En attendant que Riverdale revienne après son hiatus le 31 mars prochain sur Netflix, Biiinge se charge de dresser un bilan de mi-saison.
À voir aussi sur Konbini
Arpenter les couloirs faiblement éclairés de Riverdale High, dévorer un burger confortablement installé sur une banquette chez Pop’s, assister à un match décisif des Bulldogs… voici la liste (non exhaustive) des choses qu’on aimerait faire dans la bourgade faussement idyllique de Riverdale. Après seulement sept épisodes, la série toute fraîche de la CW vient de franchir le cap de la mi-saison et s’en tire étonnamment bien. À tel point qu’on essaie de localiser Riverdale sur Google Maps pour y emménager illico. En plus, avec le meurtre de Jason Blossom, le prix de l’immobilier doit être carrément abordable.
Dans la lignée de son épisode introductif, Riverdale joue de ses archétypes initiaux et des clichés du genre pour les détourner, et progressivement s’en éloigner. Ne nous méprenons pas, la série demeure quoi qu’il advienne un teen drama avec des storylines déjà vues (grossesse adolescente, triangle amoureux). La différence avec bon nombre de ses pairs, c’est qu’elle assume cette facette et s’en sert pour se façonner une identité propre, sans jamais verser dans la parodie.
Vendue originellement comme une “version subversive” des Archie Comics, la série sort très rarement des sentiers battus. Or, quand elle le fait, ce n’est pas pour rien. Une flopée de sujets intéressants sont abordés de manière simpliste, mais avec tout de même une certaine justesse. Le slut-shaming, le traitement de la rivalité féminine… Riverdale a des choses à dire et, sans révolutionner quoi que ce soit, vient secouer des poncifs qui avaient bien besoin d’être dépoussiérés.
Par-dessus tout, le show est parvenu à instaurer une atmosphère atypique, notamment grâce à la construction de sa ville en elle-même. Plus qu’un lieu de vie, Riverdale possède sa propre identité. Sa grisaille omniprésente, ses pavés de maison faussement accueillants, son lac à la limite du mysticisme. Plus qu’une série pour ados, Riverdale c’est aussi et surtout une esthétique bien pensée. Vient s’ajouter à ça toute une galerie de personnages, principaux comme secondaires, contribuant au côté pittoresque de la série. Du scout extrémiste Dilton Doiley à la discrète Ethel Muggs, Riverdale peut se targuer d’avoir créé un microcosme rassurant qui donne envie d’y revenir et d’en apprendre constamment davantage.
Néanmoins, le show de Roberto Aguirre-Sacasa n’est pas sans défauts. Depuis ses débuts prometteurs, Riverdale jongle avec des intrigues clairement inégales. Là où Betty s’est graduellement imposée comme un personnage multidimensionnel captivant, d’autres peinent à nous passionner et viennent ternir ce bilan jusqu’ici favorable. Archie et, dans une moindre mesure, Josie sont pour le moment trop mal intégrés et paraissent superflus. On fera l’impasse sur une dénommée Miss Grundy tellement cette histoire tirait la série vers le bas.
Quant au meurtre de notre cher Jay B, sa résolution n’est pas près d’arriver tant cette trame, pourtant primordiale, peine à avancer. Pire encore, son développement demeure prévisible. Ce qui devait être un retournement de situation ultrachoquant prend au bout du compte l’apparence d’un pétard mouillé. Clairement, la série compte étirer au maximum son investigation, quitte à nous faire lever les yeux au ciel çà et là. Il s’agit surtout pour Riverdale de ne pas prendre modèle sur Pretty Little Liars, au risque de se perdre dans des intrigues alambiquées et interminables.
Mais l’heure est au pardon. Riverdale a ses imperfections, c’est un fait. Il n’empêche que la série possède ce petit je-ne-sais-quoi qui la rend irrémédiablement addictive. Ses répliques bourrées de références à la pop culture ? Sa bande-son enivrante ? Sa réalisation travaillée ? Peut-être un peu de tout ça. Reconduite pour une seconde salve d’épisodes, Riverdale a encore de beaux jours devant elle. Il n’y a plus qu’à espérer qu’elle puisse corriger ses erreurs et, tel un bon vin, s’améliorer avec l’âge. #RiverdaleStrong.