Quand deux amies, qui ne s’appellent pas Mary et Jane, se lancent dans la revente de cannabis médicinal dans un Los Angeles de carte postale, ça donne une satire un peu pataude qui manque le coche.
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Quand le rappeur Snoop Dogg, fer de lance de la légalisation du cannabis aux États-Unis, s’est lancé dans la production d’une comédie pour MTV, sur la weed bien sûr (what else ?), on ne s’attendait pas forcément à un monument de finesse. Mary + Jane, showrunnée par Deborah Kaplan et Harry Elfont, a sérieusement besoin de revoir la qualité du produit.
Les millennials dans le viseur
Oubliez les gangs et le trafic de drogue qui gangrènent certains quartiers de Los Angeles. Ici, la jeunesse est insouciante mais green, déteste les conventions mais contribue à la gentrification, n’aime pas les uniformes mais se vautre dans le style de vie hipster.
Jordan (Scout Durwood) et Paige (Jessica Rothe), auto-entrepreneuses pleines d’avenir, se sont lancées dans le business et la livraison de weed à domicile. Attention, ce ne sont pas des dealeuses, comme elles s’efforcent de le rappeler, mais des revendeuses certifiées de marijuana médicinale. Nuance.
Dans leur monde, certaines règles font sens — on ne couche pas avec un client ! —, d’autres beaucoup moins. Les voici donc en train de contempler cette jeunesse, la leur, qui part en couille tout en faisant la queue devant un café concept qui ne vend pas de café et ne sert que des toasts grillés hors de prix.
Cette satire, qui vise en premier lieu les millennials, est un peu trop convenue et mollassonne pour envoyer valser ce qu’elle dénonce. C’est pourtant son meilleur atout. Car la weed, présente jusque dans le titre (Mary + Jane, qui renvoie au petit nom donné à la marijuana, est aussi le nom de leur petite entreprise de services), n’est finalement pas très présente dans la série. Ou du moins, quand elle l’est, c’est… poussif.
Passe, passe le oinj
Une comédie sur le cannabis, avec deux revendeuses pour héroïnes, ça promettait, au minimum, quelques trips enfumés. À l’instar de Snoop Dogg, on s’imaginait déjà nos deux protagonistes avec les yeux injectés de sang, ricanant et philosophant sur l’avenir dans une chambre enfumée.
Il n’en sera rien. Les filles sont même plutôt une bonne surprise, pleines de bon sens, visiblement complices bien que très différentes. Parmi les rares moments de fumette, Mary + Jane nous offre, dans le pilote, un aperçu plutôt consternant de son sens de l’humour sous influence.
On va tenter d’oublier le chien qui parle, sous forme de sous-titres qui révèlent d’ailleurs son attirance sexuelle pour Paige… (oui), ou ce moment gênant où Jordan se rend chez un client, dans une somptueuse demeure, et découvre qu’elle est chez Brad Pitt et Angelina Jolie. Enfin… ce qu’elle voit, elle, après avoir vapoté sa beuh, c’est une dinde avec un béret et un squelette emperruqué au lit.
L’excuse de la défonce a quand même ses limites, surtout si l’on regarde la comédie en étant sobre. Soit c’est too much, soit c’est trop timide. Dans les deux cas, il va falloir choisir son camp au risque de passer pour un 2 Broke Girls sans le trash, ou, pire encore, un sous-Broad City sans la moindre audace.
Mary + Jane porte finalement un regard très convenu sur la société dans laquelle elle évolue et, paradoxalement, c’est quand elle ne nous parle pas de marijiuana et de ses effets que la “buddy comedy” de filles séduit le plus. Mais en pleine ère de la Peak TV, il va falloir que Mary + Jane arrête de tergiverser et assume à fond ses délires enfumés.