Il y a un an, Google Chrome lançait Manifest V3, nouveau cahier des charges pour développer des extensions (add-ons) sur le navigateur. Ces nouvelles règles ont été très mal reçues à l’époque par les développeurs du monde entier car elles auraient pu menacer l’existence d’extensions extrêmement utilisées par les internautes, comme évidemment… les bloqueurs de publicités — ou ad blockers.
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Un an plus tard, Google Chrome réitère et relance le calendrier de lancement de Manifest V3 comme expliqué dans son billet de blog officiel. Malgré quelques modifications mineures par rapport à la version de 2022, le Manifest V3 devrait menacer durement certaines extensions populaires comme les bloqueurs de publicités.
“Les extensions Manifest V2 [seront] automatiquement désactivées dans leur navigateur, on ne pourra plus installer les extensions Manifest V2 à partir du Chrome Web Store.”
Un argumentaire (encore) douteux
L’argumentaire de Google pour soutenir Manifest V3 est qu’en limitant les extensions, le navigateur peut être plus léger en ressources. La firme insiste aussi sur sa politique de protection de la vie privée face à des extensions qui pourraient utiliser vos données personnelles. De son côté, l’Electronic Frontier Foundation (EFF) a qualifié Manifest V3 de “trompeuse et menaçante” doutant que qu’elle puisse faire “grand-chose pour la sécurité”.
Côté mémoire allouée aux extensions actuelles, notons qu’un bloqueur de publicité comme uBlock demande 80 Mo, ce qui est faible. À titre de comparaison, un onglet Google Chat demande 1,5 Go de mémoire vive comme le note justement Ars Technica.
Bloqueurs bloqués ?
Avec Manifest V3, Google ajoute une limite au nombre de “règles” qu’une extension de filtrage peut inclure. Cela concerne évidemment les bloqueurs de publicités qui filtrent les publicités lorsqu’on navigue sur Internet. Il y a un an, Google avait décidé d’une limite de 5 000 règles, le nouveau Manifest V3 serait plus généreux avec 30 000 règles. Si cela paraît beaucoup, sachez qu’une extension comme uBlock Origin propose, de base, 300 000 règles de filtrage.
En l’état actuel de Manifest V3, les bloqueurs de publicités ne pourraient donc plus exister à partir de juin 2024, date à laquelle Google souhaite implémenter son nouveau système d’extension. Le navigateur propose évidemment son propre système de filtrage Chrome, mais ce dernier ne bloque que des pubs que Google jugerait intrusives — et non des listes de blocage alimentées par la communauté et des développeurs indépendants.
De son côté, le navigateur Mozilla Firefox a assuré que s’ils implémentaient le système Manifest V3, ils ne mettraient pas de limite de “règles”, garantissant l’existence des ad blockers.