritier de l’era Myspace version duck face. Et ce n’est plus non plus un cliché ultra-sexualisé à l’heure des culs et abdos à tout-va sur nos fils Insta.
Dans un long article de Buzzfeed titré “We’re in the age of intimacy trap”, la journaliste Steffi Cao expose les nouveaux codes de l’hameçon à likes. Dans la veine d’une réalité fantasmée à base de flashes et d’esthétique lo-fi, la Gen Z, ceux qu’on appelle parfois “puriteens” – à tort, on ne serait pas loin du mythe, si on en croit Slate – savent jouer de créativité et, on peut le dire, d’une forme de poésie quand il en vient à faire naître le désir à coups de selfies sur le feed.
Caché dans un photo dump au beau milieu d’un carrousel, l’ombre d’un selfie se transforme en Easter egg subtil, inséré dans le scénario toujours scripté de nos présences sur les réseaux sociaux, mais toujours plus proche d’une forme de réalité. Un flou qu’on accepte ce coup-ci, pour une fois que l’Internet semble jouer, a minima, la carte du romantisme.