La Finlande est sur le point d’expérimenter le revenu de base universel auprès de sa population. Petit à petit, l’idée fait son chemin en Europe.
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Connaissez-vous le revenu de base universel ? Imaginez que chaque mois soit versé à chacun un salaire de base, sans que quiconque soit formellement obligé de travailler… mais dont la somme n’équivaut pas non plus à un revenu suffisant pour vivre dans le luxe. Eh bien c’est ce que propose d’appliquer le gouvernement finlandais de centre-droit récemment élu. À cette issue, il a chargé l’organisme des aides sociales (le Kela) de plancher sur ce projet qui devrait révolutionner le système du pays scandinave s’il est appliqué… et bouleverser les consciences dans l’Union européenne.
L’idée est de regrouper toutes les formes d’aides sociales perçues par les citoyens (allocations diverses, indemnités de chômage, pensions de retraite…) afin de dégager un revenu unique et universel. Celui-ci sera donc assez élevé du fait de la concentration des indemnités, comme l’explique le site de news finlandaises en anglais Uutiset.
Sous le régime de ce revenu de base, s’il voit le jour, chaque citoyen finlandais adulte percevra alors une somme estimée à 800 euros par Olli Kangas, le directeur du département de recherche du Kela. Notez que le modèle pilote que son institution est sur le point de développer devrait d’abord démarrer à 550 euros. Sa première mouture devrait être proposée d’ici près d’un an, en novembre 2016, aux yeux du gouvernement et des représentants du peuple finlandais.
Financement ?
Le coût, tout d’abord. Selon Bloomberg, l’État devrait débourser 46,7 milliards d’euros par an. Dur-dur quand on sait que les revenus annuels de la nation de Jean Sibelius sont estimés à 49,1 milliards pour 2016, d’après Quartz. Or les Finlandais semblent confiants : d’après un sondage réalisé par le Kela, 69% des habitants du pays soutiennent cette mesure. Au niveau politique, la plupart des partis lui accordent aussi leur bénédiction.
En distribuant cette somme, la Finlande fait le pari de relancer son activité. Malgré le revenu de base, les citoyens seront tout à fait en droit de travailler, ce qui n’est pas le cas avec l’allocation chômage aujourd’hui, et le pays table donc sur un retour à l’emploi sur la base d’une plus grande place au libre-arbitre.
En fait, c’est précisément le but du revenu de base : remettre les gens au travail. Alors que le chômage augmente à nouveau en Finlande, la stratégie du gouvernement est de leur allouer le revenu de base pour les inciter à prendre un job à temps partiel plutôt qu’à remplir les files déjà bondées devant les caisses d’allocation chômage.
Le revenu de base, ça marche ?
Le revenu de base universel a ses antécédents, qu’Europe 1 a cherché à compiler. D’après le site de l’antenne, il fut tout d’abord testé dans la ville de Dauphin, au Canada, entre 1974 et 1979. Nom de code : programme Mincome. Durant cinq ans, le gouvernement de Pierre Trudeau (père de Justin Trudeau, Premier ministre actuel) distribue une allocation fixe aux ménages – et surtout à ceux dont les revenus sont trop bas.
Si le projet est enterré faute de moyens, il s’est avéré être un succès en termes d’éducation, qu’il s’agisse du financement des études aux enfants ou la formation des adultes. D’après la radio, “de nombreux participants se souviennent et sont reconnaissants pour les opportunités que le Mincome leur a offertes à eux et à leurs enfants” analysait récemment Evelyn Forget sur le site du Mouvement Français pour un revenu de base.
Par le passé, d’autres expériences de ce type ont été tentées en Alaska, à Singapour ou encore en Inde. Pour ce qui est de l’avenir, il n’y a pas que la Finlande à vouloir tenter l’aventure : en janvier prochain, les Pays-Bas alloueront entre 900 et 1 300 euros à 300 habitants de la ville d’Utrecht bénéficiaires du chômage et de minima sociaux. “Nous pensons que davantage de gens seront un peu plus heureux et qu’ils finiront quand même par trouver un travail“, expliquait le chef du projet à Quartz.
Mais c’est en Suisse que le revenu de base universel fait le plus de bruit. Si les députés suisses ont refusé au début de l’automne la proposition du revenu de base qui avait récolté 125 000 signatures, l’idée fait son chemin dans la Confédération et les Helvètes se prononceront en 2016 sur la question.
Et en France ?
Dans nos contrées, l’idée est encore neuve. Il n’y a qu’EELV pour proposer le “revenu inconditionnel” dans son programme national depuis 2013. Le parti écologiste veut changer les règles d’attribution du RSA et a réussi à passer une motion allant dans ce sens au Conseil régional d’Aquitaine.
“L’idée est que soit expérimentée la mise en place de ce revenu de base sur le ‘croissant de la pauvreté aquitain’ allant de la Gironde, jusqu’à la Dordogne et le Lot-et-Garonne“, expliquait Martine Alcorta, vice-présidente du Conseil régional d’Aquitaine auprès de Rue89 en juillet 2015. On ne sait pas encore quand ce test aura lieu.
Pour plus d’informations, consultez le site du Mouvement français pour le revenu de base.