Portrait : Bramsito, de “Sale Mood” avec Booba jusqu’à Prémices

Portrait : Bramsito, de “Sale Mood” avec Booba jusqu’à Prémices

En fier représentant de la musique urbaine, Bramsito dévoile avec Prémices l'étendue de son potentiel. Rencontre.

C’est près d’Orléans, et plus précisément à Pithiviers que vit Bramsito, artiste émergent évoluant sous l’aile de Booba et son label fraîchement créé, 7 Corp. Celui-ci sortait au début de mois son tout premier album, Prémices, un condensé de 16 morceaux, d’un genre qu’il définit comme de la “musique urbaine”.

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Pour le jeune compositeur et interprète, tout commence à 14 ans, lorsqu’il se découvre une passion pour la musique à travers sa pratique du piano. En découlent alors des influences multiples, du foyer à la cour de récré’, allant de Pascal Obispo à Charles Aznavour, en passant par Drake et Tabu Ley Rochereau (le père de Youssoupha).

Aujourd’hui, ce sont des titres comme “La Bohème” ou encore “Oh Marie” qu’il a repris pour se faire connaître sur la Toile, toujours autant marqué par les morceaux de son enfance. Grâce à ce procédé particulier, par lequel il parvient à remettre au goût du jour d’anciens morceaux et leur apporte une touche urbaine, Bramsito s’est vite fait repéré par le nouveau label de Booba, juste avant l’arrivée de Dixon dans l’écurie du duc. C’est en écoutant Drake et Kendrick Lamar, deux grands utilisateurs du sample, qu’il s’est imaginé rafraîchir ces titres mythiques.

Mais c’est plus tard, grâce à une collaboration endiablée avec son mentor sur “Sale Mood” fin 2018, que l’artiste atteint un nouveau pallier de sa carrière, avec son tout premier single de platine. Ce morceau est à ses yeux “celui qui l’a lancé”, puisqu’il est pour l’instant “le seul de sa discographie que les gens connaissent par cœur”. Pour autant, “Charbonner” l’avait déjà fait décoller davantage quelques mois auparavant, lui apportant une certaine visibilité sur les réseaux. Et si aujourd’hui Bramsito cumule près de 200 000 abonnés sur Instagram, il n’en est qu’à ses prémisses : il sortait début juin son premier projet, d’ailleurs intitulé Prémices afin de symboliser ses débuts. Comme il nous l’assure, l’opus est le résultat “d’un an et demi de travail” et semble avoir été “très bien reçu”, des échos qui ravissent Bramsito, que nous avons rencontré pour l’occasion. 

“Prémices”, un opus soutenu par les plus grands

De la musique engagée, et un grand respect pour les musiciens qui le précèdent 

Récemment invité sur la scène principale de We Love Green pour y interpréter son “Sale Mood” avec Booba, Bramsito a vite démontré sa capacité d’adaptation : il a déjà intégré les codes de la scénographie et enchaîne sans rougir les gestuelles, à l’image de la star qui livre une prestation à ses côtés. Pour lui, ce morceau a toujours sonné comme une évidence, dès le moment où il en eut entendu la mélodie.

“C’était super facile à écrire, un beau moment ! Je me suis dit que j’avais touché quelque chose avec ce morceau, je savais que c’était le bon ; et que Booba vienne s’y ajouter n’a fait qu’exacerber ce sentiment.”

Il reconnaît d’ailleurs avoir surtout suivi ses instincts pour créer Prémices, avec l’envie de montrer ce qu’il pouvait faire de cette large palette d’influences. Ainsi, il s’imagine déjà partir sur des sons plus engagés par la suite, à la même sauce que son “Injustice”, issu de l’album.

“C’est important de toucher les plus jeunes, beaucoup de thèmes restent encore peu traités en France. Je pense notamment aux histoires de harcèlement, de suicide… Il faut qu’on en parle et qu’on mette fin à ce tabou ! Un peu comme XXXTentacion, j’aimerais montrer qu’il n’y a pas de honte à dire qu’on va moins bien.”

