La production du fruit adoré par Instagram a une face sombre : des conséquences néfastes sur l’environnement et des liens avec les cartels de drogue au Mexique.
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L’avocat est à la mode. Sur Instagram, on en voit de toutes les formes. C’est beau, c’est bon, ça va avec tout, de la salade au sandwich en passant par des sauces. En plus c’est un “super aliment” et dans un monde obsédé par le manger sain, ça compte. La plupart des sites de cuisine recommande d’en manger au moins un par jour pour ses nombreuses vertus : des vitamines, des nutriments, des bonnes graisses… S’il est bon pour la santé, l’avocat l’est beaucoup moins pour la planète ou pour les agriculteurs mexicains qui le produisent. Il est temps de faire face à une dure réalité : le fruit vert a une face cachée bien sombre faite de dégradation de l’environnement, de déforestation et de liens avec le trafic de drogue mexicain, comme l’explique le Guardian.
Le Mexique est le premier producteur d’avocats du monde. Le pays nourrit surtout son voisin, les Etats-Unis, où l’avocado toast est presque devenu une religion. Mais la passion des avocats s’est répandue partout. La France est le 3ème importateur mondial. Nos avocats proviennent surtout des Antilles, d’Israël, d’Espagne mais aussi d’Amérique Latine.
Pour produire plus, les agriculteurs se sont mis à couper des arbres
Pour les agriculteurs mexicains, les avocats sont rentables, plus que n’importe quelle production et surtout beaucoup plus que les forêts de pins qui ne demandaient rien à personne. Du coup, ils se sont mis à couper des arbres pour faire pousser des avocatiers. “Tôt ou tard, ils finiront par couper tous les pins”, explique un membre des autorités fédérales à Associated Press. Entre 2000 et 2010, 690 hectares de forêt ont été détruits.
La déforestation est une préoccupation majeure à laquelle s’ajoutent les besoins en eau pour la production d’avocat. En effet, l’avocatier demande en moyenne deux fois plus d’eau que d’autres arbres. Et avec l’agriculture de masse vient l’utilisation de produits chimiques et autre insecticides menaçant les environs et le bien être des habitants, comme le dénonce Greenpeace.
Au Mexique, les cartels rackettent les producteurs
Ces problèmes environnementaux concernent particulièrement le Mexique, premier producteur, mais aussi les autres pays exportateurs, en Asie, en Afrique ou dans les Antilles. Et c’est sans compter les problèmes de conditions de travail des employés, des travailleurs illégaux… Une particularité mexicaine en revanche : quand vous achetez un avocat du Mexique, vous reversez très sûrement de l’argent à un cartel de drogues. Flairant le cash, les dealeurs se sont rapprochés des producteurs pour racketter les bénéfices de leurs ventes.
“Le fond du problème, c’est que plus notre nourriture vient de loin de chez nous, moins on interrogera son origine et son impact sur les travailleurs et l’environnement locaux. L’idée n’est pas de boycotter les importations d’aliments qui ne peuvent pas être produits près de nous mais c’est une raison importante pour refuser qu’on fétichise ou qu’on établisse un produit comme le nouveau “super aliment” à la mode”, résume une tribune du Guardian.
Rassurez-vous, vous pouvez continuer à acheter des avocats, en faisant attention à leur provenance. Le sigle Commerce équitable qui garantit des conditions de travail décentes et une meilleure rémunération est un bon moyen de contourner ces problèmes. Sinon, il y a toujours la possibilité de manger autre chose, qui ne vient pas du bout du monde et qui demande moins d’eau pour sa production. L’avocat n’a pas le monopole des bonnes graisses et des vitamines. Ni de la belle photo sur Instagram.