J’ai été aux Championnats du Monde de Pokémon, en n’y connaissant rien, et je suis addict maintenant

J’ai été aux Championnats du Monde de Pokémon, en n’y connaissant rien, et je suis addict maintenant

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(© Konbini)

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Par Arthur Cios

Publié le

Après une immersion dans ce monde compétitif inconnu, je suis à peu près persuadé que je pourrais moi aussi devenir champion (non).

Il y a fan, et fan.

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Depuis 1999 et mes cinq ans, j’ai joué et terminé tous les jeux Pokémon. J’ai complété plusieurs fois le pokédex, pas systématiquement, mais tout de même. J’ai collectionné les cartes dans mon enfance à un niveau plus que respectable — avec le fameux Dracaufeu brillant 120 PV, qui était mon graal. J’ai vu les cinq premières saisons de la série animée en boucle. Il m’est arrivé d’en revoir des années plus tard, par nostalgie mais surtout par plaisir. Avec des amis, on s’est fait le Pokérap en karaoké à plus d’une reprise quand la soirée passait une certaine heure. Si je dois être honnête, huit ans après son lancement, je continue à jouer quotidiennement à Pokémon Go.

Bref, c’est une franchise que j’aime sincèrement, qui a été fondatrice dans ma jeunesse et qui me suit encore aujourd’hui. Je me pensais fan, honnêtement et sans honte.

Que nenni.

Invité par la Pokémon Company à assister au World Championships de Pokémon à Honolulu, j’ai passé trois jours à constater que j’étais un petit joueur. Pas tant parce que je n’avais pas une chemise Ronflex différente chaque jour, mais parce que j’ai pris conscience de l’ampleur de ce que cette marque couvre, et que j’étais largué. De bout en bout. J’ai été tout simplement happé par toutes les compétitions diverses et variés.

Vous n’êtes jamais allé aux Championnats du Monde de Pokémon ? Laissez-moi vous inviter.

Un évènement gigantesque

Tous les ans depuis 2004, au mois d’août, les fans de Pokémon se réunissent dans un grand évènement compétitif. Sauf qu’à l’époque, il n’y a qu’une compétition sur trois tranches d’âge, et pas plus de 132 joueurs — à titre de comparaison, celle de cette année avait près de 2 000 compétiteur·rice·s rien que sur la compétition de carte, pas loin de 1 000 sur les jeux Scarlett et Violet, plus de 200 sur Pokémon Go et 168 sur Unite. C’est dire le chemin parcouru, donc.

20 ans tout pile plus tard, nous voilà à cette compétition colossale. Ici, ce n’est pas que le Hawai’i Convention Center d’Honolulu qui arbore les couleurs de Pikachu. Toutes les boutiques aux alentours et complexes hôteliers jouent le jeu pour un tel évènement, d’autant plus que l’île en reçoit peu — même si c’est la troisième fois que la Pokémon Company pose ses valises ici, pile entre les États-Unis et le Japon. Il faut dire que Pokémon met toujours les petits plats dans les grands.

Au fil du temps, cet évènement est devenu un moment majeur dans le calendrier de Pokémon. Pas tant parce qu’il rassemble des milliers et des milliers de personnes venues du monde entier (on parle de plus 3 000 compétiteurs venant de 53 pays et régions différentes, et plus de 8 000 spectateurs).

Les World Championships sont suivis dans le monde entier. Le stream sur YouTube a rarement eu moins de 40 000 personnes en direct, alors même qu’ici, le décalage horaire est gargantuesque avec une bonne partie du globe. Au point où la cérémonie de clôture est devenue une mini-conférence annonçant l’avenir des jeux — ici, on aura eu des teasers pour Pokémon Go, plus d’informations sur le jeu mobile à venir le 30 octobre prochain Trading Card Mobile, l’annonce de trois nouveaux Pokémon sur Unite, et plus encore.

Un évènement sportif avant tout

Si l’on veut être plus précis, ces annonces concernent surtout l’avenir des jeux liés à la compétition e-sport, car ces derniers sont le point d’orgue des Championnats. En effet, toutes les personnes ici sont plus que de simples fans du jeu comme moi, tout le monde exaltait, criait ou désespérait devant chaque match. Plus qu’un immense événement Pokémon, c’est, et ça reste avant tout, les Championnats du Monde des diverses compétitions.