Bramsito semble également être attaché à rendre hommage à ses aînés, qu’il reprend, à l’instar d’Aznavour par exemple, cité plus haut, grâce à qui il avait offert un message de soutien aux SDF l’année passée. Il a aussi samplé “Paulette” de Balla et ses Balladins dans un morceau éponyme, une idée qui lui est apparu après avoir écouté “Can’t Get Enough” de J. Cole, qui use également de cette ballade guinéenne. Il avançait enfin sans hésitation que “si des artistes comme Jean-Jacques Goldman venaient à lui écrire un morceau, il s’empresserait d’aller au studio”, bien qu’il ait tout de suite nuancé ce propos en revendiquant son besoin de faire sa musique par lui-même. Pour l’heure, il juge “plus sincère” d’écrire et d’imaginer ses propres titres en tant qu’artiste.

Être compris de tous

Il faut aussi reconnaître que les morceaux de Bramsito semblent parler au plus grand nombre. Avec l’appellation “musique urbaine”, il touche aussi bien les amateurs de pop que ceux de rap, petits comme grands, par un vocabulaire peu vulgaire et plutôt accessible. Dans une même mesure, sa communauté apparaît comme égalitaire puisqu’on compte quasiment autant d’hommes que de femmes parmi ses fidèles auditeurs. C’est sûrement parce qu’il évoque des sujets vastes comme l’amour dans “Rappelle” et “Best Friend” ou encore la trahison dans “Mains Liées” et “Tony” (en référence à Scarface)

Cette capacité à toucher un grand public s’exprime aussi par la place que le jeune chanteur accorde à son image. Sa chevelure blonde aux contours bien définis est devenue sa marque de fabrique, et toute l’esthétique de son album Prémices a été réalisée en rouge, avec un aspect très géométrique. On le reconnaît assez facilement.

Enfin, Bramsito est très actif sur les réseaux sociaux, ce qui l’amène peu à peu à s’envisager dans un autre domaine : la mode. Il fait en effet mention de quelques marques dans “Problèmes” et nous expliquait à quel point il serait “ravi de devenir égérie de l’une d’entre elles, à l’image de nombreux artistes urbains et rappeurs”. La prochaine étape dans la gestion de son image réside alors dans la sape, puisqu’il revendique “vouloir faire un vrai effort pour que la mode devienne pour lui un centre d’intérêt à part entière.” Il espère même qu’il parviendra à se “permettre plus de choses dans sa manière de s’habiller”. 

Le football pour la musique

Cependant, on recense un autre domaine cher à Bramsito, puisque ce dernier a été un joueur de football aguerri par le passé, passion qu’il a dû délaisser pour sa carrière dans la musique. Il confie alors avoir vécu ce choix comme un véritable dilemme à l’époque : “C’était un rêve contre un autre”. Quand bien même il ne regrette pas cette décision, le football n’en demeure pas moins quelque chose de très important à ses yeux. Lui qui a “gardé le même entourage depuis le début” continue de s’entraîner avec ses proches pour se consoler, faute de mieux.

Inspiré par des chanteurs de R’n’B américains comme Omarion ou Chris Brown, Bramsito ne compte pas s’en tenir à ce début acclamé, bien au contraire. Pour preuve, quelques jours après la sortie du disque, il était déjà de retour au studio. Conscient qu’il lui reste du chemin à parcourir pour entrer dans la cour des grands, il ne souhaite pas se donner de répit avant “l’ultime consécration : une certification” sur l’un de ses albums.

Prémices est pour l’heure un disque entraînant dont les notes resteront à coup sûr ancrées tout au long de notre été. C’est le moment ou jamais pour Bramsito d’être sur le devant de la scène, et de “prouver à ses (rares) détracteurs, puis à ses parents, que sa carrière musicale est faite pour durer”. Celui qui voit la musique avant tout comme “un partage” sera à l’Olympia dès le 20 octobre prochain, et termine l’interview en nous partageant son intime envie d’utiliser son piano sur scène ce jour-là.