Quel est le point commun entre Jeremy Allen White, Josh O’Connor, Barry Keoghan ou notre bon vieux Timothée Chalamet ? Oui, ce sont les boyfriends d’Internet du moment, mais pas que : ce sont des “rat boyfriends” ou “hot rodent boyfriends” selon nombre de médias d’outre-Atlantique. Comprenez par là, pour ceux qui n’ont pas assez saigné leurs séries en VO, qu’ils ont des têtes de rongeurs mais que ce n’est pas tant un défaut, au contraire, cela ne les rendrait que plus sexy !
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Les médias The Guardian et Today explicitent la théorie. Le terme “rongeur” n’est ici pas à connotation péjorative, il s’agit surtout d’une association avec des traits physiques fins et anguleux qui font penser à une souris ou à un bon gros rat des familles. Si vous avez vu le film Challengers de Luca Guadagnino, vous n’avez d’ailleurs pas pu vous empêcher de voir (et mieux comprendre) par la suite tous les mèmes/edits comparant les deux rôles masculins, à savoir Josh O’Connor donc et Mike Faist, à… Stuart Little et Roddy de Souris City.
Encore une fois, pas de body shaming puisque les médias saluent ce nouveau type de beauté, à l’opposé des habituels standards proposés par les frères Hemsworth, pour ne citer qu’eux, plus proches des canons hollywoodiens habituellement imposés sur nos écrans. Alors ciao les “goldens retrievers”, comme dirait Dazed, trop lisses, trop parfaits. Est également citée une absence de toxicité masculine dans l’apparence qui ferait du bien, apportant comme une certaine fraîcheur.
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Encore une fois, le film Challengers est plutôt un bon exemple : les deux acteurs sont musclés, certes, mais ne dégoulinent pas d’abdos à la manière d’un héros made in Marvel. Ils sont mutins et espiègles (surtout Josh O’Connor) comme le sont rarement des rôles masculins, surtout pour des sportifs habituellement vus comme des caricatures de “mâles alpha”, et n’hésitent pas à se mettre dans des postures exagérément phalliques, comme lors de la fameuse scène de la dégustation de churros, sans pour autant questionner leur virilité.
Raconté comme ça, on se dit que cette trend est plutôt positive car très inclusive et désireuse de mettre en avant des physiques dits différents, toutes proportions gardées. Ben oui, la notion de beauté restant très subjective et à certains égards les hommes cités veulent tout de même correspondre aux conventions, il est par exemple plutôt évident que Jeremy Allen White se bute à la salle pour noyer son nombril sous son pack de six. Sauf que voilà, tout ça, ça ne concerne que des white men, comme souvent. Pour citer ma collègue Coumbis : “C’est fatigant, les hommes blancs n’ont qu’à respirer pour être considérés comme sexy”. Et il y a de cela.
Vous imaginez-vous, une tendance “rat girlfriend” où des femmes aux traits différents seraient mises en avant ? Vous pouvez toujours retourner dormir, il n’y a que très peu de chances que cela arrive. La vérité, c’est que derrière une énième tendance relative au corps masculin, subsiste une forme de misogynie banalisée. Jamais une femme différente avec des traits ou un corps particulier (et encore, on ne parle même pas des femmes non blanches), n’est proposée comme un nouveau standard – et le cas échéant, on parle d’elle comme d’une œuvre intouchable et interdite, façon phénomène de foire, mais pas d’une potentielle girlfriend que l’on voudrait être ou avoir.
Preuve en est, l’actrice Nicola Coughlan, aka Penelope dans Bridgerton, a même demandé à avoir des scènes de nudité pour permettre aux femmes de voir des corps plus-size désirables et désirés, chose plutôt random mais ô combien inestimable à la télé où la taille 34/36 règne. C’est vous dire la rareté de nouveaux standards. Pour des milliers de figures pseudo-atypiques comme Josh O’Connor, combien de femmes différentes nous propose-t-on pour nous sentir mieux dans nos pompes et apprécier toutes formes de beauté ? Si vous bégayez pour nous répondre, alors peut-être que vous commencez seulement à comprendre.