Qui est Neige, la vache égérie (très agitée) du Salon de l’agriculture ?

Qui est Neige, la vache égérie (très agitée) du Salon de l’agriculture ?

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© Philippe Desmazes/AFP

Née sur une piste de ski, elle sera la star du prochain salon.

Quand la porte de l’étable s’ouvre, Neige se lève et fixe le visiteur. La vache égérie du Salon de l’agriculture, attendue jeudi soir porte de Versailles, “sait recevoir des journalistes”, s’amuse l’éleveur savoyard Philippe Missillier, un habitué du show parisien. Si Neige a été sélectionnée dans la pâture, c’est qu’elle incarne tous les canons de beauté de la race alpine abondance : robuste, adaptée à la montagne et riche en lait.

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Une vache modèle, comme dans les albums d’enfants ou les publicités, avec des mensurations supérieures à la moyenne (1,42 mètre au sacrum pour un peu plus de 650 kilogrammes), une mamelle très bien notée, une robe pie, un corps acajou mis en valeur par un ventre blanc, et une tête blanche aux yeux cerclés de “lunettes” rouges. “J’ignore si elle a conscience d’être belle, mais elle est fière de se montrer. Maintenant, elle porte sa tête bien haut” dès qu’elle sort, remarque l’éleveur installé sur les hauteurs du village du Grand-Bornand (Haute-Savoie), dans la chaîne des Aravis.

Ce jovial quinquagénaire la prépare à son séjour parisien : il a équipé l’étable d’une radio et d’un spot lumineux pour “l’habituer au bruit et aux flashs”. Et puis, “on la cajole et on la brosse tous les jours”. À 52 ans, il a 47 vaches laitières abondances dans son exploitation familiale. C’est un habitué des salons agricoles et des prix : l’exercice exige “un éleveur qui connaît bien la race, accepte de se prêter au jeu et d’y consacrer du temps”, dit-il.

Star du village

Le mur extérieur de son étable aligne les récompenses collectées ces deux dernières décennies. Il reste peu de place et s’il le faut, “on ajoutera une latte au-dessus”, prévoit l’éleveur en riant. Née sur une piste de ski, sur les pâtures familiales, en août 2017 (l’année des noms en N), Neige a grandi comme toutes ses compagnes chez un autre éleveur. Elle a séjourné à Avressieux (Haute-Savoie), au pied du massif des Bauges. Puis, elle est revenue au Grand-Bornand à 3 ans, une fois en âge de vêler et de donner du lait, pour la production de reblochon fermier, de fromage à raclette ou de tomme. Skieuse, sa fille, née en 2021 – année du S – suit le même parcours.

© Philippe Desmazes/AFP

Comme le reste du troupeau, Neige reste à l’étable en hiver, au chaud, à côté de sa voisine Gentiane, une des doyennes de l’élevage. De mai à octobre, les Missillier prennent leurs quartiers d’été avec leurs bêtes dans les alpages. En altitude comme à la ferme, la traite se fait deux fois par jour, matin et soir. Grâce à ses gènes, Neige peut fournir jusqu’à 35 litres de lait par jour.

Pour la famille Missillier, cela représente six à sept reblochons fabriqués sur place et vendus pour partie dans une boutique près de l’étable. La demande de fromages fermiers vendus sous étiquette AOC (appellation d’origine contrôlée) est très forte dans la région, surtout pendant la saison de ski qui rythme la production familiale.

Neige est la sensation du moment au Grand-Bornand, où un dicton local promet “2 000 vaches pour 2 000 habitants”. Des vacanciers demandent à la voir. “C’est une fierté, on en parle entre nous”, confie Bruno Bétemps, le boulanger qui l’a prise comme modèle pour les vaches en chocolat de sa vitrine, avec un écriteau “Je m’appelle Neige” et une photo de l’égérie. Depuis sa sélection, la nouvelle star s’est habituée aux visites. Elle “aime bien le contact”, même avec les inconnus, dit son propriétaire.

Quand il se trouve près d’elle, la vache suit ses mouvements de la tête, toujours prête à lui réclamer une caresse ou à lui lécher les doigts. Selon les calculs de Philippe Missillier, Neige devrait voir passer “70 % des visiteurs” attendus pour le grand rendez-vous du salon agricole que ne rateront sans doute pas les candidats à l’élection présidentielle. Puis elle reprendra sa place dans l’étable, “sans faveur particulière”.

Konbini food avec AFP