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Michel Gondry est un artisan du cinéma. Il a toujours particulièrement apprécié expérimenter, essayer de nouvelles techniques, tout en contrôlant le processus de A à Z. Ce n’est pas pour rien qu’il excelle tout particulièrement dans l’exercice du clip : la liberté de ton et l’aspect court lui donnent la possibilité de vraiment s’amuser.
Pour preuve, sa dernière réalisation : le nouveau clip de -M-, pour “Grand petit con”, est un petit bijou d’animation. Il s’agit d’une vidéo en stop motion, comprendre un enchaînement de photos qui permet d’animer la chose – comme l’a récemment fait Wes Anderson avec L’Île aux chiens. Et le réalisateur frappe fort car il s’agit de dessins sur des feuilles coupées…
Ce qui est fou, c’est que Gondry a tout fait tout seul. Il a tout dessiné, tout découpé, tout animé, puis réalisé et monté la vidéo. Il explique dans un communiqué de presse que cela est dans la continuité de son travail sur iPhone, un peu comme un Soderbergh en quête d’innovation et de nouveauté :
“Il y a deux ans, j’ai fait l’acquisition d’un smartphone et me suis aperçu que l’on pouvait l’utiliser pour animer. J’ai donc installé un système précaire pour suspendre le téléphone au-dessus de ma table de travail. Je déplace des petits bouts de papier qui bougent tout seuls quand je fais défiler les images. […]
Je fais tout, tout seul, sans l’aide de personne. Ce n’est pas parfait, mais c’est entièrement produit de mes mains. Chaque plan est un mini problème qui attend sa solution. Une fumée apparaît lorsqu’un gros monsieur fume un arbre ? Du papier-calque : une couche et c’est presque invisible, deux et ça devient gris, trois et ça commence à être blanc et opaque… […]
Au bout du compte, toutes les scènes et le story-board sont complétés exactement comme prévu. C’est une grande fierté de rendre un projet qui est exactement comme ce que l’on avait proposé. Et à y réfléchir, c’est le premier clip que j’ai réalisé entièrement seul. Au départ, j’ai pensé engager des graphistes, découpeurs, animateurs et puis je me suis dit que ça serait moins bien.
Il vaut mieux un maladroit qui essaie de faire du adroit qu’un adroit qui essaie de faire du maladroit. J’ai eu l’occasion de le vérifier à maintes reprises.”
Le résultat est bluffant, et donne un coup de fraîcheur aux productions de plus en plus léchées qu’on peut trouver dans le monde du clip. Un portable, des feuilles de papier et une paire de ciseaux peuvent donc largement faire l’affaire. Il n’y a en revanche guère que Michel Gondry pour y arriver.