Si le projet avance plutôt bien, l’équipe du film aura toutefois besoin d’un soutien financier pour le concrétiser. Rencontre avec le réalisateur Joris Faucon Grimaud.
À voir aussi sur Konbini
Il y a trois ans, il s’était fait remarquer avec une vidéo de sept minutes, postée sur YouTube, qui retraçait 120 ans de l’histoire du cinéma et avait fait le tour du Web. Désormais, le jeune cinéaste Joris Faucon Grimaud poursuit un autre projet, tout aussi osé et ambitieux : un court-métrage sur les origines de Voldemort. Une initiative d’autant plus louable que le résultat ne sera pas commercialisé, et sera uniquement dédié aux fans de la franchise Harry Potter.
Et ce film dispose déjà (en plus d’une page Facebook) d’une ébauche : un premier trailer – sorti le 2 octobre – très impressionnant. Visuellement, c’est très proche de l’univers de la saga originale d’Harry Potter, et il faut bien reconnaître qu’on est curieux de voir ce que cela pourrait donner dans une salle obscure.
Intitulé The House of Gaunt (Lord Voldemort Origins), le court-métrage pourrait pourtant ne jamais voir le jour. Si des personnalités et des fans soutiennent unanimement le projet, l’équipe du film a besoin de fonds. Une campagne a d’ores et déjà été lancée sur Ulule pour récolter les liquidités tant espérées (20 000 euros). Vous pourrez également y trouver de nombreux détails sur le film. Joris Faucon Grimaud, le réalisateur, nous explique la situation.
Konbini | Pourquoi se lancer dans un tel projet ?
Joris Faucon Grimaud | C’est parti d’un rêve de gosse. Personnellement, j’ai découvert Harry Potter à l’âge de 7 ans. C’est un projet pour faire plaisir aux fans, qui leur est destiné. Je voulais préparer un long-métrage, une véritable fiction, mais je me suis dit que ce court-métrage-là pourrait d’abord apporter pas mal de visibilité.
Je pense que c’est la bonne méthode, étant passionné de cinéma. Ce film sur Voldemort sera divisé en deux parties distinctes. Une première qui abordera ses ancêtres pour bien comprendre la psychologie et l’histoire du personnage. La deuxième évoquera son apogée, lorsque Voldemort a trente ou quarante ans. Le moment où il est tout-puissant et domine le monde des sorciers.
Avec quels moyens avez-vous pu tourner jusqu’à présent ?
C’est principalement des fonds personnels, puis on négocie tout ce qu’il est possible de négocier avec les loueurs. Le matériel, c’est clairement ce qui coûte le plus cher. Parfois, on a réussi à obtenir des rabais jusqu’à 80 %. Certains décors ont été faits avec de la récupération.
C’est un vrai sacrifice collectif. Réunir quarante bénévoles qui donnent autant de temps, d’efforts et d’investissements, ce n’est pas toujours évident. Mais on a une équipe ultrasoudée, et je suis certain que c’est bénéfique pour tout le monde.
D’où le projet de crowdfunding ?
Il y a une quarantaine de personnes sur le tournage, avec différents profils : de jeunes étudiants qui finissent à peine leur formation dans le cinéma, et des professionnels passionnés d’une quarantaine d’années qui travaillent pour de grosses boîtes. C’est un projet bénévole à but non lucratif.
On a déjà tourné la moitié du film, ce qui nous a coûté près de 15 000 euros. Et pour la deuxième partie, il nous faudrait un budget d’environ 20 000 euros. On veut faire plaisir aux fans, sachant qu’on reste fidèles aux livres. On a essayé de retranscrire l’atmosphère sordide, noire et sombre des bouquins.
Peut-on le considérer comme un film complémentaire de la saga ?
On ne voulait pas inventer une histoire. Pour le coup, c’est une vraie adaptation. On a été obligés de prendre quelques libertés sur l’œuvre initiale, mais on respecte totalement l’univers original, on peut s’y rattacher. Rien n’a été inventé sur le personnage de Voldemort.
Nous sommes partis du travail de J.K. Rowling dans ses livres pour adapter et respecter l’univers. L’idée, c’est vraiment de le montrer comme on ne l’a vu au cinéma. On souhaite se rapprocher le plus possible, avec nos moyens, du visuel et de l’univers de la saga. Qu’on puisse presque faire croire qu’il en fait intégralement partie.
On souhaite porter le fan film au maximum de ce qu’il peut être. Le rendu doit être professionnel, on ne voulait pas faire un fa film traditionnel un peu grossier et brouillon. C’est assez jouissif à faire, pour moi comme pour toute l’équipe. Il faut savoir qu’on est avant tout des passionnés.
Il y a un vrai enthousiasme autour de ce court-métrage…
C’est assez bizarre. Par exemple, l’autre jour j’ai reçu un message de Kev Adams sur Instagram. Je suis sûr qu’il y a plein de fans qui aimeraient voir le résultat. Ce serait bien que le projet bénéficie d’une vraie visibilité, pour qu’on arrive à concrétiser le film. Ce serait vraiment dommage qu’il ne voit pas le jour alors qu’on a déjà tourné la première partie. On est à la moitié du chemin.
Si le projet aboutit, quand peut-on espérer voir le film ? Sur quelle plateforme ?
Si la campagne de crowdfunding venait à aboutir, on pourrait envisager de recommencer à tourner d’ici à la fin de l’année. On a besoin d’environ huit jours de tournage pour la deuxième partie du film. Ensuite, il faudra environ quatre mois de postproduction. Ce qui veut dire que ce serait fini d’ici l’été, et qu’on pourrait envisager de le présenter dans des festivals indépendants. Une fois qu’il sera “en fin de vie”, il sera disponible sur YouTube. Gratuitement, sans publicité ni monétisation.
Le film entier durera environ vingt minutes [sans les génériques, ndlr]. Dix minutes pour chaque partie, ce qui promet d’être très intense. En ce moment, on essaie de négocier avec l’acteur qui incarnait Voldemort jeune dans Harry Potter et la chambre des secrets [Christian Coulson, ndlr] pour qu’il campe le rôle dans la deuxième partie du court-métrage. Il vient d’avoir quarante ans, ce qui correspond à l’âge de Voldemort dans la deuxième partie de notre film. Cela peut-être une super idée, et je pense que ça ferait plaisir aux fans.
En 2018, c’est toujours possible de faire du bon cinéma avec un petit budget ?
Oui, totalement. Même avec un simple iPhone. Ce qu’il faut, ce sont des bonnes idées. Qu’elles soient inédites. Vous prenez un smartphone, un appartement, et si vous avez de bonnes idées vous pouvez déjà vous éclater. Pas besoin de 30 000 euros, pas besoin de caméra hors de prix pour faire du cinéma. La créativité n’a pas de prix.