Avec le confinement, les salles de cinéma ont fermé et les sorties des films sont sans cesse repoussées. Pourtant, il existe une autre manière de consommer le cinéma, entre les plateformes, les livres et les podcasts. Ces derniers se présentent comme une bonne alternative pour ceux qui commencent à devenir allergiques aux écrans.
Pendant que l’on fait la vaisselle, que l’on patauge dans sa baignoire, que l’on réfléchit au sens de la vie dans les transports en commun ou que l’on fait les corvées protocolaires du dimanche, les podcasts adoucissent notre quotidien et nous permettent de sortir de notre intimité pour pénétrer dans celle des autres. Débats, coups de cœur ou provocations, les idées qui bâtissent ces émissions vous feront voyager au gré de votre mood. Cinéphiles, voici notre sélection (non exhaustive) de podcasts à mettre dans vos oreilles.
À voir aussi sur Konbini
#1. Pour se marrer
Toutes les deux semaines, les petits rigolos du site Nanarland se réunissent pour partager avec les auditeurs leur passion pour les bienheureux nanars, ces films tellement mauvais qu’ils en deviennent géniaux, voire cultes. Nanarland, c’est donc le podcast du ratage, du carnage et autres désastres où tout est prétexte à évoquer la crème du pire du septième art.
Ainsi, à chaque nouvelle saison, Noël, Halloween, été ou la Saint-Valentin, son florilège de mauvais films et toute actualité deviennent l’occasion de rebondir sur une sélection de nanars. Dans le dernier épisode absolument délectable et pour la Journée internationale de la traduction, l’heure était aux mauvais doublages dans les nanars.
Et comme les ratages ne sont pas l’apanage d’un temps cinématographique révolu, Cats, la catastrophe industrielle en CGI signée Tom Hooper, a eu le droit à un épisode dédié, pour notre plus grand plaisir.
Deux fois par mois, une à deux heures de pépites et trésors oubliés du pays du nanar sont donc au programme de Nanarland.
#2. Pour les amateurs de discussions ciné à la cool
Les amateurs du YouTube cinéphiles ont de quoi faire du côté des podcasts. On pense à InThePanda et à son podcast d’actu Pardon le cinéma, mais aussi à Tales from the Click et son podcast We Love TFTC. Ce dernier est un vrai cadeau pour les cinéphiles adeptes de l’Internet. La recette est simple : une équipe, constituée de Jean-Baptiste Toussaint, Guillaume Brouzes et Aurélien Chapuis, qui reçoit un·e invité·e, affilié·e de près ou de loin à la sphère Internet, pour parler d’un film culte.
En un an et une vingtaine de podcasts ont été abordés Jurassic Park, La Haine, Interstellar, The Truman Show, Roger Rabbit ou même La Ligne verte. Mais plus que de raconter tout un tas d’histoires et de secrets sur un film, ce podcast est une discussion à la cool sur de nombreux sujets, des petites chroniques, des jeux – et aussi des anecdotes. Une espèce de FloodCast, en gros, mais lié à un film précis. Totalement cool et addictif.
#3. Pour éveiller sa conscience féministe
Si Louie Media produit bon nombre de podcasts de qualité depuis plusieurs années déjà, sous la houlette de Mélissa Bounoua et Charlotte Pudlowski, le studio s’est penché sur la figure d’Alice Guy dans Une autre histoire. Première réalisatrice, scénariste et productrice de l’histoire, cette figure révolutionnaire oubliée est réhabilitée dans ce podcast qui retrace son parcours, de ses débuts en tant que secrétaire au Comptoir général de la photographie chez Gaumont à sa ruine et la revendication de son travail en passant par son ascension aux États-Unis. En six épisodes, Yasmine Benkiran dépeint l’injustice qu’a subi Alice Guy, littéralement effacée de l’histoire du cinéma malgré les milliers de films à son actif.
Du côté de Binge Audio, et dans un tout autre registre, la journaliste Victoire Tuaillon s’intéresse régulièrement aux différentes masculinités contemporaines avec un·e invité·e. Parmi les temps forts de ce podcast essentiel, la fondatrice a accueilli Iris Brey pour aborder une thématique essentielle au cinéma, celle du female gaze. Ce concept, qui ne s’oppose pas directement au male gaze et qui biaise la représentation des femmes à l’écran, entre objectivisation et sexualisation parce qu’elles sont pensées par des hommes et pour des hommes, permet de réfléchir à différentes manières de filmer, de raconter des histoires et de les évaluer en termes critiques, en offrant un nouveau regard sur les femmes. En se penchant sur Titanic, Portrait de la jeune fille en feu ou encore Cléo de 5 à 7, Victoire Tuaillon et Iris Brey nous ouvrent les yeux sur les œuvres qui ont forgé notre culture et influencé notre cerveau.
#4. Pour les amoureux des livres
Une fois par mois, Adapte-moi si tu peux compare un livre à son adaptation sur grand ou petit écran, en commençant par la lecture de quelques pages avant de se plonger dans le vif du sujet. Les fondatrices, Victoire Bocquillon, Pascale Charpenet et Manon Vercouter, décryptent avec leurs invité·e·s une œuvre phare de la pop culture ou de l’actualité culturelle en se foutant de la gueule des personnages, comme dans l’épisode sur Twilight, ou en débattant des intentions des protagonistes, comme dans l’épisode sur Les Quatre Filles du docteur March.
Que vous soyez un rat de bibliothèque, un lecteur occasionnel de romans de gare ou que vous attendiez d’être échoué sur une serviette de plage pour ouvrir un bouquin, ce podcast est très abordable, entre ses rires contagieux et sa ligne éditoriale plutôt mainstream. Confectionné avec passion et soin par des lectrices cinéphiles, ce podcast s’épanche parfois sur la fabrication des œuvres en livrant quelques anecdotes, mais ausculte surtout les différentes approches des écrivains et cinéastes pour raconter le même récit. Une mine d’or pour ceux qui n’arrivent pas à se décider entre bouquiner au coin du feu et se blottir sous un plaid devant sa télévision.
#5. Pour les mordus de sciences
7e science est un podcast de l’écurie Binge Audio, qui côtoie notamment les excellents À bientôt de te revoir, Les couilles sur la table ou encore feu NoCiné. Pour ce podcast, l’éditeur s’est associé à la Sorbonne afin de décortiquer la relation entre fictions et sciences à partir de films qui ont marqué l’histoire du cinéma.
De façon plus ou moins régulière, la journaliste cinéma Perrine Quennesson invite donc à son micro un·e expert·e qui parle de son rapport au film du jour et développe la problématique scientifique qui en découle. Dans 7e science, le cinéma est surtout un prétexte pour parler de sciences, mais cet angle, à la fois original et inédit, nous a séduits.
En 30 minutes, c’est la science dans toute sa diversité dont il est question. La rigueur scientifique est quant à elle toujours au rendez-vous grâce à des expert·e·s sélectionné·e·s avec soin. Ainsi, Interstellar fut donc l’occasion de définir avec précision ce qu’est un trou noir, Requiem for a Dream a permis d’interroger les mécanismes de l’addiction et Au nom de la terre les enjeux de l’agriculture moderne.
Après une première saison de sept épisodes, 7e Science entame sa saison 2, disponible sur toutes les applications de podcasts sur iOS et Android.
Un article écrit avec Arthur Cios et Manon Marcillat.