Embarquée par une Elizabeth Olsen saisissante de crédibilité, Sorry For Your Loss dépeint le deuil dans son plus simple appareil. Et ça fonctionne.
À voir aussi sur Konbini
À l’ère de l’instantané où la consommation frénétique de séries se démocratise, les plateformes de SVoD se multiplient et veulent toutes leur part du gâteau. En attendant qu’Apple fasse son arrivée fracassante dans le game, YouTube n’a pas attendu en produisant des fictions étonnantes de qualité, à l’image d’Impulse ou Youth & Consequences. Pour l’heure, c’est au tour de Facebook de se lancer la tête la première dans la production de contenus originaux : la preuve avec Sorry For Your Loss, drame existentiel qui évoque le cheminement pour aller de l’avant suite à la perte de l’être aimé.
Connue sous l’alias de Wanda Maximoff dans la franchise ciné Avengers, Elizabeth Olsen, révélée par Martha Marcy May Marlene en 2012, s’octroie ici un retour aux sources avec une production indé. À l’écran, elle prête ses traits à Leigh Shaw, une jeune trentenaire fraîchement veuve qui tente de surmonter la disparition brutale de son mari, ce qui la conduira inévitablement vers une douloureuse introspection. Bien qu’épaulée par sa mère, gérante d’une salle de fitness, et sa sœur, une ex-junkie qui remonte encore doucement la pente, Leigh va réaliser que se reconstruire risque d’être plus compliqué que prévu.
En cette rentrée automnale, les networks et interfaces de streaming semblent s’être passé le mot, faisant du deuil la thématique bouillante du moment. Entre Maniac, Kidding ou A Million Little Things, impossible de passer à côté de cette tendance. L’avantage, c’est que chacune de ces séries y va de sa propre interprétation, traitant le sujet de diverses manières. Dans le cas de Sorry For Your Loss, c’est avec un naturalisme inouï qui fait, étrangement, du bien.
Injustement cataloguée comme une émule de This Is Us – sauf que, spoiler, cette dernière n’a pas le monopole des séries sensibles –, la nouvelle production made in Facebook adopte une approche plus humaine, plus simple (dans le bon sens du terme). Au contraire de la série de Dan Fogelman, Sorry For Your Loss ne s’adonne pas à la manipulation émotionnelle. Pas de bande-son conçue pour nous faire pleurnicher, rien. On observe Elizabeth Olsen et le deuil que traverse son personnage : ni plus, ni moins.
Tout au long des quatre premiers épisodes, tous mis à dispo en même temps sur le réseau social, on rentre dans l’intimité de Leigh à travers sa frustration, son incrédulité, ses doutes en général. Pourquoi lui ? Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? C’est bien connu, le deuil est un processus long, divisible en étapes, dont la phase ultime est l’acceptation. Pour l’héroïne de Sorry For Your Loss, ce périple introspectif ne fait que débuter, tant la colère qui la ronge est omniprésente pour le moment.
D’un point de vue esthétique, la série de Kit Steinkellner (à qui on doit l’obscure Z: The Beginning of Everything) fait dans la simplicité, qui semble être le maître mot de l’œuvre dans son ensemble. Avec des couleurs épurées et beaucoup de plans en intérieur, on a l’impression de se trouver face à un film indé en compétition au festival de Sundance. Globalement, autant sur le fond que sur la forme, Sorry For Your Loss est cohérente, renforçant le réalisme – et, au bout du compte, l’impact – de son propos. Le deuil n’est pas sublimé, mais exposé.
Avec un pitch comme le sien, Sorry For Your Loss avait toutes les cartes en main pour nous délivrer un récit tire-larmes à la This Is Us. C’est un fait. Au lieu de ça, la série nous prend de court avec une humanité bienvenue, tirée vers le haut par une Elizabeth Olsen au summum de son jeu d’actrice, toute en nuances. Quand son personnage craquera, nous aussi : pas de doute là-dessus. Car si on aime Sorry For Your Loss, c’est pour son pouvoir cathartique, naturel et à échelle humaine.
La première saison de Sorry For Your Loss est disponible gratuitement sur la page Facebook de la série.