Malgré sa popularité, Viggo Mortensen se retrouve régulièrement au cœur de polémiques depuis quelques années. En 2018 sortait Green Book, dans lequel il interprétait un chauffeur raciste chargé de conduire un musicien noir en tournée dans une Amérique ségrégationniste.
Couronné de l’Oscar du Meilleur film, le film de Peter Farrelly s’était rapidement retrouvé sous le feu des critiques, accusé de véhiculer le cliché raciste du “white savior” (le “sauveur blanc” en français). L’acteur danois avait été également interrogé sur sa légitimé à incarner un personnage italo-américain.
Rebelote cette année avec Falling, son premier long-métrage en tant que réalisateur, où il incarne un fils dévoué qui entretient des relations complexes avec son père conservateur, homophobe, rétrograde et atteint de démence. Face à la maladie, il décide de vendre la ferme familiale et d’accueillir son père sous son toit à Los Angeles, avec son mari et sa fille.
Dans Falling, le personnage de Viggo Mortensen est un ancien pilote de ligne heureux en ménage, installé dans une vie de famille tranquille et son homosexualité n’est pas le sujet du film. Elle est cependant un prétexte supplémentaire pour son père d’exprimer encore davantage de mépris envers son fils.
Interrogé il y a quelques mois au sujet de son personnage de père homosexuel dans le 81e numéro de So Film, l’acteur avait expliqué ce choix scénaristique de la façon suivante :
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“La famille de John pourrait être hétéro. Au moment du scénario, j’ai écrit ‘Chéri, j’arrive tout de suite’, et je me suis demandé : ‘Et si maintenant, c’était un homme ?’ Je me suis dit, on va voir ce qu’il se passe, quel impact ça a. Et j’ai gardé ça parce que j’ai trouvé que ça expliquait encore plus l’insatisfaction que ressent le père vis-à-vis de l’homme qu’est devenu son fils.”
Une interrogation légitime
Mais le torchon brûle actuellement à Hollywood entre les partisans de la liberté d’interprétation et ceux qui souhaitent que les personnages gays soient réservés aux acteurs gays, qui souffrent encore et toujours d’un manque de représentation à l’écran.
Falling est auréolé d’une presse enthousiaste mais, entre éloges et polémique, il n’y a parfois qu’un pas. À l’heure où le film sort dans les salles obscures (il est attendu le 30 décembre prochain dans les cinémas français), la légitimé de Viggo Mortensen à endosser un rôle d’homme homosexuel est interrogée. Une interrogation légitime puisque son personnage se fait le réceptacle des insultes homophobes de son père. L’acteur a répondu aux critiques dans les colonnes du Times.
“Il est normal que le sujet soit abordé. Mais je ne pensais pas que ce serait un problème. Des gens me demandent si Terry Chen qui joue mon mari est homosexuel. La réponse est que je n’en sais rien et que je ne poserais jamais une telle question lors d’un casting.”
Avant de poursuivre : “Et que savez-vous de ma vie ? Vous partez du principe que je suis complètement hétérosexuel. Peut-être, peut-être pas. Ça ne vous regarde en aucun cas.”
Récemment, c’est Kristen Stewart qui a pris part à cet épineux débat. L’actrice à l’affiche de Happiest Season, la première rom-com de Noël lesbienne, qui a fait son coming out officiel en 2016, a avancé une position nuancée sur le sujet, évoquant une zone grise sur laquelle elle ne cesse de se questionner.
“Tu dois savoir si tu es autorisé ou pas à le faire de cette manière. Si tu racontes une histoire sur une communauté spécifique et que celle-ci ne te considère pas comme une alliée, tu dégages. Mais si elle te considère comme une alliée et te laisse y prendre part, c’est qu’il y a quelque chose qui t’y a conduit et qui rend ta perspective unique. Il n’y a rien de mal à vouloir apprendre les uns des autres. On peut s’entraider à raconter des histoires”, a expliqué l’actrice dans les colonnes de ‘Variety’.
Le débat est donc loin d’être clos.