En 1998, le réalisateur japonais Takashi Shimizu terrorisait les spectateurs japonais avec l’anthologie de courts-métrages Gakkō no kaidan G, qui devint plus tard la saga Ju-On. En Occident, on connaît principalement le remake américain, rebaptisé The Grudge, débuté en 2004 et qui a connu deux suites plus ou moins réussies. Absente des écrans nippons depuis plus de six ans, la franchise a finalement eu droit à un nouvel opus sous la forme d’un préquel en série grâce à Netflix, qui propose la série Ju-On: Origins depuis le 3 juillet.
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Le show se passe à différentes époques de l’histoire, avec un seul lien en commun : une maison sinistre et abandonnée, où a eu lieu un double meurtre violent il y a quelques années. Que ce soit de nos jours ou dans les années 1980, plusieurs familles sont affectées après avoir été en contact avec la demeure maudite. Entre des apparitions suspectes et des situations troublantes, les victimes de la malédiction se multiplient alors que Yasuo, un chasseur d’affaires paranormales, commence à se pencher sur la question et remonter la trace des origines du premier massacre.
Le labyrinthe de Ju-On
Ⓒ Netflix
Ju-On: Origins annonce la couleur dès le début de la série avec le fameux panneau : “Cette histoire est tirée de faits réels”. Une mise en abyme intrigante, qui casse le quatrième mur en évoquant par la suite les films de la franchise, puis en les traitant presque de charlatans. Rapidement, on comprend que l’intrigue se déroule sur deux décennies, alors que le destin de plusieurs personnages se croise avec comme point de ralliement la maison hantée. Les nouveaux arrivants, qui ignorent tout de Ju-On, voire de The Grudge, risquent bien de se perdre dans ce labyrinthe narratif.
En effet, la série de Netflix fait régulièrement appel aux souvenirs des fans de la saga japonaise. Autant dans le style que dans les références directes au film, l’histoire de Ju-On: Origins est assez cryptique, renforcée par la sensation d’ellipses fréquentes et finalement, assez frustrantes. Après quelques épisodes, il est difficile de comprendre le lien entre la lycéenne Kiyomi, l’actrice Haruka et le chasseur Yasuo. De même, la mythologie de la franchise peut paraître obscure, sachant que c’est la malédiction et non les fantômes qui poursuit les victimes.
Ⓒ Netflix
En termes d’horreur et de frissons, le show puise là aussi ses références dans la version nippone. Exit les jump scares et les screamers pop-corn, le réalisateur Sho Miyake préfère la contemplation pour instaurer une atmosphère malaisante, à l’aide d’une caméra qu’on pourrait presque décrire comme pernicieuse. Elle se fait le témoin de situations dérangeantes et choquantes, dont une représentation très graphique de la violence faite aux femmes et aux enfants (viols, passages à tabac, violences domestiques). À travers ces plans cauchemardesques, Ju-On: Origins remet au centre de l’intrigue la monstruosité des humains et l’aspect revanchard des fantômes, des esprits traumatisés prêts à déverser leur haine sur des pervers et des psychopathes.
Si elle n’abuse pas des effets d’hémoglobine, la série reste finalement sordide, suffisamment pour nous tenir en haleine sur six épisodes de trente minutes. Elle s’attarde à décrypter les origines de la malédiction et tient donc la promesse de son sujet. Le show préserve également l’acting très théâtral de la culture japonaise, à travers des meurtres aussi grotesques que terrifiants. Les visages déformés et pétrifiés par les fantômes sont évidemment présents, tout comme les silhouettes troublantes qui surgissent en arrière-plan, héritées du “Kaidan-eiga” (Kaïro, La Forêt de Mogari, Dark Water…).
Difficile de dire si Ju-On: Origins pourra vraiment trouver son public en Europe. La série n’a pas réussi à se glisser dans le top 10 très révélateur de Netflix, contrairement aux dernières nouveautés de ce début du mois de juillet. Elle n’est pas vraiment aidée par les résultats médiocres du reboot de The Grudge, sorti plus tôt dans l’année au cinéma. Pour une histoire de fantômes aussi émouvante qu’effrayante, la plateforme de streaming peut déjà compter sur son chef-d’œuvre The Haunting of Hill House, dont les codes cinématographiques sont (malheureusement) bien plus accessibles que ceux de l’horreur japonaise des années 1990.
La première saison de Ju-On: Origins est disponible en intégralité sur Netflix.