La mode des mannequins plus size est-elle une vaste supercherie ?

La mode des mannequins plus size est-elle une vaste supercherie ?

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Instagram d’Ashley Graham

Alors que le body positivism gagne en popularité, on s’interroge sur l’hypocrisie qui entoure toujours en grande partie le mouvement : les mannequins “plus size” que l’on célèbre ne sont-elles pas toujours soumises à des critères de validation hétéronormés ? Et la réalité, loin du gras glam d’Instagram ?

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Pas un jour ne passe sans qu’on vante les mérites des rondeurs assumées. Rien que cette semaine, on a eu droit à Rihanna au Crop Over Festival de la Barbade en perruque bleue, bikini et courbes affolantes très “body confidence”. On a admiré Beyoncé à rollers, exposant son booty rebondi post-jumeaux sur une vidéo Instagram.

En couverture du NY Mag, Ashley Graham est proclamée “supermodel” et non modèle “super size”. Dans le même magazine, on peut lire que 67 % des Américaines font plus qu’une taille 42 : un marché que la mode ne peut plus ignorer.

Les réseaux sociaux ont joué un rôle de contrepoids par rapport aux médias traditionnels et à leurs photos de femmes minces souvent retouchées. Ces derniers ont montré d’autres corps, tout aussi bien habillés, happy et sexy que ceux de la “norme”.

Les hommes aussi sortent de leur tanière en osant clamer qu’ils aiment les femmes rondes. Ainsi, un Américain appelé Robbie Tripp a posté le 31 juillet sur son compte Instagram une photo de lui enlaçant sa femme sublime mais vergeturée, attendant qu’on le félicite pour son courage. Mais les internautes ne sont pas dupes et les commentaires l’accusant de vouloir se faire mousser pour aimer une femme curvy n’ont pas tardé à s’abattre sur lui.

Des corps de science-fiction

Sauf que voilà, toutes les femmes que l’on voit et qui servent la cause du mouvement body-positive ne sont pas n’importe quelles grosses. Ashley Graham, Tara Lynn, Barbie Ferreira ou Denise Bidot ont des formes exactement là où il faut (selon les diktats de la société, d’Hollywood et des médias). Avec la culture hip-hop et l’avènement du clan Kardashian, ce sont les fesses très rondes et les seins aussi fermes que volumineux qui plaisent.

Des symboles de la féminité (et de la fertilité) glamour ancestraux qui laissent à penser que certaines mannequins plus size font du sport à outrance, voire de la liposuccion pour afficher une ligne aussi “déséquilibrée”. Car obtenir ce ventre plat sans bourrelet apparent et cette jambe fine tandis que les hanches et la poitrine demeurent XXL relève tout bonnement de la science-fiction. Ou de la chirurgie esthétique.

Un mouvement qui ne pèse pas lourd

Du coup, certaines voix s’élèvent pour critiquer la mode du #bodypositive. Sur Buzzfeed, la Française Kiyémis écrit : “Plus je cliquais sur les hashtags #bodypositive, moins je voyais de corps qui me ressemblaient. Le jeu des réseaux sociaux faisait qu’au sein même de ce qu’on appelle la ‘sphère body-positive’, les corps les plus valorisés via les likes étaient ceux qui déviaient le moins de la norme.”

Si, aux États-Unis, les choses bougent lentement, en France, surtout dans la capitale, le corps mince et athlétique semble encore rafler la majorité des suffrages. Et la réalité demeure très différente des jolies images des comptes Instagram.

Pour StreetPress, Anouch dénonce la violence du corps médical envers le corps enveloppé dans une tribune touchante. Et la journaliste Gabrielle Deydier rappelait dans son récent et bouleversant ouvrage On ne naît pas grosse qu’en France, les obèses, encore souvent discriminés à l’emploi, ont beau être en surpoids, ils restent souvent invisibles.