Amours solitaires, #vraiesmeufs, Le Salon des Dames : l’interview conseils pour gagner en influence
Amours solitaires, #vraiesmeufs, Le Salon des Dames : l’interview conseils pour gagner en influence

Amours solitaires, #vraiesmeufs, Le Salon des Dames : l’interview conseils pour gagner en influence

À l’issue des votes de milliers d’internautes, la première édition du Palmarès Femmes Influentes 2018 par AdopteUnMec a couronné ses trois gagnantes sur les cinquante profils sélectionnés. Palmarès qui a pour but de mettre en valeur ces femmes 2.0 pour leur façon de travailler. Pour l’occasion, Konbini a décidé de célébrer et d’écouter ces Françaises inspirantes qui se mobilisent pour faire valoir l’égalité des genres.

Où sont les femmes ?” se demandait Patrick Juvet en 1977. En 2018, la réponse est derrière leurs ordinateurs, chez elles, dans des espaces de coworking ou dans des salles de conférences pour essayer de faire avancer le monde de l’entrepreneuriat. Au fur et à mesure, elles ont enjambé beaucoup de barrières, elles ont contourné les obstacles sociaux et ont fait fi des “on dit” pour devenir des actrices du changement. Le Palmarès Femmes Influentes 2018 a pour but de mettre en valeur ces entrepreneures, non pas parce qu’elles sont simplement femmes, mais surtout parce qu’elles sont brillantes. Lyna Malandro, fondatrice du site #vraiesmeufs, Céline Bizière, créatrice du mouvement Le Salon des dames et Morgane Ortin à l’origine du site Amours solitaires, ont remporté cette première édition. Elles ont accepté de partager avec nous leurs expériences d’entrepreneures. Rencontre.

#1. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans l’entrepreneuriat ?

Morgane Ortin | Ce qui est amusant, c’est que je ne me suis pas volontairement lancée dans l’entrepreneuriat. J’ai fondé “Amours solitaires”, un projet qui me tenait très à cœur, de manière tout à fait spontanée, en créant un compte Instagram. Rapidement, au vu de l’engouement que le projet suscitait et du temps que cela me prenait d’y travailler, la voie de l’entrepreneuriat s’est ouverte.

Lyna Malandro | Pour moi, c’est le même cas de figure. J’ai eu une idée, une envie, je me suis dit que ça m’apporterait du positif, à moi et aux autres, alors je me suis lancée. Ce sont les autres qui ont qualifié cette action “d’entrepreneuriat”. Pour moi, c’est une passion.

Céline Bizière | Pareil ! Je n’ai pas vu ça comme “monter une boîte”. J’avais juste envie de réunir des femmes que j’admirais dans des salons et les inciter à réfléchir à la condition des femmes. Et puis j’ai vu que ce qui se passait devait être partagé avec toutes les femmes. Qu’une entraide et une bienveillance extraordinaires naissaient de tout cela, alors j’ai eu envie de créer un équivalent digital. Mais c’était pour aider les femmes. Comme le mouvement a pris de l’ampleur, nous sommes devenus une ONG rapidement.

#2. Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées dans votre carrière d’entrepreneure ?

LM | Au début, des difficultés financières. Mais je me suis débrouillée, j’ai tout fait seule et j’ai appris sur le tas. Grâce à Internet, c’est plus simple de monter un projet sans argent, il suffit juste d’avoir de l’envie et beaucoup de motivation.

MO | Mon indécision, ainsi que l’affect que j’ai parfois mis à tort dans des relations professionnelles.

CB | Je n’en ai pas vraiment eues. Le mouvement Salon des dames a très vite pris, après 3 mois on avait 50 000 abonnés sur les réseaux.

#3. Qu’est-ce qui vous donne la motivation chaque matin ?

LM | La satisfaction et le plaisir. À chaque fois que ma motivation baisse, je regarde tout ce que j’ai fait, notamment mes portraits de femmes sans maquillage, je repense à toutes mes rencontres et je relis tous les messages de soutien que j’ai reçus depuis le début et ça me donne immédiatement envie de repartir.

