Récemment, des personnalités telles qu’Elon Musk se sont engouffrées corps, âme et portefeuille dans le juteux marché de la cryptomonnaie. La plus connue, le bitcoin, a explosé tous les pronostics, ayant multiplié par huit sa valeur en un an. On estimerait ainsi que sa capitalisation boursière aurait dépassé les 2 000 milliards de dollars.
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Malheureusement, les cryptomonnaies ne sont pas aussi immatérielles qu’on pourrait le penser car le “minage” de ces monnaies virtuelles a des conséquences bien réelles sur le monde physique. Une récente étude publiée cette semaine dans Nature Communications révèle ainsi que la consommation d’énergie que demande le bitcoin pourrait mettre à mal tous les efforts de lutte contre le réchauffement climatique, notamment en Chine.
L’empire du Milieu concentrerait en effet 75 % des opérations de blockchain destinées à sécuriser et tout simplement faire fonctionner les transactions en bitcoins. Derrière ces opérations, on retrouve des entreprises de “minage” qui se chargent de confirmer et sécuriser les transactions en cryptomonnaie, se servant au passage.
Dans les faits, ce sont de véritables usines à minage de crypto qui sont apparues dans le paysage chinois : des immenses salles de serveurs et processeurs qui fonctionnent à plein régime, sans relâche, pour gérer le flux toujours plus important de transactions en bitcoins. Tandis que le cours s’envole, la demande en bitcoins augmente également et les algorithmes chargés de confirmer les transactions demandent une puissance de calcul absolument gigantesque qui donc consomment et donc polluent.
L’étude explique que ces opérations pourraient, d’ici 2024, consommer presque 297 Twh d’électricité, soit l’équivalent de l’intégralité de la consommation d’énergie d’un pays comme l’Italie. En termes d’émissions de gaz à effet de serre, c’est 130 millions de tonnes métriques qui pourraient être générées, au-dessus des émissions de gaz à effet de serre totales d’un pays comme l’Espagne.
La Chine est devenue depuis plusieurs années l’eldorado des mineurs de crypto car elle propose une énergie peu chère ainsi qu’une réglementation assez souple. Son électricité est aussi l’une des plus carbonées, provenant essentiellement d’usines à charbon. La Chine est le premier pays pollueur générant plus de 28 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre – même s’il passe deuxième derrière les États-Unis lorsque l’on rapporte au nombre d’habitants.
Rappelons que dans le cadre des engagements de l’accord de Paris de 2014, le gouvernement chinois s’est engagé à atteindre son pic d’émissions en 2030. Plus récemment, le président Xi Jinping a promis que la Chine deviendrait neutre en carbone d’ici 2060. Reprenant ces annonces, les chercheurs de l’étude expliquent que le minage de bitcoins n’a aucunement été répertorié dans les différentes “feuilles de route” publiées par le gouvernement chinois et déclarent ainsi :
“Sans intervention appropriée, l’opération intensive de bitcoins en Chine pourrait rapidement devenir une menace pouvant potentiellement saper les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre en cours dans le pays.”
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