Marvel’s Iron Fist, une série qui cherche son chi

Marvel’s Iron Fist, une série qui cherche son chi

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Marvel’s Iron Fist

Pas facile de passer après les petits copains… Série la plus légère de la collaboration entre Netflix et La Maison des Idées, Marvel’s Iron Fist pâtit de la comparaison avec ses aînées. 

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Après Daredevil, Jessica Jones et Luke Cage, voici venir le 4e justicier des futurs Defenders, le plus jeune de tous, Danny Rand, aka Iron Fist. Le jeune homme possède une origin story qui n’est pas sans évoquer un Batman ou un Arrow. Déclaré mort après le crash d’un avion avec ses parents, il a été secouru par des moines guerriers, qui lui ont enseigné à la dure leur savoir dans la mystérieuse cité de K’un-L’un. Il a ainsi appris à concentrer son chi (un concept de la culture asiatique qui correspond, en gros, à l’énergie vitale) dans ses poings, et est devenu l’Iron Fist, seul homme capable d’affronter La Main.

15 ans après sa disparition, le jeune homme de 25 ans revient finalement à New York, espérant retrouver ses amis d’enfance, Ward et Joy Meachum (Tom Pelphrey et Jessica Stroup) ainsi que leur père, Harold, avec lequel le père de Danny a fondé la firme Rand Enterprises. Son retour sera plus compliqué que prévu, mais il trouvera une aide inattendue en la personne de Colleen Wing, une jeune femme experte en arts martiaux.

Voilà pour le pitch de cette nouvelle série, adaptée librement des comics éponymes, parus pour la première fois dans les années 1970. Le justicier se distingue clairement des précédents vigilantes, plus adultes et cabossés par la vie, par son âge mais aussi par la façon dont le showrunner Scott Buck a décidé de le traiter. Car après tout, il y avait matière à une série sombre : Danny souffre, comme Jessica Jones mais pour une autre raison, de stress post-traumatique. Il a assisté à la mort en direct de ses parents, puis a subi une initiation particulièrement violente auprès des moines guerriers. C’est d’ailleurs ce que lui dit le personnage de Joy après avoir écouté son histoire : “Ça ressemble à de la maltraitance.

Changement de cap

Si on comprend que l’histoire du blanc privilégié qui maîtrise mieux les arts martiaux que quiconque et est une sorte d’élu contre le mal puisse hérisser le poil en 2017, Iron Fist contient en germe des thématiques intéressantes, comme une critique bien sentie de la société de consommation. Mais au lieu d’appliquer au justicier le traitement adulte qui a fait le succès des précédentes séries Marvel-Netflix, Buck et ses scénaristes semblent avoir opté pour un entre-deux qui ne se révèle pas satisfaisant.

Le show évoque les sujets importants en restant très en surface, privilégiant une intrigue somme toute très classique pour une série de super-héros, et allongeant inutilement certaines scènes entre Danny et ses “vrai-faux” amis, Joy et Ward. On notera aussi que les flash-back, répétitifs, auraient pu être mieux utilisés. Contrairement à Arrow, il ne font pas avancer (dans les premiers épisodes en tout cas) l’intrigue et ont tendance à alourdir l’ensemble.

Les personnages secondaires manquent de nuances et sont desservis par des dialogues peu folichons. On se réjouit en revanche du passage de Carrie-Anne Moss et Rosario Dawson dans la série, qui incarnent respectivement l’avocate retorse Jeri Hogarth et l’infirmière dévouée Claire Temple. Autre point positif côté casting : l’excellent choix de Jessica Henwick, qui incarne la badass Colleen Wing, experte en arts martiaux qui tient son propre dojo et dont le chemin va croiser celui de Danny Rand. L’alchimie fonctionne bien entre les deux. L’actrice possède un coup de pied aiguisé, un charisme et un jeu naturel qui font tout de suite la différence. On ne s’étonnera pas qu’en dépit de son jeune âge, 24 ans, elle soit déjà passée par les blockbusters Game of Thrones et Star Wars. 

Tout n’est donc pas à jeter dans Marvel’s Iron Fist, qui reste un honnête divertissement, mais les critiques violentes de ces derniers jours le prouvent aussi : on s’attendait à mieux de la part d’un duo − Marvel et Netflix − qui a su dépoussiérer le genre super-héroïque, en s’éloignant aussi bien du traitement plus ado des shows à la Smallville (aujourd’hui, le Berlantiverse a pris le relais avec The Flash, Arrow, Supergirl et Legends of Tomorrow) que du ton pop-corn de la franchise Avengers. La plateforme américaine et la firme de comics ont su creuser une approche du genre amorcée par le concurrent The Dark Knight. 

Libre de toute censure, les showrunners ont alors pu s’attaquer à des vraies questions de société − le port des armes aux États-Unis, le féminisme, le consentement, la condition des Afros-Américains, le mouvement Black Lives Matter, etc. −, construire des univers sombres et brosser des personnages complexes. Iron Fist ne possède malheureusement pas cette profondeur.

La série a donc des chances d’attirer un public plus large, à la recherche d’un divertissement pas prise de tête. Elle risque en revanche de décevoir les amateurs des précédents Defenders. Reste à savoir si on vient d’assister à un tournant qualitatif ou à une baisse de régime que la mini-série attendue, Marvel’s The Defenders, viendra corriger.

L’intégralité de la première saison de Marvel’s Iron Fist est en ligne sur Netflix depuis le 17 mars.