Après une saison 1 qui ne convainquait pas tout à fait, ce retour de Désenchantée est, comme on l’espérait, bien plus droit dans ses bottes, la série se montre plus confiante aussi. C’est la malédiction de bien des comédies dont les débuts sont souvent cavaliers, pour finalement confirmer l’essai en saison 2, comme si tout cela avait besoin de maturer, comme si ces séries avaient besoin de se trouver elles-mêmes.
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Les exemples les plus connus de ce sortilège sont Community et Parks and Recreation, dont la première année d’existence est parfaitement oubliable, tandis qu’elles sont devenues par la suite des membres à vie du TOP 50 des meilleures comédies de tous les temps. L’expérience de Matt Groening, le papa des Simpson, n’y aura rien changé, surtout si l’on considère le fait qu’il n’a pas créé de nouveaux personnages depuis vingt ans, avec la création de Futurama. Force est de constater, donc, que cette saison 2 témoigne d’une meilleure prise en main de l’univers qu’il a imaginé, et ça marche bien mieux, à quelques détails près.
Dans ces dix nouveaux épisodes, Bean va se jeter corps et âme dans sa quête d’indépendance. Un chemin, bien entendu, semé d’embûches et d’erreurs de jugement. Ces aventures viennent consolider une héroïne de plus en plus attachante, qui gagne en profondeur dans l’adversité. Sa relation compliquée avec son père, monarque envahissant et rétrograde qu’elle cherche à fuir, nous apparaît alors plus clairement. Un des épisodes, le quatrième, nous montre d’ailleurs le roi colérique sous un autre jour, plus tendre, plus vulnérable aussi.
© Netflix
Bean a des envies d’ailleurs, et ses aventures en terres inconnues redonnent un coup de boost à la série. On visite ainsi les Enfers et leur bureaucratie, mais aussi l’île de Maru, dont est originaire la mère de Bean — et qui est visiblement inspirée de Meereen dans Game of Thrones, ou encore Steamland, ville rêvée pour les fans de steampunk, propulsée dans le futur par les progrès de la mécanique et des sciences. Des changements de décors bienvenus et qui viennent étoffer considérablement la mythologie de la série.
Mais surtout, cette saison 2 a pour fil conducteur l’héritage maternel de Bean. On reprend l’histoire là où on l’avait laissée il y a un an : la princesse fuit avec sa mère, la reine Dagmar, laissant derrière elles Dreamland, frappée par un sortilège qui a pétrifié ses habitants. Malheureusement, cette storyline est réduite à la portion congrue : juste ce qu’il faut pour ouvrir et boucler la saison. Les éléments qui nourrissent cette histoire sont concentrés au début, puis dans les deux derniers épisodes nous laissant, comme en première partie, avec un sentiment de précipitation pour raccrocher les wagons. À sa décharge, c’est un exercice auquel Matt Groening n’a pas été confronté avec Les Simpson et Futurama qui ne fonctionnent pas sur un principe de sérialité.
Heureusement, entre les deux, Désenchantée maîtrise bien mieux ses intrigues “mineures” contenues dans un épisode. C’est dans ces “stand-alone”, qui ne s’inscrivent pas directement dans l’intrigue majeure de la série, que réside sa force. On pense par exemple au deuxième, “La Descente aux Enfers”, où Bean et Luci rendent visite à Satan en espérant ressusciter Elfo ; ou encore à l’épisode 4, “Le Cœur solitaire est un chasseur”, dont on parlait plus haut et où le roi Zøg tombe amoureux ; le huitième, “La Première jeune première”, voit Bean s’essayer au métier de scénariste et se heurter au sexisme du milieu théâtral ; et enfin le 9, “La Princesse électrique”, qui nous transporte dans une ville steampunk où Bean s’aventure sans ses habituels compagnons Elfo et Luci.
À l’instar des contes en forme de mise en garde de jeunes filles de la campagne voulant “monter à la capitale”, notre princesse aura d’abord les yeux grand écarquillés par ce choc culturel, mais se ravisera bien vite. Cette saison 2 de Désenchantée se poursuit donc sous de meilleurs auspices et, si les fans de Futurama auront un plaisir supplémentaire à découvrir les nombreux easter eggs, elle semble surtout avoir enfin trouvé son identité propre. On reviendra avec plaisir à Dreamland pour une saison 3.