La philosophie de la non-violence prônée par Morgan et Carol touche à sa fin, promettant une guerre sans merci contre Negan et ses Sauveurs. Attention, spoilers.
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Doucement mais sûrement, la saison 7 de The Walking Dead se dirige vers une déclaration de guerre ouverte envers Negan et ses Sauveurs. La série zombiesque prend son temps pour mettre ses pions en place, quitte à dédier un épisode entier à une communauté, voire à un personnage en particulier. C’est ce qu’il se passe dans “Bury Me Here”, consacré en grande partie aux membres du Royaume et plus précisément aux personnages de Carol et Morgan, souvent critiqués par les fans pour leur inactivité grandissante depuis la saison 6.
Toutefois, Carol et Morgan possèdent l’une des évolutions psychologiques les plus poussées par les scénaristes. La sauvagerie, la démence, la lâcheté, la violence… À eux deux, ils représentent tous les états possibles et imaginables quand on vit dans un monde où la mort rôde à chaque coin de rue. “Bury Me Here” se charge une nouvelle fois de leur retourner le cerveau, même si l’épisode risque d’être injustement considéré comme un chapitre de remplissage. Il s’agit pourtant d’une formidable plongée dans l’esprit tourmenté de ces deux personnages.
Des arcs narratifs trop prévisibles
Si les scénaristes de The Walking Dead se languissent de cliffhangers mortels et autres sursauts de violence inattendus, ils proposent parfois des intrigues poussives voire complètement prévisibles. Dans “Bury Me Here”, le plan de Richard mis à exécution en fait partie. Il l’avait d’ailleurs exprimé à Daryl dans l’épisode 10 de la saison 7. Le bras droit du roi Ezekiel souhaite sacrifier un membre de sa communauté pour pousser son souverain à entrer en guerre contre Negan.
À première vue, le mode opératoire choisi par Richard est courageux et surprenant. Il décide de se sacrifier pour le bien des siens. Malheureusement, cette enflure de Jared préfère tirer sur Benjamin, lui explosant l’artère fémorale au passage. Une tragédie prévisible quand on sait combien Ezekiel tenait au jeune homme. Il fallait bien ça pour faire changer d’avis le leader du Royaume concernant la proposition de Rick. Mais aucun spectateur ne doutait véritablement de ce retournement de situation et Biiinge l’avait également prédit.
D’ailleurs, Benjamin aurait pu échapper à la mort. Au début de l’épisode, quand Carol se rend au Royaume, il souhaite se faire conseiller et entraîner par elle. Si Carol n’avait pas refusé sa requête, Benjamin serait encore de ce monde. Les scénaristes profitent également de cet épisode pour nous balancer gratuitement l’histoire tragique de Richard avant sa mort. C’est son inaction passée, causant selon lui la perte de sa fille et de sa femme, qui le pousse aujourd’hui à agir coûte que coûte contre la tyrannie des Sauveurs.
Mais la meilleure surprise de “Bury Me Here”, ce sont les effets CGI réussis cette fois ! Pas de biche dégueulasse ou de fond vert en pâte à modeler, mais une Shiva posée derrière son maître plus vraie que nature. Quant à cette banale discussion entre Nabila la jardinière et Ezekiel, on peut y voir une certaine métaphore de la renaissance.
Nabila explique à son roi que le jardin royal est fichu à cause de petits insectes affamés, les charançons, qui pullulent sur les melons et autres cultures. Seule solution, tout brûler et tout replanter ensuite. Il s’agit d’une symbolique un peu facile exprimant l’idée optimiste qu’il est possible de faire table rase du passé pour mieux rebâtir. On peut aussi y voir un indice concernant la chute prochaine d’une certaine communauté, concernée par la guerre contre Negan…
Adieu, philosophie de la non-violence
On pensait les vieux démons de Morgan définitivement morts et enterrés. À King County en saison 3, Rick l’avait retrouvé complètement fou et paranoïaque. Depuis, et avec l’aide du manieur de bō Eastman, Morgan suivait un précepte de non-violence qui l’avait aidé à garder son calme et réfréner ses pulsions meurtrières. Mais, délibérément ou non, Richard a brisé la barrière mentale qui contenait la folie de son camarade.
