Rave de Lieuron : une manifestation organisée pour faire libérer l’un des organisateurs

Rave de Lieuron : une manifestation organisée pour faire libérer l’un des organisateurs

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Par Aurélien Chapuis

Publié le

Le collectif Culture 4 Liberty demande l’arrêt des poursuites judiciaires démesurées tout en descendant dans la rue.

“Teufeurs” radicaux ou “raveurs” légalistes, la mouvance des free parties, rarement unie, fait front commun pour condamner une “répression disproportionnée” après la fête sauvage de Lieuron (Ille-et-Vilaine) qui a réuni 2 400 personnes pour le Nouvel An. Soupçonnées d’avoir participé à l’organisation de cette rave-party, quatre personnes ont été mises en examen, notamment pour mise en danger de la vie d’autrui. Un jeune homme de 22 ans est écroué depuis le 4 janvier.
“Cette répression est disproportionnée. Nous demandons la libération immédiate de ce participant qui n’est absolument pas un des organisateurs”, indique à l’AFP Robin, acteur du mouvement et référent de la Coordination nationale des sound-systems et du Fonds de soutien juridique des sound-systems.


Plusieurs comités représentant tous les courants de la “free” appellent à des manifestations samedi dans plusieurs villes de France “pour le droit à la culture” dans le cadre des “marches des libertés contre la loi de sécurité globale”.
Nommé Culture 4 Liberty, le collectif d’organisations, dont le Syndicat des organisateurs libres et engagés (Socle), demande “la libération immédiate de l’un des organisateurs présumés de la rave party bretonne et l’arrêt de toutes les poursuites judiciaires démesurées contre les fêtes alternatives”.
Le mouvement est sorti du bois il y a quelques jours à l’occasion d’une tribune publiée dans Libération, signée des “organisateurs de la rave party du Nouvel An”, en revendiquant “un geste politique après une année de tristesse, d’anxiété et de privations”.

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“Lente dégradation”

En forme de profession de foi, les signataires estiment que “la fête, espace de liberté, est un besoin inaliénable, et le reflet de toute une partie de la société que nos gouvernants ne pourront éternellement continuer d’ignorer”.
Près de 4 000 fêtes techno non déclarées en pleine nature, devenues avec la pandémie la bête noire des autorités, sont organisées chaque année en France. Importées en France au début des années 1990 par Spiral Tribe, un sound-system britannique (groupe d’organisation de soirées), les free parties sont conçues comme des “zones d’autonomie temporaires et festives”, selon les préceptes du théoricien anarchiste américain Hakim Bey.
Pour Patrick Rognant, historien de la rave, “les autorités n’arriveront pas à empêcher les free parties où il y a très peu d’incidents, beaucoup moins que dans un festival rock autorisé”.
“Ces dernières années, il y a eu une lente dégradation des relations entre les free parties et les autorités qui ne souhaitent plus trouver de solutions”, déplore pour sa part Samuel Raymond, directeur de l’association Freeform qui œuvrait pour des conciliations, et qui a préféré récemment jeter l’éponge.
Président de Technopol, l’association historique de défense des musiques électroniques qui organise la Techno Parade de Paris, Tommy Vaudecrane suggère de son côté que les free parties relèvent du ministère de la Culture plutôt que de celui de l’Intérieur : “La free est d’abord une composante importante de l’écosystème des musiques électroniques.” Pour l’ancien ministre de la Culture Jack Lang, “le dialogue doit absolument reprendre pour définir une règle du jeu”.
Konbini avec AFP