Si le bâtiment 7 d’Évry est désormais connu de tous les amateurs de rap et a été érigé tel un monument depuis un an, c’est en grande partie grâce à eux. Avec des artistes comme Mafia Spartiate ou Shotas, Koba LaD et son cousin Bolémvn ont mis la tour du parc aux Lièvres sur la carte de la scène rap française avec leurs succès respectifs.
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Koba LaD vient de dévoiler son second album L’Affranchi, après avoir tout explosé avec son premier effort VII l’année dernière. Bolémvn, lui, vient déjà de signer son retour avec un nouvel EP, Salut les terriens, alors que son premier projet Quel vie paru en novembre dernier lui avait offert une belle visibilité. Pour l’occasion, on a discuté de ce fameux bâtiment 7 avec les deux jeunes artistes.
(© Benjamin Marius Petit)
Konbini | Vous habitez où par rapport au bâtiment 7 dans le parc aux Lièvres ?
Koba LaD | Bolémvn habitait au bâtiment 9, et moi j’étais au bâtiment 1. J’ai emménagé là-bas en 2008.
Bolémvn | J’habitais au parc aux Lièvres mais j’ai déménagé car ils vont détruire la dalle. J’habite à Lisses maintenant. Je suis resté plus de dix ans là-bas, j’y étais avant Koba.
Koba LaD | Ça fait chier qu’ils le détruisent, mais bon, tu ne peux rien y faire. C’est l’État qui décide. Ils ont relogé des familles là, en commençant par tous ceux qui habitaient en haut de la tour. On traînait trop en haut, c’était la merde et ils en ont eu marre frère.
Bolémvn | Ça nous saoule de ouf, ça détruit les souvenirs mais c’est comme ça. C’est vrai qu’on ne peut rien y faire, on ne va pas faire une manifestation pour ça. Mais ça me fait un truc, je te mens pas.
Quel est votre meilleur souvenir du bât. 7 ?
Koba LaD | J’ai que des bons souvenirs là-bas, mais si je devais garder un truc, c’est les ambiances le soir. Après minuit, tu connais.
Bolémvn | On a beaucoup de souvenirs là-bas, genre vraiment beaucoup. Mais je pense qu’on vit nos meilleurs moments maintenant. Avant, on était tous dans un bâtiment, et là on se retrouve sur le devant de la scène. C’est lourd.
Quel est le meilleur endroit pour se poser dans le bât. 7 ?
Bolémvn | Le meilleur endroit, c’était le 7 clairement. Avant, c’était le bâtiment 14, mais c’était miné donc on est tous allés au 7 [rires]. Le 7, il a montré que c’était lui le daron.
Koba LaD | Il faut aller au dernier étage. On reste dans les escaliers, on est sombres mon pote. Avant, on pouvait aller sur le toit, mais c’est bloqué maintenant, tu ne peux plus y aller. C’est bloqué au dixième aussi, d’ailleurs.
Bolémvn | Dans le bât. 7, il se passe tout, tu connais. Ça fume, ça boit, ça rigole, ça se pose, ça se bat… Il y a tout, quoi ! Il y avait des sessions freestyle fort. Mais maintenant que c’est condamné, il n’y a presque plus personne dans le bâtiment.
(© Benjamin Marius Petit)
C’est le coin le plus rap du bât. 7 ?
Bolémvn | Soit au 14e étage, soit au 10e. Entre les deux, en fait. Mais plus globalement, tout le bâtiment, partout ça rappait frère ! Tous les étages ! Après les clips c’est devant, tu connais. On ne voit pas à l’intérieur [rires]. Tout ce qu’il se passe à l’intérieur reste à l’intérieur.
Koba LaD | Au 10e étage, c’est là que tout se passait. Avant, à l’ancienne, on se posait là-bas avec un joint, et on écrivait tous des textes pour freestyler. On était plein ! Maintenant, il y en a qui ont arrêté de rapper, mais quand on allait écrire des textes, tout le monde était motivé. Sur mon ordinateur, je dois avoir encore des vidéos de tout ça, à l’ancienne ! On était tous foncedés en plus. Une fois, on avait ramené des meufs et il y en a une qui était tellement défoncée qu’elle a pissé dans les escaliers [rires]. Laisse tomber les histoires.
Bolémvn | Les sessions freestyle, ça mettait des instru’ et ça posait direct. Après, moi, je n’en ai pas fait tant que ça, parce qu’à ce moment-là j’avais arrêté de rapper. C’était surtout les autres : Koba, Kodes et Zeze de la Mafia Spartiate… Moi, je devais travailler. Mais dès qu’on se posait, on était vraiment une mif tu vois, tous pareil. Les freestyles, tout le monde était bon. Chacun son délire, mais tout le monde était chaud.
