Publié sur Vimeo, Lost Kubrick, un documentaire de 2007, fait un tour d’horizon des projets cinéma avortés par Stanley Kubrick, parmi lesquels le légendaire biopic sur Napoléon Bonaparte.
Jack Nicholson dans la peau de Bonaparte. Avouez que ça aurait eu plus de gueule que Christian Clavier. Pourtant, Stanley Kubrick n’a jamais pu réaliser ce qui sonne comme un projet doué d’une ambition comparable à la démesure napoléonienne.
Célèbre pour ne pas être un réalisateur prolifique, mais au contraire un cinéaste pointilleux, le travail de documentation mené par le réalisateur d’Orange Mécanique lors de la préparation d’un tel biopic est titanesque. Soucieux du moindre détail, Kubrick a compilé et listé chacune des journées de l’Empereur. Entre autres choses, il a également conservé de la terre de Waterloo, champ de bataille napoléonienne s’il en est, afin de pouvoir donner la teinte exacte à la terre utilisée sur le tournage.
En fait, un film sur le conquérant corse, il y en a déjà eu un. C’est le cinéaste français Abel Gance qui le réalise en 1927, sous le nom de Napoléon. Déçu par cette version, Kubrick déclare alors : “il n’y a jamais eu de grand film historique” et entreprend, avec ce projet de biopic, d’accoucher du “meilleur film jamais réalisé”.
Difficile de parier sur un film non-réalisé, mais il n’aurait sans doute pas pu se donner davantage de moyens : un scénario de 186 pages, 50 000 figurants pour les batailles, constitution d’un dossier iconographique de 17 000 images d’époque photographiées puis conservées, 150 jours de tournage prévus…
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La suite de 2001, Le Parfum… et bien d’autres
Légendaire, ce projet de long-métrage n’est pas le seul à s’être soustrait au talent de son créateur. A.I, finalement réalisé par Spielberg, était initialement un projet qui a germé dans l’esprit du père de 2001, l’Odyssée de l’Espace. Et on peut légitimement imaginer que la version Kubrick aurait été bien différente – après tout, c’est lui qui a créé HAL 9000, l’intelligence artificielle à tendance control freak du vaisseau Discovery One.
En fait, plusieurs articles sur le web, ainsi que de nombreux bouquins, reviennent sur les films de Stanley Kubrick que nous ne verrons jamais. Ainsi 2010 : l’Année du Premier Contact, sequel de 2001 est finalement réalisé par un autre. Le Parfum : Histoire d’un Meurtrier, est lui aussi un projet avorté par le réalisateur de Barry Lyndon.
Après avoir acheté les droits à son auteur Patrick Süskind en 1985, soit trois ans après la parution du livre, Kubrick se brouille avec l’auteur et après une relation pleine de malentendus, c’est le réalisateur de Cours, Lola, Cours qui écope de l’adaptation, bien plus tard, en 2006. Entretemps, le maître aura eu le temps de disparaître, emportant nombre d’autres scénarios avortés avec lui.
Dans ce documentaire de Gary Leva, réalisé en 2007, figurent des témoignages et interviews de Jack Nicholson ; Sidney Pollcak ; Jan Harlan, producteur exécutif d’A.I ; Anthony Frewin, assistant de Kubrick sur le tournage de 2001 et toutes sortes de collaborateurs du génie, souvent considéré comme le cinéaste du XXème siècle.