En 2017, alors que Game of Thrones régnait encore en maître absolu dans le game des séries de fantasy, Netflix parvenait à s’emparer des droits de The Witcher, la saga fantasy culte d’Andrzej Sapkowski. D’abord pensée comme un film, l’adaptation devint finalement une série portée par Henry Cavill et diffusée en décembre 2019. Dès les premiers jours de mise en ligne, le show parvint à séduire les abonnés en masse, si bien que la plateforme ne tarda pas à renouveler The Witcher pour une saison 2. Mais l’appétit de Netflix étant insatiable quand il s’agit de garder ses spectateurs, l’adaptation était appelée à devenir une franchise cross-média.
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Pour le moment, le géant du streaming a commandé un premier spin-off en live action attendu dans les prochains mois : The Witcher: Blood Origin, un prequel centré sur la création du Sorceleur originel ainsi que sur la Conjonction des Sphères, une sorte de Big Bang planétaire qui entraîna l’arrivée des monstres sur le Continent. En attendant, Netflix propose également depuis la fin du mois d’août le film d’animation The Witcher : Le Cauchemar du loup, censé séduire le marché asiatique mais aussi introduire un personnage emblématique des romans et des jeux vidéo, Vesemir, qui deviendra le mentor de Geralt après sa mutation.
L’histoire débute plusieurs années avant la transformation du Loup blanc. Vesemir est alors un jeune Sorceleur qui voyage à travers le Continent pour tuer des monstres et échapper à la pauvreté. Après avoir tué un puissant Leshen, il découvre que la créature était contrôlée par une puissante magie. Téméraire et intelligent, Vesemir décide de traquer la personne à l’origine de ces manipulations, ce qui le mène jusqu’au royaume de Kaedwen, où il croise la route d’une sorcière déterminée à supprimer tous les Sorceleurs du monde. Le mutant décide alors d’affronter l’enchanteresse et son armée de monstres pour sa survie et celle de son espèce.
De mutant paria à anti-héros rapia
Ⓒ Netflix
Si vous trouviez The Witcher trop sage par rapport aux romans ou aux jeux vidéo, le film d’animation devrait vous satisfaire. Le Cauchemar du loup est une œuvre gore et brutale, qui fait la part belle à la chasse aux monstres et à la violence des Sorceleurs pour les décimer. La jeunesse de Vesemir se déroule à une époque où les habitants du Continent étaient encore plus méfiants et hostiles à l’égard des mutants, si bien que le futur mentor de Geralt est aussi solitaire et cynique que le Loup blanc. C’est un personnage intrépide et provocateur, quoiqu’un poil plus jovial que ses semblables.
Pour recréer l’univers et le bestiaire du Continent en animation, Netflix et la productrice Lauren S. Hissrich, également showrunneuse de The Witcher, ont fait appel au studio sud-coréen Mir (Dota: Dragon’s Blood, La Légende de Korra). Ce dernier propose une animation fluide et généreuse, qui donne vie avec réussite à l’univers d’Andrzej Sapkowski. Il faut reconnaître que le support de l’animation permet une meilleure immersion que le live action, notamment à travers la multiplication des paysages, des particules climatiques et évidemment des monstres qui errent sur le Continent.
Pour les fans, l’intérêt principal de The Witcher : Le Cauchemar du loup repose sur l’expansion de la mythologie des Sorceleurs. D’abord en nous dévoilant les origines de Vesemir par rapport à Geralt, mais aussi pour mieux comprendre la moralité nihiliste des mutants : les humains les plus pauvres y voient une chance de sortir de la misère, mais une fois transformés, ceux qui survivent à cette douloureuse mutation y perdent une partie de leur âme. Tout le paradoxe des Sorceleurs est là : une vie sauvée pour ne finalement profiter que d’une demi-vie, consacrée à la chasse aux monstres et la souffrance d’une stigmatisation violente de la part du reste de la société.
Ⓒ Netflix
C’est un point de vue intéressant qui dénote avec la série en live action. Jusqu’ici, les Sorceleurs comme Geralt semblaient maudits, condamnés à mourir dans la nature ou subir une transformation qui dénature leur condition humaine. En quelque sorte, ils incarnent un mal nécessaire à la survie du Continent, se plaçant tout en haut d’une chaîne alimentaire composée de créatures terrifiantes comme les basilics et les mares du folklore scandinave. On comprend alors que Geralt et ses camarades incarnent en réalité des anti-héros parias de la société, un archétype qui n’est pas sans rappeler les Gardes de Nuit de Game of Thrones ou les Dúnedain du Seigneur des anneaux.
En à peine 90 minutes, The Witcher : Le Cauchemar du loup nous fait vivre une aventure épique et jouissive en compagnie de Vesemir, un Sorceleur pas comme les autres mais attachant. Le film sert aussi de prétexte à son arrivée dans la série en live action, sous les traits de Kim Bodnia (Killing Eve). Mais il ouvre aussi un pan captivant sur la création et la morale des Sorceleurs, qui s’éloignent de la représentation froide voire bestiale qu’en font les gens du Continent. Avec ce spin-off, Netflix confirme ses ambitions pour faire de The Witcher une franchise populaire et complète, à travers un premier standalone tout sauf anecdotique.
Le film d’animation The Witcher: Le Cauchemar du loup est disponible sur Netflix.