Les conditions météo ont rebattu en partie les cartes de la viticulture mondiale en 2021, les trois principaux producteurs européens – Italie, Espagne et France – prévoyant une forte baisse de leurs volumes tandis que l’hémisphère sud devrait enregistrer une production record. Au bout du compte, la récolte mondiale de vin devrait être “extrêmement faible” en volume en 2021, a annoncé jeudi l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV).
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La production mondiale de vin est estimée aux alentours de 250 millions d’hectolitres, “à peine supérieure” à celle “historiquement faible de 2017“, selon les premières estimations de l’organisation basée à Paris. La baisse serait d’environ 4 % par rapport à 2020. Le secteur viti-vinicole, qui a su se montrer “résilient et créatif” pendant la crise du Covid-19 en 2020, “affronte un problème bien plus important que la pandémie : le changement climatique”, a estimé le directeur général de l’OIV, l’Espagnol Pau Roca, lors d’une conférence de presse en ligne. Les “anomalies climatiques” sont de plus en plus fréquentes, a-t-il relevé.
“Il n’y a pas de vaccin” face au dérèglement climatique mais “il y a des solutions à long terme, qui vont nécessiter de grands efforts en matière de pratiques durables pour la culture de la vigne et l’élaboration du vin”, dit-il. “C’est une impérieuse nécessité”. Dans l’Union européenne, la France est celle qui a “subi le plus durement les effets d’un millésime désastreux”, avec de fortes gelées en avril, suivies de pluies estivales, d’orages de grêle et d’épisodes de mildiou, un champignon parasite, a souligné l’OIV. Deuxième producteur mondial en 2020 derrière l’Italie, elle devrait passer à la troisième place, derrière l’Espagne, pour la première fois depuis 2013.
À eux trois, ces pays, qui représentent 45 % de la production mondiale, ont perdu environ 22 millions d’hectolitres par rapport à 2020. La production italienne devrait représenter 44,5 millions d’hectolitres en 2021, en baisse de 9 % sur un an. L’Espagne prévoit une production de 35 millions d’hectolitres (-14 %). La France arriverait juste après, avec 34,2 millions d’hectolitres (-27 %). “Soit son plus bas volume de production depuis 1957”, selon Pau Roca.
Consommation en hausse
En revanche, l’Allemagne, quatrième producteur européen, a tiré son épingle du jeu, avec une production en hausse de 4 % à 8,8 millions d’hectolitres. Hors UE, la Suisse devrait voir sa récolte chuter de 10 % à 0,8 million d’hectolitres, un plus bas depuis 20 ans. Aux États-Unis, la production est estimée à 24,1 millions d’hectolitres, en hausse de 6 % par rapport à 2020, année marquée par des incendies.
La Chine n’a pas encore fait connaître ses prévisions de récolte mais l’OIV s’attend à “une nouvelle baisse de la production et de la consommation de vin”, indique Giorgio Delgrosso, chef du service Statistiques de l’OIV. Quant à l’hémisphère sud, il peut avoir le sourire. 2021 a été “très positive” pour ses vignobles, après une mauvaise année 2020. La production de vin devrait y atteindre le niveau record de 59 millions d’hectolitres (+19 %).
En Amérique du Sud, le Chili a produit 13,4 millions d’hectolitres (+30 % sur un an), un plus haut depuis 20 ans. L’Argentine suit, avec 12,5 millions d’hectolitres (+16 %). Le Brésil affiche un bond de 60 % à 3,6 millions d’hectolitres. Côté Océanie, l’Australie a vu sa récolte augmenter de 30 % à 14,2 millions d’hectolitres, un plus haut depuis 2006.
Y aura-t-il assez de vin cette année pour étancher la soif des Terriens ? Pau Roca n’est “pas du tout pessimiste” sur ce plan car il y a assez de stocks, selon lui. L’OIV s’attend à un rebond de 2 % de la consommation mondiale de vin cette année, après une baisse de 3 % en 2020, année fortement affectée par les restrictions sanitaires liées au Covid-19, souligne Giorgio Delgrosso. “La consommation va retrouver son niveau pré-pandémie sauf en Chine”, prédit-il.
Konbini avec AFP