MO | Lire les mots d’amour de centaines de personnes inconnues qui me confient les trésors de leur intimité chaque jour, ainsi que des témoignages qui me touchent énormément dans lesquels des lecteurs m’annoncent s’être enfin libérés en révélant leur flamme grâce à “Amours solitaires”.

CB | Je suis dans la même situation. Tous les jours je reçois des centaines d’emails de femmes qui se confient et qui nous remercient. Nous allons aussi rencontrer des petites filles dans les écoles avec des grands rêves et ça, ça motive à fond.

#4. Marilyn Monroe disait “la femme qui cherche à être l’égale de l’homme manque d’ambition”, qu’en pensez-vous ?

LM | Mon ambition n’est pas d’être l’égale d’un homme. Je ne veux pas qu’on me considère par rapport à mon genre mais simplement comme une journaliste, une photographe ou par rapport à ma personnalité. Je fais mon chemin en tant que moi et plus qu’en tant que femme.

MO | Je pense que la première étape est d’accéder à une égalité des droits et des traitements, il y a un début à tout. Effectivement la plus grande des ambitions serait d’imaginer un monde où cette question n’aurait pas lieu d’être, et où chaque individu pourrait pleinement exister en dehors d’un rapport “de genre”.

CB | On peut dire comme Despente qu’on ne souhaite pas simplement gagner les petits acquis des hommes. En, effet, là, ce serait manquer d’ambition parce que même les hommes ne sont pas forcément libres. Il faut souhaiter plus de liberté pour tout le monde et bien sûr  “tout foutre en l’air”.

#5. Pensez-vous qu’il y a encore des secteurs “d’hommes”?

LM | Il y a des secteurs où les hommes sont majoritaires, mais il n’y a plus aucun secteur qui ne soit pas accessible aux femmes. Je suis étudiante en informatique. Mes classes sont majoritairement masculines mais je ne me suis jamais sentie renvoyée à mon “statut” de femme. Pour moi, le seul milieu un peu rétrograde de ce point de vue-là, c’est celui de la politique.

MO | Je suis fondamentalement convaincue que l’homme et la femme, s’ils sont égaux, ne sont pas identiques. J’imagine qu’il y a donc des métiers plus faciles pour les hommes que pour les femmes, et inversement. Mais parler de secteurs d’hommes, non !

CB | Moi, je pense qu’il y a des secteurs d’hommes ou en tous cas des secteurs où il y a encore beaucoup de sexisme comme la politique ou le monde universitaire. Il suffit de regarder les chiffres, dans un monde comme celui de la tech il y a très peu de femmes. C’est un problème d’éducation.

#6. Dans le monde de l’entrepreneuriat, quels sont les freins qui peuvent encore ralentir la progression d’une femme ?

LM | Quelques clichés persistent encore sur les femmes notamment par rapport à la gestion de leurs émotions ou sur leurs capacités à gérer des cas complexes. Elles et les jeunes ont parfois encore du mal à être pris au sérieux dans certaines situations. Mais cela change, ce Palmarès Femmes Influentes 2018 l’illustre bien.

MO | Le manque de confiance, la fermeture d’esprit, le patriarcat.

CB | Personnellement, je n’ai pas eu de problème à créer le Salon des dames, mais dans ma communauté j’entends beaucoup de femmes qui rencontrent des problèmes en tant qu’entrepreneures. Notamment pour se voir accorder des prêts à la banque ou pour faire des levées de fonds. Culturellement, on a encore du mal à faire confiance aux femmes.

#7. Avez-vous des modèles ?

LM | Ma mère, car elle est partie de rien et a réussi à s’en sortir grâce aux études. Mais je n’ai pas de figure iconique, tous les jours je rencontre des femmes incroyables qui m’inspirent. Il y en a beaucoup trop pour les citer.

MO | Anaïs Nin pour son indécence, Camille Claudel pour son combat, Simone de Beauvoir pour son engagement. Et tant d’autres encore !

