Les plateformes se taillent la part du lion.
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Le concept de Peak TV a été théorisé en 2015 par John Landgraf, le boss de la chaîne FX. Il exprimait alors son inquiétude face à l’accroissement exponentiel de la production de séries, jugeant qu’il y en aurait bientôt trop pour que le public et les journalistes suivent ce rythme infernal. Trois ans plus tard, force est de constater que son expertise s’est révélée des plus pertinentes. Si le rythme a quelque peu ralenti (on était sur un accroissement de 7 % en moyenne, et cette année on est sur 2 %), comme le montrent les schémas et les chiffres sortis par la branche recherche de FX, le nombre de séries diffusées aux États-Unis a encore inexorablement augmenté, pour atteindre le chiffre de 495 séries originales scriptées.
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Signe des temps : pour la première fois de l’histoire, les plateformes de streaming, emmenées par la machine de guerre Netflix, qui fait face à une concurrence de plus en plus féroce (Hulu, Amazon, YouTube, Facebook Watch, bientôt Apple et Disney) ont diffusé plus de séries que les grandes chaînes américaines. Elles représentent 32 % des shows diffusés en 2018 sur le territoire américain, tandis que les networks et chaînes affiliées historiques (gratuites et disponibles par antenne) arrivent à 32 %. Pour vous faire un comparatif avec la France, c’est comme si les chaînes hertziennes (M6, TF1, France 2 & co) s’étaient fait supplanter par les plateformes de streaming en volume de diffusion de séries. Chez nous, cela paraît impossible tellement on en est loin. Si cela arrive, ce sera plus lent. Aux États-Unis, pays qui reste prescripteur en matière de tendances de consommation, c’est donc déjà le cas.
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Cela dit, ces données sont à relativiser, car si on additionne les chiffres des chaînes historiques et ceux du basic cable (plus de la moitié des Américains ont un abonnement par câble, qui leur permet d’accéder à d’autres chaînes américaines en plus des hertziennes comme CBS, ABC, etc.) qu’on pourrait comparer à nos chaînes de la TNT gratuites comme TMC ou W9, alors on arrive à 290 séries diffusées. Donc la télé américaine produit encore beaucoup de séries, mais (oui, il y a beaucoup de “mais” dans cet article) en même temps, elle est la seule qui voit sa courbe s’inverser. Les networks et le basic cable ont diffusé moins de séries que l’année passée. Cette diminution s’explique évidemment par la montée en puissance d’Internet, qui de toute façon, à terme, finira sans doute par supplanter complètement cette bonne vieille télévision.
On notera que les chiffres du câble payant (c’est-à-dire les chaînes comme FX ou HBO) restent quasi stables depuis 2017. Probablement parce que ces diffuseurs ont un modèle économique bien installé et savent donc comment produire des séries et être rentable.
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Les arrivées d’Apple, Disney+ et AT&T-Time Warner, vont forcément continuer à faire pencher la balance du côté des plateformes, comme l’expliquait John Landgraf en septembre dernier. Il faudra encore en passer par quelques années de Peak TV pour nous faire enfin atteindre ce fameux “pic” espéré, avant que la production de contenu sériel ne redescende et que l’on puisse dormir la nuit au lieu de tenter de rattraper des séries.