À Lille, l’effet Big Mamma n’a pas tardé à se faire ressentir. Fin septembre, le groupe parisien, qui compte déjà sept restaurants dans la ville lumière, y a ouvert son premier établissement hors de la capitale : La Bellezza. Et, à l’image de ce que l’on a pu voir chez les diverses adresses de Big Mamma, le public a répondu présent avec un engouement tel que les trottoirs du Vieux-Lille, le quartier très fréquenté dans lequel le restaurant s’est installé, ont rapidement laissé place aux coupe-files “sans autorisation légale” et aux longues files d’attente.“Attenzione, le nombre de places est limité”, prévenait le groupe avant son ouverture.
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Une situation qui commence à irriter la municipalité lilloise. “Ce secteur est très fréquenté. L’aménagement d’une emprise à cet endroit risque de réduire la largeur de l’espace dédié à la circulation des piétons et de potentiellement atteindre à leur sécurité”, a dénoncé Jacques Richir, adjoint à l’occupation du domaine public à La Voix du Nord. En cause ? La politique de la maison qui consiste à ne prendre aucune réservation et à faire patienter les clients le temps qu’une table se libère.
Si cette stratégie commerciale est de plus en plus répandue dans la restauration – à Paris, en France, et dans le monde entier –, Lille n’y échappe pas, au grand regret de la municipalité qui, après les verbalisations, a récemment sommé la direction de Big Mamma de changer de cap. “Si cet établissement attire une clientèle importante, il doit gérer ses réservations par les moyens appropriés usuels et les applications sur smartphone ne manquent pas pour cela. Il n’a pas à envahir le trottoir, même si cette pratique semble faire partie des moyens de promotion…”, ajoute l’adjoint.
Bras de fer
Du côté de Big Mamma, pas de réaction officielle. La Voix du Nord cite toutefois la personne en charge des entrées de La Bellezza : “Cela fait quatre ans que cela fonctionne comme cela à Paris (sans réservation). Nous ne changerons pas. Sinon, les prix augmenteront…” Une affirmation qui interroge le quotidien régional. “Là sincèrement, on ne comprend pas bien pourquoi. Toutes les pizzerias du secteur, où il est possible de réserver, affichent quasiment les mêmes tarifs.”
À Lille, la fièvre de la néo-trattoria n’a pour autant pas attendu l’arrivée de Big Mamma. Sur le modèle du groupe parisien (storytelling, pas de réservation, décoration léchée, sourcing, offre similaire), Lille a ainsi vu naître Papà Raffaele, un restaurant mettant à l’honneur la pizza napolitaine, et des petits satellites. En avril dernier, dans une logique d’expansion similaire, le groupe lillois ouvrait son premier bar “à la napolitaine”, Papà Posto. Ce qui pourrait expliquer la volonté de Big Mamma de choisir Lille comme première destination en dehors de la capitale ?
Il n’y a toutefois pas qu’à Lille que la politique et les ambitions de Big Mamma font grincer des dents. Une enquête de Télérama pointait, au début du mois de décembre, l’influence de l’arrivée du restaurant La Felicità, dans les immenses locaux de la Station F, sur la vie du 13e arrondissement de Paris, et notamment sur les petits restaurateurs indépendants du quartier qui peinent à faire le poids face à la puissance du groupe.
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Mise à jour : Après la parution de cet article, le groupe Big Mamma a souhaité apporter un droit de réponse que nous publions ci-dessous :