Ils n’ont jamais raté une seule édition des Vieilles Charrues (ou presque). Pour eux, cet événement annuel est l’occasion de profiter de leurs groupes favoris, d’en découvrir de nouveaux mais surtout de se retrouver entre potes. Nous avons suivi ces quadras et quinquas pendant une journée très conviviale.
Le Vieilles Charrues, ça fait maintenant 23 ans que ça existe. Malgré une édition 2013 déficitaire, les prairies de Carhaix ont accueilli cette année pas moins de 225 000 festivaliers du 17 au 20 juillet 2014 et l’événement garde son statut du plus gros festival en France, suivi, avec quelques 100 000 personnes en moins, par le Hellfest.
La recette du succès : de fidèles festivaliers qui depuis plusieurs années continuent d’être séduits par l’éclectisme de la programmation et par l’ambiance toujours festive et conviviale qui règne pendant quatre jours dans cette petite bourgade que peu de gens connaitraient sans le festival.
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Du vieux tracteur aux Vieilles Charrues
Quand on voit aujourd’hui le monde que draine le festival, on a du mal à s’imaginer à quoi pouvaient bien ressembler les premières éditions. Maryse, originaire de Carhaix, s’en souvient très bien :
La première fois, c’était en 1992. C’était un peu un gag, un truc créé par une bande de pote. Il y avait une ambiance de kermesse de village en fait. Par exemple, la toute première scène des Vieilles charrues c’était à Landeleau (une commune limitrophe de Carhaix) sur une remorque de tracteur !
Musique, champagne et patate au lard
Il est un peu plus de 15h, les Vieilles Charrues ouvrent bientôt leurs portes. Le premier réflexe pour les habitués c’est d’abord de retrouver ses amis. Il faut donc un point de ralliement : pour Maryse, Catherine, Gaëlle et les autres, ce sera “Chez Lolo”. Lolo, c’est une infirmière qui vit en région parisienne mais vient tous les ans au festival “pendant les quatre jours sinon ça ne vaut pas la peine !”
Le lieu est stratégique. Situé entre les deux grandes scènes principales, Glenmor et Kerouac, légèrement sur la gauche, assez proche pour distinguer le groupe sur scène et visionner les grands écrans, assez loin pour ne pas se faire piétiner par la foule mais aussi tout prêt du bar numéro 5. Bâche, chaises pliables, glacières… tout est prévu pour que le festival se passe pour le mieux.
Alors que le groupe Breton est sur scène, et malgré une petite averse à l’arrivée, le soleil tape vite et le gosier commence à se dessécher. Alors direction le bar 5, tout proche. Une petite bière pour se désaltérer. C’est Jean-François, bénévole depuis 20 ans, qui nous sert. Il divulgue les secrets de son poste : “le bar numéro 5, c’est l’équipe de rugby qui s’en occupe depuis qu’on est sur le site de Kerampuilh“. Avant, les rugbymen étaient surtout assignés au service d’ordre :
On allait chercher les gros bœufs, les rugbymen, pour faire la sécurité.
On a la chance d’être dans le site, y’a une super ambiance et en plus quand on travaille, on peut quand même profiter des concerts.
On en avait marre de pas se retrouver et de dépenser tous nos textos donc on est partie d’un délire, on a fait ce drapeau et on l’a gardé depuis.
“Je réserve mes vacances en fonction du festival”
S’il y a bien une chose sur laquelle tous ces habitués s’accordent, c’est que les Vieilles Charrues, c’est vraiment le rendez-vous annuel qu’ils ne veulent pas louper. Jean-François, l’ancien rugbyman du bar 5, confirme :
C’est vrai que je ne me vois pas faire une année sans les Vieilles Charrues, parce que quelque part ça fait partie de ma vie, ça fait pratiquement 20 ans que je suis bénévole, je pose mes congés en fonction et puis on a l’impression d’être une grande famille.
On a tous des métiers prenants, ici c’est l’exutoire, on fait tomber le costume et on raterait ça pour rien au monde !
S’ils sont assez courageux pour supporter le camping, Marie avoue qu’elle s’est “assagie” et que ça fait six qu’elle ne dort plus sous la tente : “c’était trop fatigant ! Mais c’est pas grave on retrouve nos amis sur le site et on reste tard”. D’ailleurs pour être sûrs de ne pas rater cette réunion entre potes, ils réservent tous leurs billets avant même de connaître le programme. Catherine, une amie d’enfance de Maryse, avoue :
On s’en fiche un peu de la programmation en fait, on prend le forfait et on sait qu’on trouvera bien quelque chose qui nous plait. Il y en a toujours pour tous les goûts.
Ce n’est pas pour rien que les Vieilles Charrues font partie de ces rares festivals qui peuvent se permettre de vendre des places (souvent des forfaits quatre jours) avant même de dévoiler la programmation. Au-delà de l’aspect familial de l’événement, C’est l’éclectisme musical qui séduit les habitués. Et d’ailleurs, au fil des années, ils ont vu un paquet de stars sur scène.
Souvenirs Souvenirs
Je ne connaissais pas mais j’ai beaucoup aimé alors que je ne suis pas vraiment rap d’habitude. Sinon, mon meilleur souvenir c’est lorsqu’il y a eu la même soirée à la suite Noir Désir, Louise Attaque et Matmatah, c’était de la folie ! Ça fait quelques années déjà !
D’ailleurs lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de l’évolution du festival, une pointe de nostalgie est là :
Je ne veux pas faire le procès des Vieilles Charrues mais c’est vrai que c’était plus convivial avant. On a un peu changé maintenant, on est plus tenu au rendement. J’ai eu mes gamins qui ont été bénévoles, un moment on a été cinq, ma femme et mes trois gamins. Quelque part, t’as l’impression d’appartenir à une même famille.
Car aux Vieilles Charrues, la tradition se perpétue de génération en génération. Alors que les enfants de Maryse l’ont accompagnée depuis tout petits, ils vont désormais camper avec leurs potes sur le site et passent de temps en temps pour faire un petit coucou. D’ailleurs, le Nantais qui brandit toujours aussi fièrement le drapeau breton est heureux de lancer : “Il y a les enfants qui prennent la relève maintenant, nos filles”, avant de se rasséréner : “enfin il n’y a pas à prendre le relais, on est pas en retraite hein !“.
De retour chez Lolo, elle taquine Marie : “T’inquiète pas, on viendra quand même te chercher, en fauteuil roulant s’il le faut, quand tu seras à la maison de retraite dans quelques années !” Donc si vous allez aux Vieilles Charrues et que vous êtes à la recherche de la bande, observez bien : vous les trouverez facilement, ils sont infatigables et ce sont souvent les premiers arrivés et les derniers partis.