Si le véganisme fait beaucoup couler d’encre en ce moment, l’alimentation purement végétale ne date en réalité pas d’aujourd’hui puisqu’elle remonterait… à nos ancêtres préhistoriques. Oui, oui !
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La population de végans en Europe est difficile à estimer. On connaît mieux les chiffres du végétarisme : 5 % de la population en Europe avec des pays à la traîne comme la France qui oscille entre 1,5 et 3 % ou des pays en tête comme le Royaume-Uni avec 14 %. Il semble d’ailleurs établi que c’est en Grande-Bretagne que le mouvement végan grandit le plus vite, avec un bon de 360 % cette dernière décennie selon The Independent. Aujourd’hui, chez nos voisins d’outre-Manche, 1,5 million de personnes se disent véganes, un mode de vie qui séduit en premier lieu les jeunes adultes.
Mais si le sujet de l’alimentation végétale s’invite de plus en plus à nos tables, celle-ci n’aurait en réalité rien de nouveau. Loin d’être des précurseurs, les végans, qu’ils soient sujets de fascination ou d’agacement, seraient en fait en phase avec nos premiers ancêtres de la préhistoire. Notons par ailleurs qu’il faudrait ainsi plutôt parler de végétalisme (qui se rapporte à l’alimentation), plutôt que de véganisme (qui recouvre une dimension plus vaste sur l’exploitation animale au sens large).
Non, nous n’étions pas des chasseurs à l’origine
“C’est dans notre nature de manger de la viande, nous étions des chasseurs à l’origine” : voici l’un des arguments préférés des omnivores pour expliquer aux végétariens ou végétaliens qu’ils ont adopté un régime alimentaire contre-nature et pas du tout en phase avec leur espèce. Archifaux répondent les chercheurs, à l’instar de l’archéologue Richard Leakey interrogé par The Independent. Nos ancêtres, à l’origine, avaient un régime alimentaire végétal et non carné, pour une raison simple : “Vous ne pouvez pas déchiqueter de la chair ni de la peau avec les mains. Nous n’aurions pas pu consommer de la nourriture nécessitant de grande canines“, avance-t-il.
En effet, si l’on remonte à nos ancêtre les plus lointains, c’est-à-dire il y a 7 millions d’années, on constate que les australopithèques (auxquels appartient Lucy) se nourrissaient principalement de noix, tubercules, fruits et racines, voire de quelques insectes. Ils pouvaient parfois manger de petits mammifère, mais de façon exceptionnelle. Nous aurions donc été cueilleurs avant de devenir, bien plus tard, des chasseurs, avec l’arrivée du feu il y a 400 000 ans.
La viande, un choix par défaut et lié à l’évolution
Toujours selon la théorie de Richard Leakey, les hommes avaient ainsi une alimentation végétale, qui pouvait devenir carnée par “opportunisme” s’ils se trouvaient à court de baies par exemple. Une alimentation somme toute similaire à celles de nos lointains cousins les chimpanzés, omnivores à dominante herbivore et frugivore et chasseurs occasionnels de petits mammifères.
Certains chercheurs estiment aussi que dans les régions nordiques, le régime carné de nos ancêtres à certaines périodes s’expliquait aussi par le manque de végétaux. Enfin, avec la révolution néolithique, 10 000 ans avant J.-C, l’homme quitte son statut de chasseur-cueilleur qui avait marqué l’avènement de sa consommation de viande avec la découverte du feu, pour devenir agriculteur-éleveur. L’apparition de céréales cultivées et la consommation de lait font baisser la consommation de viande. Loin d’être intrinsèque et “originelle”, l’alimentation carnivore de l’homme répond davantage à son adaptation et à son évolution dans son environnement au fil des époques.
La naissance du véganisme comme position morale politico-philosophique est, elle, plus récente
Le terme “véganisme” a lui cependant été inventé en 1944 par le Britannique Donald Watson, fondateur de la Vegan Society. Au-delà de l’alimentation, l’organisation définit le véganisme en tant que “philosophie et mode de vie qui tend à exclure, autant qu’il est possible, toutes formes d’exploitation et de cruauté faites aux animaux afin de se nourrir, se vêtir, ou dans n’importe quel autre but“.
Néanmoins, cette dimension éthique promue par le véganisme préexistait à Donald Watson, chez les hindous ou les bouddhistes par exemple, à travers les préceptes de la non-violence ou relativement aux théories de la réincarnation. On dit aussi que le pharaon égyptien Akhenaton avait banni les sacrifices animaliers, car il considérait comme un péché d’ôter la vie à un être vivant qui avait été créé par les dieux. On retrouve les idées de la conscience animale dans la Grèce antique chez Pythagore ou chez Plotin. Des réflexion qui ne datent donc pas d’hier. Pour conclure, on peut donc affirmer que, oui, le véganisme, c’est super mainstream.