Pour son lancement américain le 12 novembre dernier, Disney+ avait mis les petits plats dans les grands en diffusant le premier épisode de The Mandalorian, la première série Star Wars en live action des studios. Si on s’attendait à faire la rencontre d’un chasseur de primes réputé dans les tréfonds de la galaxie, le show de Jon Favreau a surpris tout le monde avec le cliffhanger du premier épisode et l’arrivée d’un personnage pour le moins énigmatique : un chérubin trognon ressemblant comme deux gouttes d’eau à Yoda, d’où le surnom que lui ont prêté les internautes sur les réseaux sociaux, “Baby Yoda”.
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Les apparitions/retours surprises sont loin d’être exceptionnels dans la saga de George Lucas. Les fans qui n’avaient jamais vu les séries animées The Clone Wars et Rebels ont probablement sauté de leur siège de cinéma en voyant Dark Maul pointer le bout de son nez à la fin de Solo, tandis que J. J. Abrams a prévu de réintégrer l’empereur Palpatine, aka Dark Sidious, dans l’épisode IX.
Toutefois, bébé Yoda est à part puisque la timeline de The Mandalorian se déroule après la mort du maître de Luke Skywalker dans Le Retour du Jedi, désormais partie intégrante de la Force. En d’autres termes, il pourrait s’agir d’un autre membre de son espèce, dont on ne sait pas grand-chose.
La censure autoritaire de Lucas
Ⓒ Lucasfilm
Pour des raisons qu’il n’a jamais voulu exprimer (et qui nous mènent peut-être à l’intrigue de The Mandalorian aujourd’hui), George Lucas a toujours souhaité préserver le mystère sur l’espèce de Yoda. Dans le documentaire From Puppets to Pixels, le créateur de Star Wars en rigolait, décrivant le maître Jedi comme “une grenouille” ou la fusion illégitime entre Kermit et Miss Piggy du Muppet Show. On trouve aussi une mention de sa race dans le roman de L’Empire contre-attaque de Donald F. Glut, où il est appelé “elfe”. Toutefois, il ne plaisantait plus du tout quand les auteurs transmédias s’intéressaient d’un peu trop près à la genèse du personnage.
Cette censure autour de Yoda s’est renforcée à l’époque de la prélogie. Dans La Revanche des Sith, George Lucas a coupé au montage un dialogue dans lequel était censé apparaître le nom de l’espèce de Yoda. Peu après, alors qu’il était encore à la tête de Lucasfilm et que les studios étaient toujours indépendants, le réalisateur avait également interdit la sortie d’un jeu de cartes dans lequel était mentionné l’extraterrestre, présenté comme un leader, et une description de son peuple.
Enfin, il contredit publiquement une théorie de fans suite à la publication du recueil de nouvelles From a Certain Point of View, publié en l’honneur du 40e anniversaire d’Un nouvel espoir en 2017. Ces derniers pensaient que Yoda était un Whill, une communauté de chamans profondément connectés avec la Force. Ils avaient notamment enseigné une partie de leur savoir à Qui-Gon Jinn (la fameuse conscience éternelle qui permet de communiquer entre les morts et les vivants). En soi, ce sont bien deux points communs que partageaient les deux Jedi mais que le grand créateur refuse de mettre en lien.
Mais depuis le 30 octobre 2012 et le rachat de Lucasfilm par Disney, George Lucas n’a plus son mot à dire. Les studios sont entre les mains de Kathleen Kennedy, qui avaient conjointement décidé de relancer la franchise avec une nouvelle trilogie, des spin-off et des séries un peu plus tard. Un format enclin à l’exploration de la mythologie Star Wars, avec des intrigues plus street level et surtout la possibilité de développer des personnages sur une dizaine d’heures.
Une espèce rare et mystérieuse
Ⓒ Lucasfilm
Cela dit, les informations sur l’espèce de Yoda n’ont pas évolué depuis sa dernière apparition vivante dans La Revanche des Sith. C’est une race très ancienne capable de vivre plusieurs siècles (le maître Jedi avait 900 ans à sa mort). Ils sont reconnaissables par certains traits physiques atypiques : la taille d’un enfant, une peau verdâtre, des grands yeux globuleux, des longues oreilles et une main composée de trois doigts. Avec La Menace fantôme, on a appris qu’il existait bien un genre féminin de cette espèce, dont l’unique représentante connue est Yaddle.
Le peuple de Yoda est également spécial par son lien qu’il entretient avec la Force. Dès la naissance, ses membres développent une relation intrinsèque avec le champ d’énergie mystique, qui leur permet notamment de pratiquer la télékinésie et d’avoir des visions du futur. Par ailleurs, certains fans pensaient que Yoda était originaire de la planète Dagobah, expliquant le choix de s’y exiler après la chute de la République galactique. Mais encore une fois, George Lucas est venu éteindre les braises de cette théorie.
