Selon une étude qui fait polémique, la génération des millennials accro aux photographies de nourriture serait encline à gaspiller plus que la moyenne. La génération foodporn est-elle plus sujette au gâchis ?
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Selon une enquête menée par la chaîne de supermarchés britannique Sainsbury et rapportée par plusieurs médias dont le Guardian, l’amour du foodporn conduirait les jeunes internautes à gaspiller. Une étude anglo-saxone qui rappelle que 15 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année à la poubelle dans le pays. Et voici ce qu’elle en a conclu : les consommateurs plus âgés de la génération post-Seconde Guerre mondiale adopteraient davantage une attitude de rationnement vis-à-vis la nourriture.
Tandis que les 18-34 ans, davantage préoccupés par l’allure de leurs plats sur les réseaux sociaux, auraient plus tendance à gâcher. L’amour du gram, quitte à ce que le contenu de la photo finisse à la poubelle. Une analyse qui révèle sans doute une part de vérité mais qui agace certains observateurs.
Trop d’exotisme dans l’assiette conduirait à trop de gâchis
L’étude soulève que la jeune génération aurait une attitude plus volubile avec la nourriture que ses aînées (manger pour vivre versus vivre pour manger). Autrement dit, le plaisir prendrait le pas sur la nécessité, faisant parfois de notre assiette le centre de notre attention (et du cadrage Instagram). Une sorte de boulimie de l’image et de la consommation qui nous conduirait à mal gérer les quantités, à ne pas toujours bien planifier nos repas de la semaine et donc, par conséquent, à devoir jeter.
L’étude relève aussi que les personnes nées à partir du milieu des années 1980 auraient également une plus forte tendance à cuisiner des aliments originaux et exotiques à travers des recettes qui sortent de l’ordinaire. Le problème est que ce type d’aliments est plus difficile à réutiliser dans les plats classiques et aurait donc une plus grande propension à finir à la poubelle, faute d’avoir été cuisiné.
Polly Russell, historien de la nourriture, résume ainsi le problème :
“L’époque où l’on mangeait chaque lundi le même plat, chaque mardi la même chose etc. est révolue. La plupart des gens aujourd’hui, particulièrement les jeunes générations, veulent de la variété. Néanmoins, avec des menus qui changent régulièrement, il est plus difficile de contrôler le gâchis et de planifier à l’avance.”
Simplifiez vos assiettes !
Une analyse qui a certainement sa part de vérité mais qui agace Nell Frizzell, éditorialiste au Guardian. “Le gaspillage alimentaire est un scandale, mais en rendre les millennials responsables est un non-sens”, s’insurge-t-elle dans une tribune. La journaliste dénonce ainsi des généralités et des clichés sur les jeunes générations et les réseaux sociaux :
“Les gens qui, à ma connaissance, font des razzias dans les supermarchés, remplissent leurs frigos de plats préparés, et mangent à emporter avant de balancer leur nourriture aux ordures et de verser la moitié de la bouteille de lait dans l’évier, ne sont pas les jeunes blogueurs citadins.
Ce sont les adultes ni vieux ni jeunes, aux revenus moyens, de la classe moyenne et qui ont été propulsés hors des réalités de la production alimentaire après avoir passé trop de temps dans des supermarchés, avec les dates ‘à consommer avant le’, des offres ‘un acheté un offert’ et des plats tout préparés”, s’agace-t-elle.
Le genre de personne qui aurait, en somme, passé trop de temps chez Sainsbury’s, deuxième plus grande chaîne de supermarchés au Royaume-Uni. Touché. Qui gâche le plus ou le moins, difficile de trancher. Ce qui est sûr en revanche, c’est que nous gagnerions à parfois simplifier nos assiettes. Trop surchargées de produits exotiques improbables, de mélanges “trendy”, de toppings colorés. Il n’est pas nécessaire de préparer des recettes compliquées à base de licornes sorties de l’espace pour bien manger. Souvent, il n’y a rien de meilleur qu’un peu de simplicité !