Si vous avez trouvé cet épisode lent et ennuyeux, concentrez-vous deux minutes sur la qualité de l’interprétation de Lennie James. Au fur et à mesure de l’épisode, alors que sa rage prend peu à peu le dessus dans son esprit, son visage et son attitude changent. Il sourit et rit d’abord avec Benjamin et Richard, avant une régression phénoménale durant laquelle des flashs de son passé surgissent pour le hanter, comme si son côté obscur recommençait à le posséder.
Alors qu’il s’apprête à se donner la mort dans la tombe creusée par Richard, Morgan est en plein duel spirituel. D’un côté, il cherche à respecter ses convictions pacifiques. De l’autre, sa rage et la violence viscérale qu’il ressent le consument. Finalement, il abandonnera dans ce trou sa philosophie de la non-violence. Un acte qui s’exprimera physiquement lorsqu’il massacre avec sauvagerie Richard devant les yeux d’un Ezekiel consterné et profondément choqué.
En perdant son fils de substitution, qu’il appellera d’ailleurs Duane au cours de sa crise de démence, soit le véritable prénom de son enfant décédé, Morgan a reçu un dur rappel à la réalité du monde dans lequel il vit. Richard le prévenait pourtant tout au long de l’épisode, lui rabattant constamment “tu dois tuer pour survivre”. Finalement, c’est le bras droit d’Ezekiel qui en fera les frais. Mais Morgan a-t-il tué Richard justement dans l’optique d’appliquer son plan, faisant ainsi croire aux Sauveurs la capitulation du Royaume ? Rien n’est moins sûr quand on le voit tailler son bō pour en faire une lance aiguisée à la fin de l’épisode, signe que la violence qui sommeillait en lui est pleinement éveillée.
Il est intéressant de noter que l’évolution psychologique que connaît Morgan déteint sur Carol. Au début de “Bury Me Here”, elle accepte de retourner à Alexandria avec Morgan, qui décide de ne pas trahir le mensonge de Daryl. Ensuite, après la mort de Benjamin et ses conséquences, Morgan lui confesse sans aucun remords la mort de Glenn et d’Abraham. Un choc qui, comme prévu, poussera Carol à passer à l’action et nous offrira une scène poignante entre les deux personnages.
Avant cet épisode, Morgan et Carol n’étaient pas prêts à affronter la réalité du nouveau monde. Cette dernière se dérobe à l’approche de la terrible vérité concernant ses deux amis disparus, tandis que Morgan pense un temps au suicide, seule échappatoire à toute cette colère. Mais l’assassinat de Benjamin va faire éclater leur bulle. Carol voit la mort pénétrer de nouveau chez elle quand Benjamin se vide de son sang sur sa table à manger, alors que sa maisonnette lui servait de havre de paix. Quant à Morgan, il tue symboliquement son fils de substitution, prenant la lourde charge de planter son couteau dans la tête du cadavre de Benjamin pour l’empêcher de se transformer en rôdeur.
Oui, cet épisode n’est pas exempt de quelques longueurs et ne déclenche pas la guerre tant attendue contre Negan. Mais il explore avec intensité la psychologie de deux personnages en difficulté face à ce monde nauséabond. Surtout, il permet de les reconnecter à la réalité et de les convaincre de rejoindre définitivement la cause de Rick. D’ailleurs, ce chapitre centré sur la fin de la philosophie de la non-violence prônée par Carol et Morgan marque peut-être une rupture dans la saison 7 de The Walking Dead : l’arrivée d’un feu inextinguible de brutalité pour la liberté et l’héritage du nouveau monde, mené pour le moment par l’infâme Negan.
En France, la saison 7 de The Walking Dead est diffusée en US+24 sur OCS Choc.