Pour le moment, bébé Yoda ne nous a pas appris grand-chose sur son espèce. Il a seulement confirmé deux points majeurs de cette race : ses membres vieillissent très lentement (l’enfant a déjà 50 ans selon Jon Favreau) et sont capables de manipuler la Force dès leur plus jeune âge comme vu contre le Mudhorn de l’épisode 2.
Enfin, le cast devait le mentionner comme “The Being” (l’être, la créature) pendant le tournage, pour éviter les spoils mais aussi et sûrement ne pas trop en dire sur ses origines. Papa George Lucas était d’ailleurs de passage sur le tournage de la série, peut-être pour garder un œil sur sa mythologie et son petit protégé en particulier.
Les théories sur l’identité de bébé Yoda
Ⓒ Lucasfilm
Quoi qu’il en soit, Lucasfilm et Disney semblent désormais prêts (et autorisés) à exploiter les origines de Yoda et son espèce. Ce ne peut être un hasard si la première mission du Mandalorien est de ramener un être appelé à devenir extrêmement puissant entre les mains des vestiges de l’Empire. Mais dans ce cas, qui est vraiment bébé Yoda ? A-t-il oui ou non un lien avec les deux précédents Jedi aperçus dans la saga ? Et surtout, quelle sera son importance dans le futur de Star Wars ?
Selon toute vraisemblance, la première hypothèse est celle de l’enfant caché, fruit d’une union secrète entre Yoda et Yaddle. Après tout, Jon Favreau peut tout inventer avec sa série : le mode de reproduction de cette race, sa période de développement entre l’embryon et le bébé, etc. En termes de timeline, le pari semble un peu risqué mais pourrait correspondre. The Mandalorian se déroule peu de temps après Le Retour du Jedi, et rien ne dit que Yoda était incapable de se reproduire passé neuf siècles d’existence. Le couple aurait aussi pu le dissimuler aux yeux de l’Empire pendant la trilogie originale, afin de ne pas révéler sa puissance. Il est également possible que la Force joue un rôle dans la conception de cet enfant, voire de l’espèce tout entière.
La seconde possibilité serait une réincarnation de Yoda dans ce bébé. Avec sa maîtrise exceptionnelle de la Force, le maître Jedi aurait peut-être trouvé le moyen de défier les lois de la nature en revenant à la vie. Évidemment, Les Derniers Jedi s’oppose à cette théorie puisque Yoda est apparu à Luke Skywalker sous sa forme spectrale afin de le remettre dans le droit chemin. D’autres rumeurs évoquent la possibilité que le maître Jedi poursuive l’entraînement de Rey dans l’épisode IX en lieu et place de son ancien Padawan.
Ⓒ Lucasfilm
Il subsiste toutefois une hypothèse très crédible, qui s’imbrique pleinement avec l’intrigue de The Mandalorian. Le point de départ de cette théorie est une scène de l’épisode 1 et la rencontre entre le chasseur de primes et le Client impérial, le personnage incarné par Werner Herzog. Juste avant l’échange de politesse avec les Stormtroopers, un scientifique plutôt ridicule et anecdotique, le docteur Pershing, surgit dans la pièce. Pourtant, sa blouse affiche un détail des plus importants concernant le plan mystérieux des restes de l’Empire.
En effet, on remarque sur son bras gauche l’emblème de Kamino, une célèbre planète aquatique dans l’univers de Star Wars. Apparue pour la première fois dans l’épisode II, elle servait de base pour produire une armée de clones pour le compte de la République, qui sont finalement devenus les Stormtroopers de l’Empire. Le modèle de base, Jango Fett, était d’ailleurs aussi un chasseur de primes et le père de Boba Fett, ce qui fait un lien supplémentaire avec The Mandalorian.
Ⓒ Lucasfilm
Si le scientifique travaille réellement pour le centre de clonage de Kamino, alors on peut se demander si bébé Yoda est l’œuf ou la poule. L’Empire souhaite-t-il le capturer afin de cloner de puissants êtres baignés dans la Force, ou veut-il le récupérer puisqu’il s’agit à la base d’un clone de Yoda, potentiellement créé à partir de son ADN ? À choisir, on pencherait davantage pour la première option.
Dans l’univers “Légendes” de Star Wars, à comprendre toutes les histoires qui ne sont pas considérées comme canon (mais qui finissent régulièrement par le devenir, comme en témoigne le retour de Dark Maul dans Solo ou la mention de Dark Plagueis dans l’épisode III), l’Empire finit par interdire les recherches sur les midi-chloriens. C’était sans compter sur le grand amiral Thrawn qui, dans le plus grand secret, a bâti une industrie dont l’objectif était de dupliquer des êtres inondés par la Force.
Si The Mandalorian décide finalement d’officialiser cette partie relatée dans le roman Death Star de Michael Reaves et Steve Perry, alors le mignon bébé Yoda est destiné à devenir une arme de destruction massive entre les mains de l’Empire. Certains fans ont même déjà relié cette théorie aux origines de Rey, toujours inexpliquées à l’approche de L’Ascension de Skywalker.
En France, la première saison de The Mandalorian sera disponible dès le 31 mars 2020.