CB | J’en ai une en particulier. Celle sur qui j’écris ma thèse, Delphine de Girardin. Au 19e siècle, à une époque où les femmes n’avaient pas le droit d’écrire, elle écrivait quand même sous le pseudonyme du Vicomte Charles de Launay. Elle a fait cela pendant 12 ans et a fini par diriger le journal dans lequel elle écrivait sous son vrai nom de femme et en crinoline s’il vous plaît ! Elle était une énorme influenceuse, et Victor Hugo était conscient qu’elle était certainement une des plus grandes femmes auteures du siècle.

#8. Est-ce que vous vous considérez comme féministe ? D’ailleurs, ça veut dire quoi être féministe ?

CB | Oui, évidemment. Le féminisme, ça veut dire beaucoup de choses. Mais pour moi avant tout, ça veut dire prôner une égalité pour tous devant la loi. Une égalité juridique, sociale et économique. Après il y a beaucoup de sortes de féminisme, parce qu’il y a beaucoup de femmes et que nous sommes toutes différentes mais cela ne doit pas nous empêcher d’agir ensemble.

LM | Je suis d’accord. Je pense que pour beaucoup de gens, aujourd’hui être féministe, c’est porter une étiquette, alors que non, c’est simplement un état d’esprit, une envie d’égalité de tous face au droit. Certains se refusent de se dire féministes alors qu’au fond ils le sont. C’est juste normal de respecter les lois et de laisser aux femmes la liberté de faire ce qu’elles veulent.

MO | Bien sûr ! Être féministe ne veut ni plus ni moins signifier l’égalité des hommes et des femmes.

#9. Petit clin d’œil à Lyna, pour vous, en 2018, c’est quoi être une vraie meuf ?

LM | C’est drôle, normalement, c’est moi qui pose cette question ! C’est simple pour moi toutes les meufs sont de vraies meufs quand elles rentrent chez elles et qu’elles enlèvent leur masque social. C’est le moment où elles sont authentiques et ça c’est propre à chacune d’entre nous.

MO | Être une “vraie meuf”, c’est tout sauf une recette. C’est simplement oser vivre ce que l’on veut, où on le veut, avec qui on le veut, et habillées comme on le veut !

CB | Pour moi, il n’y a pas de vraies meufs, ni de vraies femmes. On est toutes différentes.

 

À l’ancienne @anthonysuz

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#10. Quel message aimeriez-vous faire passer aux petites filles d’aujourd’hui qui seront les femmes entrepreneures de demain ?

LM | Que rien n’est impossible. Je ne devrais pas l’avouer, mais je le fais quand même, j’étais choquée d’être dans ce palmarès, je pensais ça inaccessible. Mais au final si on travaille suffisamment et qu’on a envie, on peut tout réussir. Je voulais vraiment faire un média qui me correspondait et j’ai réussi. Tout le monde peut le faire et toi aussi !

MO | Simplement d’oser réaliser ses rêves, de ne jamais se mettre de limite et de ne jamais perdre confiance en soi. Le principal, c’est bel et bien d’avoir des rêves et de les entretenir jusqu’au point où rien ni personne ne pourra nous freiner la route. Alors je leur dirai de rêver le plus possible, de se nourrir de toutes les beautés simples de l’existence.

CB | Qu’il faut se battre comme des warriors et surtout qu’elles doivent apprendre à admirer et à aimer les femmes et ne pas les considérer comme des rivales. On nous a appris à nous détester alors que l’amour entre femmes, c’est essentiel.

C’était à l’occasion de la première édition du Palmarès des Femmes Influentes, que 50 femmes françaises étaient mises à l’honneur. Entrepreneures, intellectuelles, athlètes, journalistes, politiciennes, gameuses, actrices… Une initiative d’AdopteUnMec mettant en avant l’influence et l’inspiration qu’elles représentent, conséquence d’une vie d’accomplissements et d’engagements. Les trois gagnantes recevront un chèque de 10 000 euros qu’elles pourront reverser aux trois associations partenaires : Force Femmes, Empow’Her et Entrepreneurs du Monde. Bravo à elles.