Aux antipodes de nos chères productions US, Please Like Me est une petite série australienne qui mérite qu’on y jette un coup d’œil.
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Outre Margot Robbie et la fratrie Hemsworth, voici une nouvelle raison de tomber en amour avec cette terre lointaine qu’est l’Australie : Please Like Me. Dans la veine des dramédies existentielles de HBO (Girls, Looking et plus récemment Insecure), elle se se frotte à l’exercice de la tranche de vie générationnelle, avec des atmosphères et tonalités un brin différentes.
Là où les potes homos de Looking misent, sur fond sépia, sur le microcosme de San Francisco, la clique new-yorkaise de Lena Dunham préfère des relations imparfaites associées à une esthétique feutrée. Pour sa part, la sous-estimée Please Like Me a recours à certains poncifs du genre pour mieux les détourner. Le résultat s’avère décalé et immersif, à la limite de l’intime.
En (déjà) trois saisons, la série nous invite à suivre la vie de Josh, grande asperge à la tignasse blonde un tantinet awkward et égocentrique. Ses journées sont rythmées par les interactions avec son entourage haut en couleur : sa mère aux tendances dépressives, son père en pleine crise de la cinquantaine ou encore son colocataire Tom, très relax et accro à la gent féminine. Des personnages éclectiques, bourrés de qualités comme de défauts, qui ne sont pas sans rappeler… notre propre quotidien ?
Un portrait générationnel singulier
À l’image de Girls, Please Like Me est une œuvre irrémédiablement personnelle. Si Lena Dunham s’est investie à fond dans sa fiction câblée, c’est aussi le cas pour Josh Thomas et Thomas Ward, cocréateurs, coscénaristes et stars de leur premier bébé. Cerise sur le gâteau, ils sont meilleurs potes IRL. Leur implication sans faille depuis le lancement en 2013 contribue indéniablement au succès critique de la série. Car si elle n’est pas connue dans notre Hexagone, Please Like Me peut se targuer de collectionner les nominations dans son pays d’origine.
Et c’est mérité. La série fleure bon l’authenticité grâce à un humour souvent subtil, véhiculé par des répliques spontanées et empreintes de réalisme. De plus, Please Like Me fait preuve d’une modernité exemplaire en mettant en avant une amitié purement platonique entre deux mecs aux orientations sexuelles différentes. Josh est homo, Tom est hétéro. Pourtant, cela n’a aucun impact sur leur relation. Pas de gêne, pas de rejet. Le show sort des sentiers battus en présentant une banalisation de la sexualité qui fait du bien.
Quant aux scènes de sexe, bien plus ponctuelles que dans une production HBO (en même temps, ce n’est pas très compliqué, on ne va pas se mentir), elles ne sont jamais présentées d’une façon glamour ou idéalisée. Elles n’ont pas non plus vocation à choquer ou faire réagir, comme ce fut le cas avec un passage éjaculatoire très controversé dans Girls. Dans Please Like Me, le sexe peut être gênant, maladroit, réconfortant et parfois tout ça en même temps.
Un réalisme à toute épreuve
Please Like Me n’a pas froid aux yeux, c’est un fait. Anxiété sociale, célibat, pression parentale, avortement… Une foultitude de thématiques, délicates comme anecdotiques, sont abordées au fil des épisodes, avec beaucoup de naturel et de désinvolture. Pas de place au mélodrame et aux passages tire-larmes gratuits. Ici, on privilégie la simplicité : tout peut être discuté, sans gêne et surtout sans tomber dans le pathos facile.
À l’image de Hannah Horvath dans Girls, Josh entretient une relation particulièrement complexe avec ses parents. Sa mère est dépressive et victime de tendances suicidaires. Son père, lui, est un control freak névrotique atteint d’égocentrisme aigu. Fils unique, il est souvent confronté à des barrières communicationnelles avec l’un comme avec l’autre. S’ils ne se comprennent pas toujours, un respect profond existe entre eux.
Ce sentiment est d’autant plus palpable dans un épisode spécial, plutôt isolé de la continuité des autres épisodes du show. Mère et fils décident de se faire un trip en Tasmanie, camping et randonnée au programme. L’occasion pour ce duo hétéroclite de mettre les choses au point, de réellement parler et de s’écouter, sur fond de décors montagneux bluffants. Un instant touchant, un échange à cœur ouvert.
Dans Please Like Me, les carrières professionnelles ou universitaires sont reléguées au second plan, brièvement évoquées, pour favoriser le relationnel. Des conversations via Skype, des game nights improvisées, des soirées alcoolisées… Si la série réussit sans problème à traiter de sujets tabous avec subtilité, elle excelle aussi dans ces petits moments de vie anodins dans lesquels il est aisé de trouver ses marques.
Si l’on voulait taper dans la facilité, on pourrait dire que Please Like Me est un Girls édulcoré. Cependant, si l’on souhaite aller un peu plus loin, il faut reconnaître la série pour ce qu’elle est : une tranche de vie incroyablement personnelle avec des protagonistes imparfaits, mais humains. Ou bien une dramédie honnête avec des couleurs pastel et des dialogues décapants. L’un ou l’autre. Voire les deux. Clairement, les deux.
Les trois premières saisons de Please Like Me sont disponibles dès maintenant sur Netflix, tandis que la quatrième est en cours de diffusion sur ABC Australia depuis le 9 novembre.