Symbole d’une esthétique nineties, le pin’s ressurgit des tréfonds des brocantes pour s’exposer sur les réseaux sociaux et les vestes en jean des millenials.
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Déjà support de communication (souvent politique) dans les années 1960, le pins a été une première fois récupéré comme panneau publicitaire miniature dans les 80’s, avant de tomber dans les affres des brocantes ringardes. Toutefois, il revient désormais en force sur Instagram.
Sous les hashtags #pingame #pinstagram se cache sur Instagram une réelle et grandissante communauté d’artistes, d’illustrateurs et de graphistes qui utilisent cet objet pour montrer leur créativité. C’est une manière substantielle et innovante de sortir son travail de la 2d ou du digital grâce à une création qui résistera au temps, et qui permet d’atteindre un nouveau public de jeunes fauchés mais branchés qui désirent soutenir des artistes en évitant de manger des nouilles chinoises jusqu’à la fin du mois.
Ces minuscules talismans permettent à tout un chacun de s’affilier publiquement mais discrètement à une communauté, une identité, un genre ou simplement un goût pour une certaine culture. De références pop aux phénomènes d’Internet, les pin’s sont un véritable symbole de la culture contemporaine. Et en plus, ils vont à tout le monde : one-size-fits-all !
Voici huit bonnes raisons de les accumuler sur le revers de votre blouson :
La nostalgie
Qu’il est difficile d’assumer son amour pour l’univers rose bonbon des Polly Pocket ou de sortir sa Game Boy Color en plein open space pour finir de battre la ligue Pokémon… Cependant, il est désormais possible d’afficher discrètement votre passion pour le rétro. Retour assumé dans les 90’s, ces pin’s rendent hommage aux collectionneurs chevronnés de l’époque, entre objets mythiques et références cinématographiques.
La politique
La communauté artistique américaine, pas très fan de Trump, a multiplié les projets au cours de la dernière campagne présidentielle. C’est le cas du prolifique studio de design new-yorkais Sagmeister & Walsh, qui lançait en septembre dernier “Pin’s Won’t Save the World”, une collection de pin’s créés par une trentaine d’artistes en tout genre. L’idée était principalement de promouvoir l’amour, la paix et la tolérance, et d’attirer les jeunes Américains vers les urnes. L’initiative avait également permis de récolter 25 000 dollars pour Amnesty International.
Tout ne s’est pas stoppé net après les élections, et des collaborations continuent à voir le jour – certaines reversant 100 % de leurs bénéfices au Planning familial, à l’ACLU (l’American civil liberties union), à des associations pour l’accueil des réfugiés et au Trevor Project, une hotline gratuite pour la jeunesse LGBTQ.
La culture
Que vous aimiez la littérature, le cinéma, l’art ou la musique, il y en a pour tous les goûts en matière de pin’s culturels. Du noir et blanc hitchcockien jusqu’aux dernières séries Netflix, en passant par Twin Peaks, les pin’s artists multiplient les références. Et pour les rats de bibliothèque, Jane Mount a créé Ideal Bookshelf, une série sur la littérature, avec notamment des “mini éditions” de Moby Dick, des Aventures d’Alice au pays des merveilles, de Gatsby le magnifique ou encore de la saga Harry Potter.
Vous êtes plutôt Picasso ? Direction le site de Pin Museum, fondé par un couple amoureux de l’histoire de l’art qui présente sa collection personnelle, de la Renaissance à l’art contemporain.
Les Simpson
Le fanatisme des pin’s autour de l’univers des Simpson est tellement prolifique qu’il leur fallait une catégorie distincte. On trouve notamment des easter eggs (qui peuvent parfois faire référence à quelques secondes dans un épisode) et des mashups improbables (mais réussis), comme cette anthologie de créatures mi-Simpson mi-Pokémon. Thumbs, le créateur, a pour seule limite à son ambition les 151 Pokémon de la première génération. “Gotta pin’em all !”
Manger, manger, manger
Du tacos aux spaghettis à la bolognaise on ne calcule plus les calories, tant l’amour du gras chez les pin’s lovers dépasse l’entendement. Les hommages à la sacro-sainte pizza Margherita ne se comptent plus. Les pin’s sont une excellente manière d’assumer publiquement son addiction alimentaire et autres réjouissances à base de fromage fondu et de piquette de supermarché.
Le genre
Dans une société où les genres sont à dominante binaire, il est souvent complexe de se faire comprendre quand le sexe biologique et le sexe social sont différents. La bibliothèque de l’université du Kansas distribue donc gratuitement des badges “pronoms” dans le cadre de l’opération You Belong Here, afin que chaque étudiant puisse rendre son genre clair aux yeux de ses camarades.
Des initiatives telles que celle-ci se multiplient, comme le prouve la boutique Etsy Gamut Pins, qui propose des pin’s-pronoms se lisant à une distance conversationnelle. Cette dernière reverse 100 % de ses bénéfices à une association LGBTQ et espère pouvoir prochainement offrir de nouveaux pronoms.
Girl power !
Juliette Mallet, une Parisienne de 28 ans, mélange pop art et esprit kitsch avec sa marque Coucou Suzette. Elle est une représentante tricolore de la tendance monomaniaque des pin’s et revendique totalement son girl power.
Nombre de créateurs jouent avec les codes du féminisme pour convaincre les filles (et les garçons !) de porter et assumer des versions mini d’objets un peu tabous, largement exclus de la sphère publique.
Les Internets
La facilité de production et l’apparition constante de mèmes engendrent un renouveau infini des pin’s renvoyant à une certaine culture Web. C’est à qui sera le plus rapide et aura l’apanage du nouveau chat grincheux à 10 millions de vues.
Des créateurs comme Pintrill suivent de près les réseaux sociaux et les actualités de la pop culture. Après le discours d’un Kanye West perché au VMA en 2016 (où il a déclaré se présenter à l’élection présidentielle de 2020), Jordan Roschwalb lance un set “Kanye for President”, qui sera très rapidement sold out. Qui sait, ils deviendront peut-être collector d’ici le prochain mandat…