Décennie fétichisée et fantasmée, les années 1980 n’en finissent plus d’inspirer les séries ces dernières années. On vous propose un petit florilège des meilleures œuvres du genre.
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#1. Stranger Things
Si vous êtes à la recherche de la série la plus réaliste des années 1980, passez votre chemin. Le hit historique de Netflix, créé par les frères Duffer, ne cherche pas la reconstitution parfaite mais joue sur une exonostalgie assumé, qui consiste à rendre le public nostalgique d’une époque qu’il n’a pas vécue ou lors de laquelle il était trop jeune, comme les millennials avec les 80’s, et rend également hommage aux blockbusters ciné de l’époque, ces derniers ne reflétant pas non plus nécessairement l’époque avec un grand réalisme. Avec ses kids qui vivent des aventures fantastiques à Hawkins, une petite ville américaine typique, habillés de leurs plus belles tenues vintage et se baladant sur leur vélo, Stranger Things s’affiche comme une irrésistible madeleine de Proust.
Elle convoque le souvenir de films comme E.T., l’extra-terrestre, Stand by Me ou Les Goonies, qui accentuaient déjà à leur époque des symboles des années 1980. Bonjour les tenues de sport, les voitures vintage comme la Ford Pinto que conduit Joyce, les chouchous et autres chemises bariolées, ou encore les transistors et les walkmans… La dernière saison de Stranger Things prenait place en 1985 dans un mall américain (gigantesque galerie marchande) ou encore au sein d’un bon vieux vidéoclub. Vivement le prochain shoot eighties ! La saison 4, qui n’a pas encore de date de diffusion, devrait arriver en 2022.
À voir sur Netflix.
#2. Pose
Même décennie, même pays, mais changement radical de décor : bienvenue dans le New York LGBT de la fin des années 1980, où s’épanouissent la ball culture et le voguing, bientôt rendus mainstream par Madonna et son mythique tube “Vogue”. Cocréée par Ryan Murphy et Steven Canals, la révolutionnaire Pose raconte les trajectoires d’une poignée de personnages trans et racisé·e·s aux parcours souvent violents.
Rejeté·e·s par leur famille biologique, discriminé·e·s par une société terrorisée par la remise en cause des normes genrées, Blanca, Pray Tell, Elecktra ou encore Damon forment une famille de coeur, qui se défie ou marche côte à côte dans la ballroom magique où ils et elles peuvent révéler toute leur beauté, leur talent et leur flamboyance.
Tout n’est pas que glamour et paillettes dans Pose : la série, qui vient de s’achever au terme de trois glorieuses saisons, raconte aussi l’arrivée de l’épidémie du sida dans la communauté LGBTQ+, les violences transphobes ou encore les addictions aux drogues et à l’alcool, conséquences de ces multiples traumatismes. Comme le dit si bien Elton John, “c’est une série où l’on rit, où l’on pleure, où l’on se met en colère et où l’on voit le parcours des gens et comment ces personnes se battent. […] Et elles ne devraient jamais avoir à se battre pour ça”.
En plus de nous offrir un concentré de glamour et de bonne humeur, Pose a offert une visibilité sans précédent à une communauté à l’intersectionnalité des luttes, les personnes trans et racisées, faisant éclore des talents (Angelica Ross, Billy Porter, Indya Moore, Dominique Jackson…) devant comme derrière la caméra (Janet Mock, Our Lady J), dont on suivra le parcours avec grande attention.
À voir sur Canal+ Séries.
#3. Glow
On garde ses paillettes pour atterrir cette fois à Los Angeles, en 1985, où un groupe de femmes hétéroclite répond à une annonce pour participer à une émission de catch féminin intitulée Gorgeous Ladies of Wrestling (Glow), produite par un vieux de la vieille plutôt aigri (incarné par Marc Maron). Créé par Liz Flahive et Carly Mensch et inspiré d’une histoire vraie (l’émission a été diffusée à la télé américaine avant de prendre des formes variées), ce petit bijou de dramédie chorale à l’humour camp dépeint le portrait d’une poignée de femmes aux origines socioprofessionnelles différentes.
