Warm Up : abandonnez-vous dans la pop intime de l’éternel rêveur Timothée Joly

Warm Up : abandonnez-vous dans la pop intime de l’éternel rêveur Timothée Joly

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© Charlotte Abramov

Dans Warm Up, on réalise un focus sur des artistes dont vous allez (sûrement) entendre parler dans les mois à venir.

Les contours de la musique pop se tracent en même temps que se mêlent les différentes influences dans lesquelles baignent les artistes et les auditeurs. Timothée Joly trône dans ce paysage musical qui brasse les références rassurantes et les innovations audacieuses.

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À travers son nouvel EP, Plastique (Europe), le jeune artiste de 25 ans propose une musique à la résonance vibrante, à la fois universelle par l’écho qu’elle porte sur les auditeurs, et intime par sa pudeur à fleur de peau. Un projet de cinq morceaux qui éveille en chacun des sentiments aussi bouillonnants qu’insaisissables.

© Timothée Joly (DR)

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Timothée Joly | Timothée Joly, auteur, compositeur, interprète, producteur et ingénieur du son. Je fais de la musique depuis 2017.

Tu viens d’où ?

Paris, 15e arrondissement. J’ai toujours vécu là-bas, je crois que j’habite à cinq minutes de là où je suis né.

Comment tu as commencé la musique ?

J’ai commencé à 17 ans, sur Reason. J’allais chez un pote, il avait installé GarageBand sur son Mac, et je voulais refaire l’instru de “Bed Rock” de Young Money. Je ne comprenais pas pourquoi je n’arrivais pas à faire sonner la musique de la même manière.

Un jour, mon ami m’a dit : “On peut faire nos propres sons !” Sauf que sur GarageBand, tu pouvais surtout faire des loops. Du coup, il m’a montré Reason, un logiciel qu’il avait découvert parce que Stromae l’utilisait. Et c’est comme ça que je me suis mis à faire de la musique.

Tu faisais quoi avant ?

J’errais dans ma vie scolaire. J’étais en STG, ça se passait mal. Je séchais les cours. Clairement, je détestais l’école. Ma prof me disait tout le temps : “Arrête de regarder par la fenêtre !” Voilà ce que je faisais à l’école : regarder par la fenêtre et dessiner dans mon cahier.

Si j’ai un conseil pour les jeunes, “don’t stay in school”. C’est un mauvais conseil et un bon conseil en même temps. Ce n’est pas l’école qui va être décisive dans ta vie.

© Lee Wei Swee

C’est quoi tes influences ?

Je pense qu’il y a beaucoup de Kanye West et toutes les personnes qui ont bossé avec lui comme Mike Dean. En ce moment, j’écoute pas mal Oli XL, Yves Tumor. J’écoute beaucoup de Playboi Carti aussi.

À 17 ans, quand j’ai commencé la musique, j’essayais de refaire des prods à la Flatbush Zombies. J’essayais d’avoir le même grain, mais je n’y arrivais pas du tout. Il y avait aussi Booba, c’était l’époque de son renouveau, lorsqu’il a percé une nouvelle fois avec Futur.  

Comment décrirais-tu ton univers ?

Je dirais “pop”. C’est le bon terme je trouve. C’est un fourre-tout : “pop”, c’est la musique populaire. Je n’écoutais pas de la musique très niche quand j’étais petit. Il y a une période où j’ai commencé à écouter du rock, du metal, et j’écoutais Nirvana, Metallica, Iron Maiden à fond.

Ma musique est “pop” dans le sens où j’ai envie de parler à tout le monde. Mon but, clairement, c’est de faire de la musique commerciale.

Tu as une façon d’écrire assez conceptuelle, on dirait que tu fais plus passer des émotions qu’un réel sens ?

Ouais, clairement, c’est ça. Je pense à des trucs, je me dis : “Whaou je suis tellement intelligent, je suis un poète !” [Sourire.] Je note plein d’idées que j’additionne, et ça fait des chansons.

Tu parles beaucoup d’émotions dans tes chansons. C’est aussi une manière de t’exprimer personnellement, la musique ?

Oui c’est ça. Je ne vois pas de quoi d’autre je pourrais parler. Je ne suis pas un mec street, je ne prends pas de drogue… Je contemple la vie, et ce que je ressens, j’en fais des chansons.

Tout m’inspire quand je regarde par la fenêtre. Je déréalise beaucoup les choses, je me vois en train de vivre, et c’est là que je suis amené à noter des trucs sur moi-même. Peut-être que je fais même de l’auto-psychanalyse. J’ai l’impression que je me cherche dans mes chansons. Je ne peux pas te dire avec certitude comme je ne suis ni psychologue ni psychiatre, mais je pense que c’est ça.

Tu peux nous parler de ton projet, Plastique (Europe) ?

J’ai commencé à travailler dessus il y a super longtemps. J’aime bien m’en aller et m’isoler pour faire de la musique, et j’étais parti à Berlin en 2019 pour écrire et composer. Plastique, c’est un petit EP populaire, de cinq chansons qui sont sympas. C’est cool ! [Sourire.]

