En France, les salles de cinéma sont fermées depuis fin octobre 2020, et les distributeurs et les exploitants sont inquiets face à l’accumulation des films qui ne sortent pas. Au total, plus de 400 films attendent d’être dévoilés au public sur le territoire hexagonal, obligeant parfois les plateformes de streaming à récupérer les œuvres pour alléger l’agenda global de l’industrie. Pour rappel, alors que la France traverse un troisième confinement, le gouvernement n’a toujours pas annoncé la réouverture des salles.
Pour réinventer le cinéma de demain, BLIC, BLOC et ARP, les organisations professionnelles majeures du cinéma, ont œuvré sur une proposition commune en vue de l’adoption d’un nouvel accord sur la chronologie des médias, comme le rapporte leur communiqué publié le 6 avril. Pour ceux qui ne sauraient pas vraiment à quoi correspond cette sacro-sainte chronologie des médias, les institutions rappellent d’emblée que “l’accord sur la chronologie des médias est la pierre angulaire à la fois d’un système de financement des films dont la solidité et la vertu ne sont plus à démontrer, mais aussi d’une diffusion successive des œuvres et d’un accès adapté aux usages des publics”.
Avec l’avènement des plateformes de streaming, le sujet de la chronologie des médias était déjà largement discuté et contesté par les professionnels du secteur, qui sont nombreux à trouver le système trop rigide en France. Les circonstances actuelles pourraient donc accélérer un assouplissement des règles du jeu. En juin dernier, le CNC avait déjà pris des mesures similaires pour permettre à certains films de sortir directement en VOD ou DVD, sans perdre leurs financements.
Cette fois, le scénario proposé va dans le sens d’une simplification de l’accord actuel, avec un démarrage des diffusions audiovisuelles à six mois après la sortie en salle :
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“Cette proposition veille à préserver les équilibres fondamentaux de l’actuelle chronologie, en améliorant la disponibilité des œuvres pour le public, tout en organisant un accroissement de valeur globale pour l’ensemble de la filière.”
Se repositionner sur le marché
© Schéma Le Film français
- d’investissement sous forme (par ordre de priorité) d’un taux minimum d’obligation cinéma et/ou d’un minimum garanti par abonné et/ou d’un montant en valeur absolue
- de transparence des données (sur le chiffre d’affaires et sur le nombre d’abonnés) incluant un bilan d’étape
- de respect du droit moral des auteurs et du principe d’une rémunération vertueuse basée sur la solidarité et la mutualisation
- de prévision d’un ratio d’achats et de pré-achats, ainsi que de films EOF et européens
- d’inclusion d’une clause de diversité et clause de volume, pour les achats et les préachats
- de limitation, au sein des achats d’œuvres de catalogue, de la part d’auto-alimentation des diffuseurs (c’est-à-dire de la part d’achats effectués au sein de leur propre catalogue ou de celui de leurs filiales)
- d’éditorialisation de l’offre.
Ainsi, selon cet accord, les services de streaming devraient non seulement investir un minimum de leurs revenus annuels dans des films sortis en salle, mais aussi être transparents sur leur nombre d’abonnés et leur chiffre d’affaires annuel en France. Face à l’empire Netflix qui ne cesse de s’étendre, les industriels français estiment qu’ils seront prêts à augmenter considérablement leurs investissements et préfinancements de contenus locaux afin d’être mieux positionnés sur le marché local, comme l’indique Variety.
Obligation de programmation, d’investissement, de préfinancement… depuis des années, les chaînes de télévision françaises râlent tout en clamant être désavantagées par rapport aux services de streaming américains. Ce scénario, se voulant plus égalitaire, servira de base pour trancher et signer un accord définitif qui doit intervenir au plus tard début juillet.