Aymeric Lompret : de la provoc et de l’engagement
(© Laura Gilli)
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L’humour de ce one-man-show est très hétéroclite et va des blagues les plus légères aux plus grasses. Dans ce spectacle riche et composite, le stand-upper joue parfois le gros beauf – presque aussi choquant qu’un Poelvoorde dans C’est arrivé près de chez vous – et s’engage sur tous les terrains : homophobie, sexisme, racisme. Il faut voir ça comme un exutoire, un coup de projecteur sur une société rongée par les inégalités et les rejets en tout genre. Car c’est aussi un spectacle engagé, politique. L’humoriste dénonce, à sa manière, et Macron en prend pour son grade. Aymeric Lompret va loin, très loin, à tel point qu’il dit ne pas tout assumer. On ressent les ondes de choc de ses blagues se répandre dans la salle chez des spectateurs mi-choqués, mi-excités, en tout cas impressionnés par ses bons mots.
Chez ce comique en train de se faire une place de choix dans le game du stand-up, on sent l’influence de Monsieur Fraize (artiste génial du mime) par son phrasé si particulier et sa façon de ménager des silences mais aussi par l’utilisation de l’absurde. Aymeric Lompret est un ami de Blanche Gardin et de Pierre-Emmanuel Barré, et clairement, on sent les affinités, avec le trash et la provoc.
Sous des apparences un peu foutraques, c’est un spectacle très bien écrit et très rythmé. Une vraie réussite !
Aymeric Lompret dans “Tant Pis” à L’Européen, tous les mardis, à 20 heures, jusqu’au 30 avril.
Marion Mezadorian, une pépite à découvrir d’urgence
(© Jean-Côme Cabanne)
La jeune femme propose (enfin) son premier spectacle, qu’elle écrit depuis 3 ans. Elle a été formée par le théâtre et on le sent. Son jeu et son regard lumineux nous apportent joie et rires.
Le fil conducteur de ce spectacle drôle et bienveillant est le suivant : l’humoriste cherche des pépites, qu’il s’agisse de gens, de situations, de moments… Elle nous embarque dans sa vie, de son enfance à Saint-Cannat, près d’Aix-en-Provence, avec son père qui l’emmenait faire les marchés, à son arrivée à Paris où les lignes de métro ont remplacé les ronds-points fleuris de lavande, en passant par sa famille arménienne. D’ailleurs, quand elle parle de ses origines, les gens font semblant de connaître l’Arménie, en lui citant Aznavour et Kim Kardashian, comme si on résumait toute la France à Johnny et Nabilla.
Elle conte une histoire, celle de sa vie, et y intègre des personnages – son père, sa grand-mère, sa copine parisienne, le petit garçon de 4 ans qu’elle garde – qu’elle incarne parfaitement, en les égratignant un peu au passage.
La jeune femme communique son énergie débordante à la salle tout au long du spectacle. Un coup de mou, courez la voir, elle transmet sa joie de vivre et son optimisme !
Marion Mezadorian dans Pépites, au théâtre du Marais, tous les mardis à 20 heures jusqu’au 26 mars. Une tournée en France débutera ensuite.
Riton Liebman : touchant conteur d’une vie folle
(© Yves Kerstius)
Riton Liebman, acteur originaire de Belgique, nous raconte, avec nostalgie et humour, sa (courte) carrière au cinéma dans les années 1970-1980. Il se refait devant nos yeux ébahis le film qu’a été sa vie. À 13 ans, il est déjà tête d’affiche de Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier et donne la réplique à deux monstres sacrés du cinéma : Patrick Dewaere et Gérard Depardieu. Comment se remettre d’une telle expérience ? C’est toute la question du spectacle. Il a ensuite tourné avec les plus grands de l’époque mais en n’ayant décroché que de petits rôles.
Nous sont contés ses révoltes adolescentes, ses tournages les plus fous, ses occasions professionnelles manquées, ses nuits aux Bains Douches. En proie aux excès et aux addictions, il délaisse peu à peu les tournages pour les soirées arrosées et la drogue. Ainsi qu’il le dit, il s’est pris les pieds dans le tapis aux portes du paradis. Comme les enfants stars, il revient toujours à son premier succès, qui le hante. Riton Liebman nous raconte l’histoire d’un homme qui s’est brûlé les ailes mais a vécu une renaissance grâce à l’humour et à une rage de vivre. Lorsqu’il prendra conscience qu’il doit avoir confiance en lui, il commencera à remonter la pente.
Riton se moque de lui-même – il est en pyjama pendant tout le spectacle – avec ce qu’il faut de pudeur, et ose mettre ses sentiments à nu. Les petites tragédies qui ont jalonné sa vie sont tournées le temps d’un spectacle “confession” en une autodérision salvatrice ! Une prestation originale et incarnée avec beaucoup d’anecdotes truculentes et une verve toute belge.
Riton Liebman dans “La Vedette du quartier”, au théâtre du Petit Saint-Martin, du mardi au samedi (une semaine sur deux à 19 heures et à 21 heures) jusqu’au 16 mars.
Aude Alisque : un spectacle décalé, osé et intime
(© Extrait de l’affiche du spectacle)
Après avoir écrit des livres à la fois humoristiques et érotiques (oui, c’est possible), Aude Alisque rejoint la troupe du Laugh Steady Crew et commence à enchaîner les plateaux d’humour de plus en plus prestigieux. Elle va proposer le 9 mars son premier seule en scène, fruit d’un travail de longue haleine.
Osé et absurde, son humour surprend. Elle met des “froufrous sur les tragédies de l’existence”. De ses histoires d’enfance (parfois très dures) qu’elle tourne en dérision à sa vie actuelle, entre récits de lose et grandes victoires sur elle-même, elle enchaîne les punchlines, les jeux de mots et les petites histoires drôles pleines d’esprit et de poésie. Après l’avoir vue à l’œuvre, on se dit que rien n’est grave et que tout peut aller mieux.
Toujours en évolution, son style reste résolument personnel et original. Entre cynisme et bouffées délirantes, les réflexions d’Aude Alisque risquent de ravir le public de La Petite Loge, un tout petit théâtre dans lequel les fous rires deviennent vite contagieux. Foncez !
Aude Alisque dans “Tout avait pourtant mal commencé”, à La Petite Loge, le samedi 9 mars 2019 à 21 h 30.
Tania Dutel : crue et sans concession
© Stéphane Rémael
Pendant une heure, Tania Dutel nous parle de sa vie, de ses tracas et de son quotidien. Un propos qui la concerne mais qui est frappant d’universalité. Ses névroses, son célibat, son surpoids, tout y passe et pourtant il est difficile de ne pas s’identifier. Crue, passant d’un sujet à un autre sans transition, Tania ne fait pas de concessions et c’est probablement cet aspect “brut de décoffrage” qui nous séduit.
En plus d’être extrêmement drôle, l’artiste aborde des sujets de société importants comme le féminisme, le sexisme, la grossophobie ou encore la sexualité. Elle démystifie certains sujets et libère la parole sur des thématiques encore souvent taboues. Derrière un aspect pince-sans-rire se cachent des punchlines acerbes et engagées, qui ne vous laisseront pas indifférent·e·s.
Le spectacle de Tania Dutel est actuellement prolongé à La Nouvelle Seine tous les vendredis et samedis à 20 h 15.