L’avantage et la beauté de ces fans en questions, c’est qu’ils partagent leur passion. C’est ainsi qu’il m’a fallu à peine deux ou trois matches pour comprendre les enjeux de stratégie de Pokémon Go — la compétition la plus simple à suivre. Trois Pokémon à moins de 1 500 points de combats, des attaques simples et des attaques chargées, seulement deux boucliers pour les stopper sur toute la partie (!), et une gestion du timing, de la stratégie en connaissant ce que va produire l’attaque de l’autre sur son Pokémon, et c’est plié.

C’était la partie la plus simple de ces Championnats en ce qui me concerne, puisque je joue encore quotidiennement à Pokémon Go, et que je connaissais la mécanique des combats. Je pensais que ça allait être aussi simple pour les VGC, Video Game Competition, qui sont sur Scarlett et Violet.

Techniquement, ce sont des combats en duo, deux contre deux, dans une équipe de six. Jusque-là, rien de bien sorcier. C’était sans compter le fait que je ne connaissais pas tous les talents, les pouvoirs, les objets et leurs effets, ou même certaines attaques. Après, on se laisse border, et on comprend malgré tout ce qui se passe sans trop de difficulté.

Je reconnais volontiers qu’étant passé à côté de l’effet League of Legends, les jeux d’arène en ligne me paument complètement et que je n’ai pas réussi à savourer les victoires sur Unite comme le public. À vrai dire, je n’ai pas vraiment essayé, car mon plus grand défi était ailleurs.

Le nerf de la guerre : les cartes

J’étais parti en me disant que je voulais vraiment saisir ce monde à part du TCG, Trading Card Games. La mission n’est qu’à moitié réussie.

Disons qu’il a fallu plusieurs explications de plusieurs experts (une arbitre, un père d’un compétiteur que je salue au passage, et un confrère qui a fait le trajet jusqu’à Honolulu avec nous), pour appréhender ce monstre de jeu compétitif.

Déjà, le b.a.-ba : c’est un match entre deux personnes, chacun ayant un deck de 40 ou 60 cartes, qui ne bougent pas de toute la compétition. OK. L’idée est de récupérer des cartes “prizes”, placées sur le côté, retourné. Comment choper ces six cartes ? Vous pourrez en récupérer une que quand vous aurez mis K.-O. un Pokémon de l’équipe adverse. Vous pouvez à chaque tour, en fonction des cartes tirées ou des actions possibles, attaquer l’autre, ou préparer son attaque. En gros.

Le problème, c’est que ça, c’est juste les règles de base, auxquelles vient s’ajouter une tétrachiée de subtilités indescriptibles. Certaines cartes permettent d’avoir deux cartes prizes en cas de K.-O. au lieu d’une. D’autres annihilent les pouvoirs de certaines cartes. D’autres empêchent la carte précédente d’être active…

La réalité, c’est qu’à moins de connaître toutes les cartes et d’avoir une vision très claire du jeu, c’est impossible de savourer réellement une partie. Alors on se prend à observer les joueurs, les voir réfléchir à quatre coups d’avance comme aux éventuels échecs, à calculer le nombre de cartes restantes pour faire de la probabilité sur ce qui va suivre comme au tarot ou d’autres jeux similaires.

Est-ce que j’ai tout compris ? Non.

Est-ce que j’ai envie de m’y mettre ? À fond.

Reste plus qu’à scruter toutes les compétitions, analyser les decks, apprendre par cœur le pouvoir de chaque carte, et investir. Puis surtout, même si elles ne sont pas compatibles avec le monde compétitif actuel car trop vieille, de retrouver mon vieux deck d’enfance, où je collectionnais des créatures que j’aimais sans imaginer que des décennies plus tard, je regarderais avec attention des Championnats du Monde au beau milieu de l’océan Pacifique.

Au final, je suis peut-être moins fan que d’autres, mais c’était sans doute qu’une question de temps.