Après, je pense que je n’ai pas à dire aux gens ce qu’ils doivent ressentir en écoutant le projet. Ce n’est pas à moi d’orienter les auditeurs, s’ils comprennent par eux-mêmes en écoutant mes chansons, quel que soit le sens qu’ils en tirent, c’est bien, à mon avis. C’est leur chanson, pas la mienne. C’est moi qui écris, mais c’est ton expérience qui compte.

Il y a des artistes avec qui tu aimerais collaborer ?

Ce serait plus des producteurs et ingénieurs du son. Je n’ai pas forcément le nom des gens, mais j’aimerais ajouter un peu plus d’acoustique dans ma musique. Je rejoins pas mal Kanye West, Tyler, the Creator ou Travis Scott dans cette idée que les musiciens sont des instruments.

Par exemple, la chanson “Stop Trying To Be God” de Travis Scott avec James Blake, Stevie Wonder et Kid Cudi. La Flame arrive à capturer l’essence des artistes : Kid Cudi il fait juste “hum hum” pendant le morceau, et c’est totalement ce que tu peux attendre de lui sur une chanson de Travis Scott. Pareil pour Stevie Wonder, il joue de l’harmonica et c’est au service de l’ensemble.

C’est comme ça que je vois les collaborations. Les artistes sont des instruments, et moi le chef d’orchestre. L’idée, c’est aussi que les autres amènent leur expertise. Je pense que c’est comme ça qu’on peut arriver à faire de la musique incroyable. Et mon but, au-delà de faire de la musique commerciale, c’est de faire de la musique incroyable.

Comment travailles-tu l’image de tes clips ?

Je bosse avec des personnes avec lesquelles j’ai plaisir à travailler, des gens qui pourront compléter ce que j’imagine. Et j’imagine beaucoup de choses, je fais des petits dossiers avec mes idées que je leur envoie, et ça fait le clip.

J’aime trop l’image, regarder des clips et des films. Je ne me mets pas la pression quand je travaille la photographie de mes vidéos, c’est juste que ça me fait plaisir de réaliser une belle image.

© Charlotte Abramov

Tu viens de dire que tu aimais beaucoup les films, qu’est-ce que tu regardes en particulier ?

En ce moment, j’aime bien les comédies. J’ai très honte – en fait, non, j’assume à fond –, j’ai regardé Babysitting 2 et ça m’a fait rigoler. Sinon, il y a un moment où je regardais tous les films de François Truffaut. J’aime plein de trucs, mais je ne pense pas être au niveau de regarder des trucs très niches.

On a l’impression que tu fais beaucoup la distinction entre niche et mainstream. Comment tu vois cette différence en tant qu’artiste ?

Je pense que c’est important de creuser les œuvres de niche. Un artiste peut être ultra-pop et ultra-niche en même temps, il faut allier les deux. J’aspire à faire une musique très populaire alors que j’ai aussi des influences d’initié, que j’essaie de rendre le plus buvables possible pour le grand public.

T’es signé sur quel label ?

Je suis signé chez Because Music depuis novembre 2019.

Quels seraient tes axes de progressions ?

Je pourrais m’améliorer dans ma vitesse d’exécution. J’aimerais me prendre moins la tête aussi, et être un meilleur artiste. Et devenir plus intelligent.

Quelles seraient les meilleures conditions pour écouter ta musique ?

Dans la douche et dans le métro, parce que ce sont les endroits où j’aime écouter de la musique.

© Matthieu Maury

Que dirais-tu aux gens pour les convaincre d’écouter Plastique (Europe) ?

Je dirais : “Je suis le meilleur artiste en France mais tu ne peux pas le savoir si tu n’as pas écouté ma musique !” [Rires.]

Tes futurs projets ?

En ce moment, je commence à travailler sur mon prochain projet. Pour l’instant, je regarde des films et je teste des trucs. Mais je pense que ce sera un peu plus solaire que Plastique. Un peu plus marrant, peut-être.

Un mot pour ton public ?

Merci à tous, pour de vrai. Je le pense. Parfois je me dis que ça peut devenir vraiment ouf, quand je regarde les messages que je reçois. Quand on me remercie, j’ai envie de répondre : “Merci à toi, c’est toi qui écoutes, moi je ne suis qu’un autre être humain sur cette planète, qui fait de la musique.”

C’est drôle, quand on te parle, tu dis à la fois des phrases de mégalo et des phrases très humbles !

Peut-être que je suis mégalomane ! Ou peut-être que c’est parce que je n’ai pas confiance en moi que je me montre super mégalo d’un côté, mais également très humble de l’autre. Mais quand je dis des choses humbles, je le pense vraiment. Je pense que ce sont les deux faces d’une même pièce, la mégalomanie et l’humilité. C’est comme l’amour et la haine, c’est indissociable.

On peut te souhaiter quoi pour la suite ?

De devenir riche… et heureux ?