Pour une éducation des enfants à l’intimité et à leurs droits, pour la représentation de toutes les orientations, pour une sexualité libre, joyeuse et toujours consentie, Konbini s’engage pour l’éducation sexuelle.
Quelle que soit l’importance qu’il faut véritablement lui donner, la première fois est souvent considérée comme un moment marquant de la vie. En France, l’Institut national d’études démographiques (Ined) estime qu’elle a lieu un peu après 17 ans pour les filles comme pour les garçons.
“En 2010, l’âge médian au premier rapport sexuel, c’est-à-dire l’âge auquel la moitié des adolescent·e·s a déjà eu une relation sexuelle, est de 17,4 ans pour les garçons et de 17,6 ans pour les filles chez les 18-24 ans”, selon le baromètre santé de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) publié en détail par l’Ined.
Si les filles et les garçons ont pratiquement le même âge lors de leur première fois, ils ne l’appréhendent pas de la même manière. Chez les filles, elle est souvent source d’angoisses. Et pour cause, combien d’entre nous ont déjà entendu “La première fois, ça fait mal, mais c’est normal” ?
C’est ce mythe néfaste (et plein d’autres) que l’autrice Julia Pietri démonte dans son dernier ouvrage Le Petit Guide de la foufoune sexuelle, Tome II à destination des adolescent·e·s de 12 à 16 ans. Celle qui est aussi fondatrice du compte Instagram @Gangduclito explique à Konbini :
“Comment peut-on encore dire aux filles que c’est normal de découvrir la sexualité par la douleur ? Découvrir sa sexualité, ça doit être du plaisir et en aucun cas de la douleur.”
En effet, combien de filles ont eu mal la première fois et accepté de souffrir en silence sur le prétexte que “c’était normal” ?
Dire quand ça fait mal
En France, il n’existe aucune statistique officielle, mais selon les retours d’expériences de Julia Pietri, il est très courant pour les filles d’avoir mal lors de leur première fois. Et ça peut avoir des effets délétères sur notre sexualité. “Ça contribue à normaliser la douleur lors d’un rapport sexuel”, explique Julia Pietri.
Cette réalité est aussi pointée du doigt par Maïa Mazaurette dans l’épisode numéro 18 de son podcast Sex and Sounds, intitulé “Faut-il souffrir pour faire l’amour ?” “La plupart du temps, les femmes ne disent rien parce qu’elles ont intégré le fait que ça fait mal”, explique la “sexperte” et autrice de, notamment, Le Sexe selon Maïa : Au-delà des idées reçues.
En 2021, une étude menée sur 2 000 femmes par le fabricant de préservatifs Durex révèle qu’“une femme sur six a avoué avoir des douleurs pendant le rapport sexuel, ‘tout le temps’ ou ‘souvent'”, rapporte Neon Magazine. Elle rapporte aussi que “près de la moitié des femmes ont avoué supporter une gêne pendant le sexe parce qu’elles ne savent pas ce qui est ‘normal'”.
Comment en est-on arrivé là ?
“Il faut en finir avec la pénétration automatique qui veut qualifier la relation sexuelle par la pénétration. C’est un schéma reproductif, de ‘comment on fait un bébé’ et pas de sexualité ou de plaisir”, explique Julia Pietri. Que conseille-t-elle ? “Je recommande aux filles de rentrer dans la sexualité par le plaisir. Ça paraît tout bête, mais si tu rentres dans la sexualité par le plaisir, après, tout le reste va suivre.” En ce sens, l’autrice invite les jeunes filles à passer d’abord par la masturbation :
“Découvrir son corps par soi-même et découvrir l’orgasme par soi-même, par la masturbation, permet de créer un lien à son corps et son plaisir. Par la suite, on sait que le sexe et le plaisir, c’est égal à ça. Si on n’a jamais eu de relation avec son corps, on peut se dire : ‘OK, donc le plaisir et le sexe, c’est égal à de la douleur.'”
Par ailleurs, lorsqu’on se sent prêt·e·s à être deux, pas besoin de pénétration dès le début. “Découvrir le corps de son ou sa partenaire par des caresses suffit”, explique-t-elle. En conclusion, “sauf dans le cadre particulier du BDSM ou d’un jeu consenti, la douleur n’est PAS une donnée sine qua non d’une expérience sexuelle réussie”, rappelle Madmoizelle.