Si la première saison se centre sur les déboires et espoirs de l’actrice galérienne Ruth (Alison Brie, fantastique) et son amitié en lambeaux avec Debbie (Betty Gilpin), les suivantes, encore meilleures, donnent à voir la pleine puissance de la série, en s’attardant sur les parcours de nombreuses autres protagonistes comme Tammé (Kia Stevens) ou Carmen (Britney Young), tout aussi passionnants que celui des deux héroïnes blanches.
Avec ses combats de catch colorés, sa sororité naissante et la créativité de son écriture, qui adopte une approche intersectionnelle pour aborder la psychologie de ses personnages, Glow nous a définitivement séduit·e·s. La dernière saison se déroulait à Las Vegas mais, malheureusement, la série a été brutalement annulée par Netflix alors qu’elle avait été renouvelée pour une saison 4. Tristesse… La plateforme a invoqué les retards liés à la pandémie. Il reste ces trois saisons pour se consoler aux côtés de Zoya the Destroya, Liberty Belle, The She Wolf et les autres.
À voir sur Netflix.
#4. Freaks and Geeks
Petit ange parti trop tôt, ce qui a peut-être participé à son statut de teen drama culte, Freaks and Geeks est un peu aux séries ce que Breakfast Club est au cinéma : un classique du genre ado. Créée en 1999 par Paul Feig et produite par un certain Judd Apatow, l’éphémère série (seulement 18 épisodes, même pas tous diffusés par NBC à l’époque) se déroule durant l’année scolaire 1980-1981, et suit deux ados frères et soeurs, Lindsey (Linda Cardellini) et Sam (John Francis Daley), alors qu’ils étudient au lycée de William McKinley dans une petite ville du Michigan. La première, en pleine rébellion, va se lier d’amitié avec la bande des “freaks”, tandis que son petit frère traîne, lui, avec les “geeks”.
Au-delà du cast ultra-talentueux de cette série – qui a vu passer les jeunes Seth Rogen, Busy Philipps, Jason Segel ou encore James Franco –, Freaks and Geeks a marqué les esprits pour sa peinture drôle et réaliste de l’adolescence, mettant en exergue de façon toujours tendre le besoin avide à cet âge de s’intégrer et de se reconnaître dans un groupe, quel qu’il soit. Et cette bande-son ! La reconstitution crédible et pas tape-à-l’œil des années 1980 est un autre atout d’une série subtilement écrite, au propos résolument universel.
Pas disponible en France à l’heure actuelle.
#5. The Americans
Et si on regardait l’Amérique du point de vue d’un faux couple d’espions russes ? Voilà tout de suite une autre perspective, apportée par l’excellente série de Joe Weisberg, qui prend place durant les années 1980 et la guerre froide. Durant cinq saisons, on suit la trajectoire d’Elizabeth (Keri Russell) et Philip Jennings (Matthew Rhys), deux espion·ne·s russes dormant pour le KGB, dont la couverture est leur vie de famille. Côté reconstitution des eigthies, entre les meubles, les lieux calfeutrés propices aux scènes d’espionnage ou encore les looks sobres des deux antihéros, on atteint une qualité proche d’un Mad Men pour les sixties.
© FX
Les prix hollywoodiens ne s’y sont pas trompés : nominé de multiples fois, ce thriller premium qui prend son temps pour dérouler la petite histoire dans la grande a été couronné de quatre Emmys et un Golden Globe. Si The Americans a été régulièrement plébiscitée par la critique spécialisée, elle reste peu connue du grand public (peut-être aussi car elle dépeint la période de la guerre froide de façon nuancée, et en racontant l’histoire de deux espions russes, perspective extrêmement rare dans l’industrie hollywoodienne) et n’a jamais été un hit d’audience. Il est l’heure de rectifier le tir !
À voir sur Disney+.
Et aussi : Physical, When They See Us, Halt and Catch Fire, This Is England ‘86 et This is England ‘88, American Horror Story: 1984, Chernobyl, Wet Hot American Summer: First Day of Camp, Snowfall.