Si le Bat 7 pouvait parler, qu’est-ce qu’il dirait ?
Bolémvn | Il dirait : “Putain, j’ai créé des bons gosses.” Je suis sûr qu’il serait fier de nous.
Koba LaD | Moi, je pense qu’il dirait : “Continuez à tout niquer les gars !” Wallah il serait fier de nous. Il faut bien se dire qu’à la base, le parc aux Lièvres, c’est le quartier le moins connu d’Évry. Aujourd’hui, c’est l’un des plus connus de France. Et ce grâce à nous, franchement c’est une fierté. C’est toute notre vie. On a grandi là-bas, c’est là qu’on a tout appris. C’est le bât. 7 mon pote, c’est mieux qu’on traîne là-bas.
Bolémvn | C’est le cœur du quartier. Il représente tout pour nous. On s’est fait connaître grâce à lui un peu, tu vois ? C’est quelque chose d’important dans notre carrière et même dans notre vie. C’est hyper symbolique. C’est le monument du quartier. Même les nouveaux rappeurs du quartier, ils ont juste à se mettre devant dans leurs clips sans forcément en parler, les gens vont capter. C’est quelque chose de fédérateur, c’est une bonne chose pour nous.
Koba LaD | Si le bât. 7 pouvait parler, il te raconterait des dingueries frérot. Il a son histoire. Il y a un gars à moi un jour il a tiré, la balle a ricoché bizarrement et ça lui a touché la jambe. Il y en a qui se sont fait niquer, des perquises de ouf. Il y a beaucoup d’histoires comme ça. Et beaucoup de cachettes aussi [rires].
(© Benjamin Marius Petit)
Comment le bât. 7 est devenu un tel vivier de talents du rap français ?
Koba LaD | On fait que d’en parler, et on essaie de le mettre en avant le plus possible. Chacun essaie d’avoir un peu sa singularité tu vois, mais le bât. 7, c’est un truc qu’on a en commun et qui est sacré.
Bolémvn | On se retrouve dans un quartier où il y a beaucoup de talent, on vient tous du même bâtiment et on a voulu le mettre en avant. Je pense que ça a interpellé les gens d’entendre partout parler du bât. 7 et de voir la densité de rappeurs qu’il y avait. Avoir autant de rappeurs dans un quartier, dans un bâtiment, c’est un truc de ouf.
Koba LaD | En vrai, à part le rap, il n’y a pas vraiment de talent je trouve. C’est la rue, mon pote. On voit beaucoup le rap, mais derrière c’est vraiment la street. À part pour fumer et boire [rires], mais moi j’ai arrêté le bédo. Comme ça je peux rester concentré sur la musique. Le pilon, ça bousille le crâne mon pote.
Bolémvn | Personnellement, ça m’a aidé qu’on soit plusieurs aussi, je vais pas te mentir. Je pense que ça a aidé tout le monde d’ailleurs. Ça intéresse les gens, tu vois. Quelqu’un qui va poser une question à Koba, c’est sûr qu’il va lui parler du 7. Je vois quelqu’un, c’est sûr qu’il va me parler du 7. On a créé notre propre mythe un peu, et ça nous a ramené jusqu’ici.
Koba LaD | On se donne de la force entre nous. Si un jour quelqu’un coule, nous on sera toujours là derrière. Si un jour c’est moi qui coule, je sais qu’il y aura mes gars derrière moi. On est une famille avant tout.
(© Benjamin Marius Petit)
Qui sont les prochaines pépites du bât. 7 ?
Koba LaD | Les prochaines pépites ? Shotas et Keusty, ils arrivent énervés ! Shotas, il a sa mixtape en juin et Keusty bosse encore. On verra, mais ils sont bons tous les deux.
Bolémvn | Keusty. C’est le plus actif. Après, il y a d’autres de ses potes qui rappent, mais je pense que c’est vraiment lui la pépite. Pour l’instant, il balance à mort, il se fait son trou et quand il aura l’opportunité d’un projet, il va le faire direct. Shotas en vrai, il est déjà installé quasiment, il vient de signer. La prochaine pépite, c’est Keusty, faites-moi confiance !
Bonus : C’est quoi le “bât. 7 bis” ?
Bolémvn | Ah non, ça c’est qu’entre nous ! C’est là où on se retrouve maintenant, je sais pas si un jour on aura les couilles de parler de ça. C’est un autre coin, secret défense ! [Rires.]