Plus que la célèbre pâte à tartiner, c’est (toujours) l’huile de palme qui est mise en cause.
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S’il ne constituait déjà pas franchement une référence de la parfaite alimentation, le Nutella doit désormais composer avec une épineuse étiquette de produit potentiellement cancérigène. Ce qui n’arrange en rien les affaires de Ferrero, dont la célèbre pâte à tartiner représente près de 20 % des ventes. Le groupe italien a lancé ce mercredi 11 janvier une nouvelle campagne publicitaire pour rassurer les consommateurs après un rapport inquiétant de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), publié en mai dernier.
L’huile de palme, plus rentable que les autres
Ce n’est pas tant la pâte à tartiner qui est incriminée dans ce rapport, mais l’huile de palme, déjà sujette à de nombreuses controverses. Pour atténuer sa couleur naturelle et neutraliser son odeur, elle nécessite généralement d’être chauffée à de très hautes températures. Le problème, c’est qu’au-delà de 200°C, elle produirait une grande quantité d’esters glycidyliques d’acide gras (aussi appelés GE), une substance considérée comme “génotoxique et cancérigène”, par les chercheurs à l’origine du rapport.
Il serait parfaitement possible de lui privilégier d’autres huiles végétales, mais aucune ne s’avère aussi rentable. Selon Reuters, il faut compter 800$ (soit environ 750 euros) pour une tonne d’huile de palme. Un tarif bien inférieur aux 845$ de l’huile de tournesol et aux 920$ de l’huile de colza. Pour une entreprise comme Ferrero qui en utilise 185 000 tonnes par an, utiliser un substitut impliquerait donc de dépenser entre 8 et 22 millions de dollars supplémentaires chaque année.
Impossible d’imaginer le Nutella sans
Mais la firme italienne nie en bloc l’intérêt commercial présumé de l’huile de palme. Si l’on en croit son directeur des achats, la place de l’huile de palme dans la recette du Nutella répondrait non pas à une logique de coût, mais à une logique de qualité. C’est elle qui donnerait à la pâte à tartiner sa texture si onctueuse. “Faire du Nutella sans huile de palme produirait un substitut inférieur au vrai produit, ce serait un pas en arrière”, avance-t-il.
Ferrero affirme par ailleurs que ses huiles proviennent toutes de sources certifiées par la table ronde sur l’huile de palme durable, un organisme visant à réguler sa production et son usage, et réfute le fait de les exposer à des températures excédant les 200°C.
Qu’à cela ne tienne, certaines chaînes de supermarchés ont d’ores et déjà boycotté la pâte à tartiner par mesure de précaution. Et ce même s’il est encore trop tôt pour affirmer que Nutella est bel et bien cancérigène. Les chercheurs de l’EFSA demandent à approfondir leurs recherches afin d’en identifier un niveau de consommation sans risque. Tout juste le temps de vous laisser tenter par une dernière tartine.