Dans un pays où le végétarisme n’était encore qu’un obscur concept, un coach de football américain a marqué l’histoire en bouleversant le régime alimentaire de son équipe afin d’obtenir de meilleures performances.
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En 1907, le football américain était une discipline sportive en pleine mutation. À mesure que de nouvelles règles s’ajoutaient à chaque nouvelle saison, les équipes devaient faire preuve d’une minutieuse capacité d’adaptation. L’une d’entre elles, cependant, a dû se plier à un défi encore plus conséquent : la modification radicale de son régime alimentaire.
C’est l’histoire que nous raconte Atlas Obscura. Le magazine revient sur l’audacieux et inédit projet d’Amos Alonzo Stagg, entraîneur de l’équipe de football américain de l’université de Chicago, de pousser son effectif à adopter un régime végétarien. Un régime alimentaire qu’il avait lui-même suivi, à titre individuel, deux années durant. Convaincu des bénéfices d’une alimentation végétarienne sur les aptitudes et performances sportives, la stratégie de Stagg était, à ses yeux, révolutionnaire.
Rutabagas et patates douces au menu
Comme pour se justifier de ce choix, Stagg s’était expliqué à plusieurs reprises dans la presse de l’époque. “Il a été prouvé de manière très concluante que, sous certains types de fatigue musculaire, celui qui ne mange pas de chair dispose d’une endurance beaucoup plus importante qu’un athlète qui, lui, en mange”, assurait-il.
Moqué, mais férocement soutenu par ses joueurs, Stagg n’en a finalement pas démordu et a mis en place, coûte que coûte, son plan d’action. Exit les buffets carnés et autres grandes tablées d’avant-match, place aux crèmes de tomates, aux céleris, aux patates douces, aux rutabagas, aux épinards à la crème et aux pommes de terre, rapporte le magazine. En plus de leur traditionnel sobriquet (“Les Maroons”), on confia aussi à l’équipe un nouveau surnom, évidemment moqueur dans la bouche de ceux qui l’employaient : “Les Végétariens”. Malgré les quolibets, l’équipe est rapidement devenue un symbole et la mascotte d’un mouvement végétarien naissant à Chicago.
Malgré l’ingéniosité du plan, les résultats sportifs n’ont pas vraiment suivi. À tel point que, les saisons suivantes, le coach Stagg ne répéta plus cette expérience végétarienne – au profit d’autres idées ingénieuses, comme la stimulation par l’oxygène. Pour autant, il n’a jamais cessé de combattre les clichés et idées reçues sur le végétarisme au cours du reste de son existence.
Une stratégie visionnaire ?
Nul ne sait si c’est de l’histoire des Maroons qu’ils se sont inspirés, mais plusieurs autres équipes ont, plus d’un siècle après l’initiative du coach Stagg, également fait le choix de s’orienter vers des régimes alimentaires alternatifs. Depuis 2011, le club anglais de Forest Green Rovers, qui évolue en quatrième division, a bouleversé son fonctionnement interne pour finalement devenir le premier club “certifié végan de la planète”.
En 2015, c’est le club de football de Naples, en Italie, qui avait ainsi imposé à ses joueurs un régime végan de quelques jours durant la pré-saison. Ils finiront deuxième au classement du championnat italien. Deux ans plus tard, en 2017, c’est une partie de l’effectif des Tennessee Titans, équipe de football américain, qui s’était essayée à ce même régime. Pour la première fois dans la décennie, l’équipe est parvenue à atteindre les play-offs. Un hasard… ou le signe que le coach Stagg, en dépit des railleries, avait peut-être visé juste ?